Un ouvrage original sur l’histoire des plus beaux corbillards
Tractés par des chevaux caparaçonnés, propulsés par des moteurs électriques ou thermiques de toutes les tailles, de toutes les classes, décorés de tentures et de toutes sortes d'ornements imaginables, les véhicules funéraires sont innombrables. Certains transportent les familles, d'autres, à usage mixte, ne transportent pas toujours de corps. Au fil de cette chronologie illustrée de près de quatre cent cinquante documents inédits, découvrez en prélude l'histoire du mot « corbillard », avec les modèles hippomobiles dominants pendant des siècles, ainsi que l'histoire des corbillards électriques puis à essence, des années 1900 jusqu'aux années 1980, en France, en Europe et en Amérique. Renault, Peugeot, Citroën et d'autres marques disparues laisseront quelques chefs-d’œuvre avec des carrossiers tels que Frappa, Currus, Ducarme, Fontaine, Georjon, Faurax, Arnault, etc. En Europe, aussi bien sur base d'Austin, Ford, Fiat, Skoda, Hispano Suiza, Rolls?Royce, Volkswagen ou Mercedes de nombreux carrossiers imposeront des styles funéraires très différents. Dans cet ouvrage sont évoqués aussi les « carved panel » d'avant guerre, les limousines, les landaus, les « flower?car », réalisés, entre autres, sur Buick, Chrysler, Packard, Studebaker et, bien sûr, sur Cadillac !
Un livre qui comme ces véhicules est impressionnant et amène à des commentaires positifs et admiratifs pour l’auteur. On sent à travers cette plongée dans l’univers des corbillards que ce livre est plus qu’un simple catalogue, il se veut spirituel. Aussi, on peut souligner l’effort de l’auteur à s’être attelé à un bel effort d’écriture.
Enfin, nous avons eu la chance de rencontrer l'auteur et de passer un moment agréable.
Dandy Magazine
Nous devons reconnaître que nous avons été tout simplement captivés par votre récit ! Ce livre n'est pas votre premier ouvrage, semble-t-il ?
Ivan Lavallade
Non, en effet, j'avais déjà publié, également à ETAI, « Le Citroën U23 de mon père », en 2008, un livre lui aussi inédit, exclusivement consacré à l'histoire d'un certain de type de camion Citroën, le Type 23, qui fut surnommé « U23 ».
Qu'est-ce donc que « l'U23 »?
Un sous-marin allemand très meurtrier de la Seconde Guerre mondiale…
Et le lien entre un camion Citroën et un sous-marin allemand ?
Cette ancienne histoire de sous-marin fut occultée par l'adoption du surnom « U23 », après 1945, pour désigner un petit camion Citroën de moyen tonnage, équipé du révolutionnaire moteur de la « Traction Avant », qui était déjà célèbre pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce camion fut développé sous l'Occupation et son succès fut phénoménal dès sa reprise de production en 1945, jusqu'en 1969.
L'U23 a la particularité d'avoir été carrossé de mille et une façon, à l'instar des véhicules qui n'ont presque pas changé de forme du début à la fin (comme la 2CV ou la Coccinelle), d'où son histoire fort complexe et d'où une image assez mal définie dans l'empreinte des mémoires, histoire que je suis efforcé de mettre en lumière sur 120 pages dans « Le citroën U23 de mon père ».
Cette année, c'est une monographie de 180 pages sur l'histoire des corbillards que je viens de faire éditer à ETAI. Pour l'anecdote, c'est encore un châssis d'U23 qui se cache sous l'extravagant corbillard en couverture, vous voyez donc qu'il y a un fil conducteur entre mes ouvrages et mes ouvrages à venir…
Nous l'avons souvent dit et répété : il fallait tout de même de l'audace pour traiter un sujet pareil : tous les corbillards du monde entier, depuis le Moyen Age jusqu'aux années 1980 ?
Vous avez, en 450 documents, je ne pouvais faire en réalité qu'un petit résumé de l'histoire des corbillards, tant leur histoire est vaste. Dans l'état actuel de mes recherches, je puis affirmer aujourd'hui qu'il y eut au moins plusieurs milliers de carrossiers constructeurs de corbillards, dont énormément de petits artisans locaux. Dans le livre, j'évoque une succession de modèles les plus exhaustifs et en intermèdes, je développe certains modèles célèbres de façon plus détaillée, comme les réalisations sur bases de Peugeot D3 et D4, Estafette Renault, U23 Citroën et Cadillac.
