Infiniti M37 : une vraie alternative
Le principal handicap des impétrants est l’image de marque, déterminante sur un créneau nettement statutaire. Difficile d’affronter Audi, BMW et Mercedes sur leur pré carré. Jaguar a réussi à tirer son épingle du jeu, Lexus peine encore à transformer l’essai. Arrivé l’année dernière sur le marché français, Infiniti souffre du même manque de reconnaissance que sa compatriote, implantée dans l’Hexagone une dizaine d’années avant elle et toujours en quête d’image. La marque de luxe de Nissan peut néanmoins compter sur un positionnement conçu pour séduire la clientèle des CSP+. Modèles luxueux et discrètement décalés, services personnalisés et tarifs concurrentiels lui permettent de constituer une alternative intéressante pour tous ceux qui ne souhaitent pas se fondre dans le moule. Fleuron de la gamme, la série M arrive sur le marché avec de sérieux arguments. Nous l’avons essayée pour vous.
Il y a d’abord sa ligne, contemporaine, fluide et nerveuse. Plus sculptée qu’une Audi A6 et plus fine qu’une Mercedes E, en terme de style seule la BMW 5’ lui fait concurrence. Les fidèles de la marque retrouvent la calandre et les optiques oblongues caractéristiques de la maison, pour le reste nous avons affaire à une berline tri-corps de près de 5 mètres de long, un beau vaisseau. L’habitacle, ensuite, annonce d’emblée la couleur : spacieux, il est particulièrement bien fini et supporte sans complexe toutes les comparaisons. Le tableau de bord présente lui aussi un dessin et une ergonomie convaincants. Le pupitre de console centrale propre à tous les modèles de la marque a été redessiné dans un style plus souple, et s’intègre à une planche de bord elle aussi en lignes douces, pour former un bel ensemble. Un seul regret : seule la visière face au conducteur a droit à un habillage de cuir, le reste du tableau utilisant un beau thermo-moussé, aussi agréable au regard qu’au toucher. Ceci ne constitue certes pas un handicap face à ses rivales germaniques logées à la même enseigne, mais une vraie alternative.
Contemporaine et luxueuse
Pour le reste c’est carton plein : le bois précieux, les placages d’aluminium, les finitions irréprochables et l’équipement pléthorique respirent fort le haut de gamme. De façon évidente, la M37 fait partie de ces autos à la conception récente, pour lesquelles la notion de « voiture à vivre » (cela vous rappelle quelque chose ?) a pris le pas sur les autres considérations. Ainsi parmi les multiples détails qui participent du bien-être à bord relevons les superbes boiseries vernies (une finition laquée black piano pour la version S, et pour la GT du frêne vernis poli à la poudre d’argent, donnant à la surface un chatoiement très cossu) ; l’affichage 3D de la navigation, qui intègre jusqu’aux immeubles et même aux arbres, sur certaines avenues !) ; les chanfreins d’alu autour des boiseries, qui soulignent le niveau de raffinement des finitions ; les sièges cuir chauffants et rafraîchissants et une hifi Bose remarquable, intégrant 16 haut-parleurs dont quatre installés en haut des dossiers de sièges avant, qui permettent un staging parfait, alors qu’ils permettaient de craindre une certaine agressivité sonore. Objectivement, seule l’installation Bang & Olufsen des Aston et Audi A8 (option à 8000 € dans ce dernier cas) nous paraît aujourd’hui supérieure à celle de la M37.
Au volant
On retrouve avec plaisir le son clair et feutré caractéristique du V6, déjà connu sous les capots des EX et FX, ainsi que ses bonnes manières. Ses 360 Nm de couple maxi lui procurent une souplesse satisfaisante, efficacement secondée par l’excellente boîte automatique, qui égrène ses 7 rapports en douceur. Mention particulière pour les palettes au volant, qui permettent de réduire encore le temps de réaction de la boîte. Elles sont accessoirement très jolies, ressemblant fort à celles de la Maserati Gran Turismo, excusez du peu. Très à l’aise en ville, la M37 sait aussi accélérer le rythme et supporte d’être un peu chahutée sur un tracé sinueux, grâce à des liaisons au sol rigoureuses et un amortissement efficace. Mais son véritable domaine est le cruising, qui lui permet d’étaler une grande douceur de fonctionnement. Primordiale sur une voiture de ce statut, l’insonorisation est soignée, mais nous devons à la vérité de dire que nous attendions un résultat plus spectaculaire de la part du système de contrôle actif du bruit, qui élimine les basses fréquences du moteur. Sans doute espérions-nous trop : la M37 est aussi silencieuse qu’une Jaguar ou une Mercedes mais n’atteint pas l’insonorisation exemplaire d’une Lexus 600 ou d’une Rolls (certes de tarifs incomparables) dont l’approche technique d’Infiniti nous avait amenés à rêver.
Notre dernière remarque concerne la consommation, plutôt élevée pour la catégorie puisque même en roulant pied léger nous avons enregistré un bon 14 l/100 km en usage mixte. La version full hybrid annoncée pour les prochains mois permettra de réduire les consommations tout en améliorant les performances (374 ch).
En attendant, cette M37 s’impose comme une vraie réussite, qui peut supporter sans crainte la comparaison avec les références allemandes auxquelles elle oppose une personnalité bien affirmée et l’occasion de rouler différemment. Un vrai luxe en soi, par les temps qui courent.
L’Infiniti M37 en deux mots
Moteur : V6 essence
Cylindrée : 3696 cm3
Puissance : max 320 ch/7000 trs
Couple maxi : 360 Nm/5200 trs
Transmission : bva 7
Dimensions : 4,94 x 1,84 x 1,50 m
Poids : 1765 kg
Vit. maxi : 250 km/h – 0 à 100 km/h 6,2 sec.
Conso moy. essai 14,2 l./100 km