Un vigneron hors normes
Fils de négociant en vins, Pascal Jolivet avait un avenir tout tracé : il serait également négociant. Mais s’éloignant d’une voie toute tracée, il choisit de faire ses armes par lui-même en reprenant dès 1982 une petite société de négoce étrangère au giron familial : « Les Grands Vins du Val de Loire », à Pouilly-sur-Loire.
Mais lorsque s’en présente l’opportunité, dix ans plus tard, il ne laisse pas passer l’occasion de devenir vigneron en rachetant un vignoble à ses cousins : huit hectares de parcelles sur les meilleures terres du village de Bué : le Chêne Marchand, le Grand Chemarin et La Bondenotte.
Depuis cette entrée dans le monde des vignerons, Pascal Jolivet n’a cessé d’agrandir son vignoble en profitant des opportunités qui se sont présentées. Il dispose aujourd’hui de 60 hectares sur les appellations Sancerre et Pouilly Fumé, la dernière acquisition parcellaire du domaine étant Le Roc, ausol 100% silex sur la Commune de Saint-Satur.
Culture biologique
Depuis quelques années, Pascal Jolivet a entendu revenir à des méthodes de culture plus authentiques, et a commencé dès 2008 à orienter son vignoble vers une culture biologique.
C’est dans cet état d’esprit qu’il a procédé à une sélection massale sur les parcelles du Clos du Roy, du Chêne Marchand et dans d’autres vieilles vignes du domaine, afin de conserver la diversité ancestrale du sauvignon et de garantir une large diversité des arômes, nous précise Yannick Cadiou, régisseur de la maison. La même vision de son métier l’amène à créer des fosses pédologiques pour étudier les profils d’enracinement respectifs et le comportement du sol racinaire. C’est donc un euphémisme que de dire que Pascal Jolivet a la passion de la vigne et du sauvignon en particulier. L’homme sait que ce cépage est fantasque et particulièrement indocile, et qu’il doit être dompté pour paradoxalement affirmer sa vraie personnalité.
Il nous confie : « Sans discipline, le sauvignon se laisse facilement aller, seul le terroir peut le sublimer. Et les terres calcaires de Sancerre et de Pouilly-sur- Loire apparaissent les meilleures du monde à cet effet ». Ressortent de cette discipline imposée par le terroir et le vigneron, des cuvées très intéressantes issues d’un subtil mariage des différents types de terroirs (le calcaire, le silex et l’argile), toujours très élégantes, fraiches et minérales, qui laissent un palais parfaitement net.
Les parcelles Caillottes, Clos du Roy, Sauvage, Indigène et Exception, que nous avons dégustées pour vous, en sont une parfaite illustration.
Pouilly Fumé Indigène 2011
Des vieilles vignes du village de Tracy et un sol de silex forgent le caractère entier de ce blanc dont le nom fait référence aux levures locales. Son nez évoque la pierre à fusil avec des notes fumées, de miel, d’herbes et d’agrumes. La matière se fait tendre et profonde en dessinant un fruité friand et solaire, l’harmonie se met en place puis le vin conclut sur une fin de bouche marquée par une touche d’amertume qui vient renforcer sa complexité.
Sancerre blanc Le Chêne Marchand 2012
Une petite vigne argilo-calcaire de 1,02 hectare située sur l’un des terroirs de Sancerre forge la personnalité de ce blanc qui se présente avec un nez exubérant mariant les agrumes et la minéralité. Une matière dodue, une richesse certaine, du gras, de la fraîcheur et de l’élégance composent la personnalité de ce sauvignon bien dompté par un grand terroir.
Sancerre blanc Clos du Roy 2012
Située plus haut que les Caillottes, une vigne de 1,5 hectare produit ce blanc qui révèle des arômes de pamplemousse, d’agrumes et de fruits blancs. L’attaque se fait opulente, la matière s’arrondit, proposant son âme onctueuse et sa générosité avant de poursuivre par une finale longue et savoureuse réveillée par une jolie pointe d’amertume.