Comment avez-vous trouvé la motivation pour un tel projet ? Travaillez-vous dans le funéraire ?
Non, pas du tout. D'abord, je suis très imprégné de l'histoire de la locomotion. Ensuite, j'aime écrire depuis l'âge de douze ans. J'ai tout simplement fait rebondir le processus d'expérience littéraire en me mettant à écrire les volumes qui manquent dans la bibliothèque de tout passionné de l'histoire de l'automobile ou de l'histoire de l'attelage et du cheval, évidemment sans m'épargner le travail monumental qu'un livre pointu représente… Cela dit, l'ouvrage, avant tout didactique, s'adresse aussi à tous les lecteurs, historiens ou non, indépendants du milieu de l'automobile, ainsi qu'au milieu du funéraire.
Vous comprenez qu'avec la difficulté de trouver le moindre document sur les corbillards, sujet en lui-même quasiment tabou en France, j'ai du faire cavalier seul, trois années durant, du début à la fin de la rédaction.
Voilà donc pourquoi j'écris peu de livres : uniquement sur des sujets inédits, en pensant toutefois au plaisir que j'aurais eu à découvrir ce livre en tant que lecteur, si je n'en avais pas été l'auteur…
D'où la citation de Jean Rostand en guise de première phrase dans votre premier livre : « Je demande à un livre de créer en moi le besoin de ce qu'il m'apporte » !…
Tout à fait, je conçois l'écriture avant tout comme un partage avec les lecteurs, qui doit créer un intérêt, une passion ou une fascination, quitte à faire peur et que l'indifférence soit absente.
Présentez-vous en quelques mots…
C'est une vaste question à laquelle je réponds souvent par ceci : « Je ne suis qu'un enfant de l'Univers, comme chacun de nous »…
J'ai plusieurs métiers sur Terre. Outre mes activités en ingénierie, je suis auteur depuis quelques années. Ensuite, la passion débordante qui m'anime pour les véhicules anciens (voitures, camions, car et véhicules spéciaux), ne date pas d'hier. Il y a eu une lente macération durant plus de trois décennies…
Vous dites, durant plus de trois décennies ? Mais vous avez 36 ans…
Réaliser cet historique sur les corbillards nécessitait un long chemin, y compris le propre dépassement de soi-même. C'est un peu l'histoire de la quête du Graal, dans la légende des chevaliers de la table ronde. Une chose plus destinée à être cherchée qu'à être trouvée.
C'est tout petit, à l'âge de trois ans, que j'ai commencé à éprouver un émerveillement inexplicable pour les véhicules anciens, lorsque je suis entré par hasard dans un petit musée de vieilleries de toutes sortes, dont des voitures et des camions. Je ne m'en cache pas : c'était le musée « Chez Manuel », qui existe encore aujourd'hui, à Chasseneuil-de-Poitou, près de Poitiers, dans la Vienne.
Pourtant, je n'étais pas du tout issu d'un milieu automobile. Je n'avais ni mentor ni personne initiée dans mon entourage familial, où le monde des « voitures neuves anciennes » semblait même quelque peu surréaliste. Ce monde m'était difficilement accessible mais l'avantage, que je compris bien plus tard, fut de ne pas avoir prématurément été « orienté » vers tel type de véhicule ou telle vision trop arbitraire d'un domaine de l'automobile, comme cela se produit précisément par transmission familiale. En fait je m’intéressais vraiment à tous les véhicules, et particulièrement les plus anciens, les plus rares, les plus inconnus, et personne ne m'a jamais freiné dans cette quête, puisque personne n'était là pour me dire « ce que je devais faire »…
Ainsi, l'autodidacte, l'historien et peut-être le poète qui sont en vous, vous ont amené à écrire des livres sur l'histoire de l'automobile ?
C'est en effet une des raisons, mais pour moi, paradoxalement, les éléments déclencheurs de l'écriture furent des expériences non littéraires. D'abord, l'aventure de la collection de véhicules anciens, qui commença dès le début des années 2000 (Citroën Traction berline et cabriolet, coupé Mercedes ou Jaguar, puis autocars, fourgons, corbillards, etc.). Ensuite l'expérience de la restauration complète, toujours en autodidacte.
De cette façon, chaque heure passée à la restauration et à l'entretien de mes véhicules est pour moi une bonne séance de sport pour entretenir la forme!
Enfin, ce qui est très souvent oublié dans le monde actuel des collectionneurs (qui, pour la plupart ne roulent en moyenne que quelques centaines de km par an), l'utilisation régulière, voire même au quotidien, de tous mes véhicules anciens, entre 20 et 25 000 km annuels en tout.
