Safet Zec, la puissance et la force de la peinture
Pour celle-ci, Safet Zec donne une nouvelle preuve de ce qu’est le pouvoir de la peinture par le recours au blanc. Blanc qui est celui de lits défaits, de peignoirs, de torchons jetés sur les dossiers de chaises, de nappes, de bâches dont les plis s’affaissent et se courbent au fond d’une barque… C’est encore le blanc d’une chemise dont un corps se couvre (ou c’est celui d’une chemise qu’on enlève). Du voile protecteur au dévoilement intime.
Ces œuvres récentes mettent en évidence des paradoxes essentiels de la peinture : toutes les teintes du blanc, singulière couleur qui aurait renoncé à en être une, sont ici à découvrir ou à redécouvrir ; c’est la présence intense de personnages « anonymes » que cette peinture impose. Pourtant, les « blancs » de Zec ne sont pas muets, ils parlent. Et la juxtaposition de ces différents blancs pleins ou ombrés, confère souvent un caractère dramatique à l’œuvre elle-même. Chaque toile projette ce sentiment confus d’inquiétude et de mélancolie, traversant tout être intuitivement en dialogue avec la condition humaine. Les chemises, portées par des hommes sans tête, devenant sujet elles-mêmes, le lit défait où seul un corps semble avoir dérangé l’ordonnance des draps, l’homme âgé à demi nu, vêtu de sa seule chemise, la barque abandonnée recouverte d’un linceul sont autant de thèmes que Zec explore pour en creuser l'essence, sans rien dévoiler complètement.
Le sombre fond contrasté des toiles de Zec, irradiant d’une lumière nocturne ou crépusculaire renforce la symbolique de la solitude et, malgré la simplicité convaincante du sujet traité, chaque toile porte en elle une vie cachée.
Si, selon Picasso, la peinture est une « machine à imprimer la mémoire », celle de Safet Zec est en une brillante démonstration : matière, motif et couleur donnent naissance à des toiles de la réminiscence, qui paraissent avoir toujours été.
Figure centrale du mouvement « réalisme poétique », l’artiste travaille aujourd’hui à Venise et dans son ancien atelier à Sarajevo.
Exposition monographique à la Galerie Dutko Ile Saint Louis
23 novembre 2011 – 18 février 2012
4, rue de Bretonvilliers, 75004 PARIS
Plus d’informations sur : www.dutko.com & www.safetzec.com