With a twist
Nous avons déjà eu l’occasion de dire tout le bien que nous pensons de la jeune maison Artling, justement créée pour permettre aux amateurs de British style parisiens de satisfaire leur goût pour les contre-carreaux flashy, les gilets colorés et les accessoires transgressifs (1) sans avoir à prendre l’Eurostar.
Il est à ce propos intéressant de notre que notre spécialité ne compte pas moins de deux ex-golden boys ayant décidé de sauter le pas après la chute de Lehman Brothers pour se lancer dans une aventure dictée par la passion du beau et de l’élégance plus que par celle, certes infiniment plus rémunératrice mais moins valorisante, de l’argent gagné à jongler avec les côtes des marchés plutôt que participer au développement de ceux-ci.
En 2009 et alors que tout l’Occident commence à payer le choix d’Henry Paulson (2), Martial Arnaud abandonne son premier métier pour suivre une formation auprès de la Chambre syndicale des Maîtres Tailleurs puis s’impose un tour des petits ateliers et tisseurs anglais et italiens avant de lancer Artling. Son crédo est très précis : proposer une demi-mesure et des accessoires associant le style classique français et le British style. Et ça marche : en quelques mois la petite boutique de la rue du Dragon séduit et fidélise la clientèle bobo du quartier puis, par la magie du bouche-à-oreille, commence à rayonner dans les quartiers chic de la capitale et de ses banlieues. « Impossible pour l’amateur de trouver à Paris une jolie pochette, de belles bretelles ou des armbands », nous confiait-il l’année dernière. Artling pallie à cette lacune et s’en porte bien, à tel point que Arnaud affirme aujourd’hui que ce sont ces différents accessoires qui lui ont permis d’accélérer la réputation de la maison, nombre de clients aujourd’hui fidèles étant venus pour acheter ceux-ci avant de s’aviser de l’existence d’une demi-mesure bien pensée.
(1) : lire Dandy n° 55, avril 2015.
(2) : secrétaire du Trésor des Etats-Unis lors de la chute de Lehman brothers, celui-ci a choisi de sacrifier cette dernière pour des raisons très discutées (ancien président de la banque concurrente Goldman Sachs, il aurait disposé à cette époque et à titre personnel d’importantes stock-options auprès d’elle, et non content d’avoir condamné Lehman « pour l’exemple », aurait de surcroît enrichi Goldman à travers le « Plan Paulson » de sauvetage de l’économie américaine : coup double !).
LEGENDES PHOTOS :
Les carreaux fenêtre constituent une audace à laquelle le public français reste majoritairement frileux, alors que les élégants anglais savent la personnalité qu’ils peuvent donner à une silhouette. Sans parler du gilet croisé à revers…
La veste transalpine, à col officier, poches plaquées et boutonnières gansées de peau : superbe.
Tissu pied de poule mais coupe fitée, gilet droit à revers, doublures imprimées, bas de pantalons à fente : le costume très classique se voit relevé d’un sacré twist de modernité.
Gros carreaux d’accord, et gilet à revers peut-être, mais aussi surtout une dominante violet typiquement british pour ce costume de laine. Tout de même moins triste que nos sempiternels costumes gris, non ?…
En Casentino, une laine bouillie importée d’Italie où elle fut beaucoup utilisée au début du XXème siècle par les cochers pour leurs manteaux spectaculaire de teinte orange, la veste sport Artling, qui se distingue par ses poches et pochette plaquées, ses poignets de chemise et sa martingale cousue, s’inscrit dans une perspective très casual chic. Elle est proposée en une quinzaine de couleurs.
Ascots de soie sauvage noués à la Brummel ou véritables nœuds papillon en piqué de coton : Artling a même de quoi satisfaire les plus élégants parmi les puristes.
Le bonheur à petit prix. La maison offre un large choix de pochettes qui permettra d’enlever n’importe quel costume.
La maison de fait pas mystère de son inspiration : l’Union Jack figure en bonne place dans la boutique.