Ceci m'a pris beaucoup de temps et m'a fatalement amené à un très haut niveau d'exigence permanent sur l'état réel de fonctionnement des véhicules, m'obligeant à acquérir une connaissance mécanique sans faille pour pouvoir tous les faire vivre dans un contexte proche de leur vie utile.
C'est pourquoi, en contrepartie, je ne suis ni un maniaque du polissage ni un malade du lavage de voiture au quotidien, le véhicule doit, avant toute, être prêt à prendre la route sur toutes distances, dans le meilleur état de présentation possible. Et ce sont ces voyages sur toutes distances, parfois jusqu'aux quatre coins de l'Europe, qui m'ont véritablement donné envie d'écrire sur les véhicules anciens et leur histoire.
En ce sens, le véhicule en tant qu'objet de collection (ou objet d'art) peut apporter une troisième dimension, qui dépasse l'écriture figée et les vieux papiers inanimés : le pouvoir de se déplacer à bord de ce même objet.
Cette réalité s'illustre au travers même du livre : le corbillard que vous voyez en couverture à droite, est une des pièces de ma propre collection de véhicules très spéciaux. Il roule régulièrement et me sert parfois de véhicule au quotidien durant plusieurs semaines, au gré de mes envies, avec toutes les réactions imaginables que vous pouvez supposer de la part des passants, chaque fois qu'il stationne en quelque part.
Avez-vous quelques anecdotes en particulier ?
Outre la frénésie de certaines marginales gothiques, la terreur de certaines veuves encore en deuil, l'amusement d'une partie des passants, certains restaurants refusent tout simplement qu'un corbillard soit garé devant leur porte. Il y a régulièrement l'histoire de la grand-mère qui veut passer commande pour son enterrement dans un corbillard de première classe. Enfin, une des anecdotes les plus surprenantes fut le jour où j'aperçus au loin un groupe d'ecclésiastiques qui marchaient allègrement, pressés d'aller à une cérémonie. En voyant le corbillard rutilant stationné dans la rue, ses draperies sorties, le groupe changea brusquement de trottoir. Tous détournaient leur regard du véhicule…
Il semble en effet difficile de passer inaperçu, à notre époque, avec un corbillard aussi immense et encore coiffé de ses galeries et panaches funéraires…
Ce que vous dites là est intéressant car plusieurs fois, de jeunes enfants qui ne savaient pas encore ce qu'est un corbillard, en voyant les décorations, ont cru que c'était un « véhicule pour les rois et les princesses », un peu comme les carrosses des contes de fée. Mais ce corbillard, construit en 1952, roule de nos jours à vide, en emmenant des passagers vivants dans sa vaste cabine de sept places.
Sept places comme les sept péchés capitaux ?
C'est une interprétation pertinente… La huitième place serait alors un peu comme la boule noire n°8, au billard, elle devra disparaître seulement à la fin.
L'étude historique se défend, mais le sujet ne risque-t-il pas de faire fuir certains lecteurs qui craindraient déjà la présence d'un tel ouvrage… chez eux ?
« Il ne faut pas être superstitieux, ça porte malheur! » dit l'adage. Cet ouvrage n'est ni un livre sur la mort ni un ouvrage spécifiquement funéraire. Il est d'abord un livre d'histoire, décrivant les modèles, les formes, les caractéristiques techniques, les symboles, les modes de propulsion et les fonctions des corbillards, de la façon la plus exhaustive possible. Tout le pari du livre est de transporter le lecteur dans un voyage au royaume des véhicules funéraires… sans que ce soit un enterrement.
Vous écrivez à la fin de votre ouvrage « Longue vie à ceux qui liront ce livre de leur vivant ». Pardonnez l'image que j'en fais mais, en lisant cette phrase, on croirait entendre les violons tomber dans le point d'orgue d'une musique dramatique comme la bande originale du célèbre « Psychose » d'Alfred Hitchcock…
C'est tout simplement qu'en donnant la vie à ce livre à priori dédié aux vivants, je ne voulais pas oublier… les autres.
Troisième prix littéraire de l’association APHAT (Association Professionnelle des Historiens de l'Automobile et des Transports) lors du salon rétromobile 2012.
« Histoire des plus beaux corbillards », Ivan Lavallade, Édition : E-T-A-I, format 270 x 240 mm, 450 photos couleurs et N&B, Prix de vente 39 €.