Un Premier jour à Venise
Je me suis posé non loin de la gare, un soir de mars, en un magnifique palazzo restauré sur le Grand Canal. Le manque de proximité avec les hauts lieux touristiques me satisfaisait pleinement. Mes valises en lieu sûr, je me mettais en quête de premières émotions, partais à la nuit tombée en ces ruelles faiblement éclairées, en quête d’un dîner. Le son du vaporetto moins perceptible maintenant, le bruit des pas, les voix, les accents chantants m’envahissaient, j’avais quitté la terre. Le repas vite avalé, déjà en quête de premiers clichés je me suis enfoncé plus avant dans la nuit, en ces quartiers, de placette en place, au point de n’en plus retrouver mon chemin, et me laissais finalement guider par le «alla ferrovia». Je rentrais fort tard, la tête pleine de ces premières images. La proximité de ma chambre avec le Grand Canal me permit un réveil fort matinal, tant l’activité d’approvisionnement est grande avant même les premières lueurs du jour. Belle opportunité de capter ces premières lueurs matinales, fendant les ruelles, lêchant les murs, la brique, érodés par le temps.
Je partais ainsi à pieds, fuyant le vaporetto pour plus avant explorer ces vias, piazzas, et m’imprégner de la vie vénitienne en son sein. Découvrir échoppes, petits commerces de produits frais, arrivés ici comme par enchantement, découvrir là un sérigraphe, plus loin un petit atelier de relieur, l’odeur mélangée du papier et du cuir. Au fil de mes prises de vue retrouver le Grand Canal au Rialto, le marché aux poissons, l’ambiance assourdissante de l’activité du canal, la pleine lumière, traverser, flâner sur les quais, prendre le temps d’un déjeuner en compagnie des moineaux.
Le Rialto passé, l’architecture se fait plus puissante, les places plus importantes. Contourner les parcours principaux est un pur plaisir, fait de découvertes, de vues surprenantes, se laisser aller à se perdre de lieu en lieu, plein les yeux. Je vous invite à rejoindre ainsi le pont de l’Accademia et vous offrir cette magnifique vue vers la Salute, la pointe de la douane en fin d’après-midi. Traversez vers le Dorsoduro, rejoignez la Salute en longeant le Guggenheim pour enfin, depuis la pointe de la douane de mer, apercevoir le Campanile, le Palazzo Ducale, au loin l’Arsenal, le site de la Biennale et face à San Marco : la Giudecca, San Giorgio. En une station de vaporetto vous serez posé sur la place. Cloches, cris, mouvement, saoul de vos pérégrinations, les magnifiques façades en la place ne pourront que vous ravir en ces magnifiques lueurs rosées de fin de journée, heure où la place va doucement se vider… Prendre le temps de dessiner.
Vous attendrez les premiers signes de la nuit pour rejoindre ce bar à vins que vous avez repéré, quelques clichés entre chien et loup avant de déguster l’un de ces vins puissants et magnifiques, accompagné d’un jambon de parme aux copeaux de truffe. Plus tard, quelques pas, puis le grincement des cordages, le bruit sourd du moteur, la douceur du déplacement de l’eau… Tous ces palais élégamment éclairés, tant de lieux non encore explorés… Le vaporetto, désert à cette heure, se charge de vous raccompagner.