REMODELS RÉUNIT 400 CHAUSSURES JOHN LOBB SUR MESURES
UN EVENEMENT SANS PRECEDENT
400 chaussures sur mesures, venant des 22 points de vente John Lobb à travers le monde. L’opération s’appelle Remodels et constitue l’événement le plus important jamais organisé par un bottier. Il ne s’agit pourtant ni d’une opération grand public, ni même une opération de promotion, mais d’une opération de restauration unique en son genre. Et Pointure était évidemment invité à la fête.
Ce sont les formiers John Lobb qui sont à l’origine de cet événement hors normes. Voyageant à travers le monde pour y rencontrer les clients de la maison, ceux-ci ont à charge de renforcer en permanence la visibilité de la mesure dans les magasins John Lobb et d’y proposer sans cesse de nouvelles idées aux clients. Une mission pour laquelle ils ont besoin de créations toujours au firmament de la spécialité, et sans cesse renouvelées. Pas si évident que cela lorsque l’on parle du bottier le plus célèbre du monde et d’une présence dans 22 points de vente, magasins en propre et shops in shops. D’où l’idée de faire tourner certains modèles entre les boutiques et les pays. La demande n’est en effet pas la même dans tous les pays (ainsi par exemple si les Japonais adorent les richelieus et se désintéressent totalement des mocassins, il en va exactement à l’inverse des clients américains, plus amateurs de loafers que de chaussures lacées), et nécessite une adaptation de l’offre aux particularités locales. Et si nombre de ces modèles d’exposition sont récents, certains parmi ceux qui perpétuent les fondamentaux de la spécialité affichent un âge respectable, et ont déjà connu les vitrines des quatre coins du monde. D’où l’idée de faire revenir en même temps tous les pieds modèles dans les ateliers mesure John Lobb à Paris. Inutile d’insister sur l’ampleur et l’importance de l’événement, baptisé Remodels. Pas moins de 400 souliers, réintégrant le Saint des saints au même moment. 400 créations uniques au monde, une collection d’une valeur inestimable pour la maison, son personnel et les amateurs du monde entier.
Une opération sans précédent au cours de laquelle chacun de ces 400 pieds sera vérifié, réparé si nécessaire, remis à neuf (« bichonné » selon le vocabulaire bottier) et photographié. Ensuite de quoi une nouvelle offre complète sera envoyée aux points de vente et les chaussures mesure John Lobb reprendront leur infatigable ronde autour du monde.
A raison de vingt minutes à dix heures de travail par pied, il aura fallu un mois à l’atelier de la rue Mogador entièrement mobilisé pour donner une nouvelle jeunesse à cette collection extraordinaire, réunie pour la toute première fois. Richelieus, derbys, mocassins, bottines, bottes ; très récents pour certains, antérieurs à 1902 (date de l’ouverture du premier atelier John Lobb à Paris) pour d’autres : tous les genres étaient réunis pour constituer un catalogue raisonné de la création bottière à son meilleur niveau sur plus d’un siècle. Tigistes, monteurs, embauchoiristes, bichonneurs : à la notable exception des formiers, chaque pôle d’artisans était à la tâche pour réaliser un exploit qu’aucune maison n’avait affronté jusqu’ici.
Certains modèles ne sont pas repartis : à l’issue de l’examen et de la remise en état ils ont été jugés éligibles à une retraite bien méritée et ont été invités à passer celle-ci dans les vitrines de Mogador et au conservatoire Hermès. Certains modèles historiques sont ainsi conservés à Paris où ils restent à la disposition des artisans John Lobb pour que les proportions, le travail et les détails réalisés il y a plusieurs décennies par leurs aînés continuent d’être reproduits à l’identique.
Nombres de modèles présentent des couleurs et des transparences magnifiques. Ils ont été entretenus avec soin durant des décennies avant d’arborer leur patine actuelle, et ne manqueront pas de séduire des amateurs qui n’étaient pas nés (ni même parfois leurs parents voire grands-parents ! ) lorsqu’ils ont été montés. Ces clients pourront passer commande d’une paire strictement comparable. Mais pour la patine, il faudra patience et longueur de temps.
@Photos Daniel Pype