Porsche Boxster Spyder : radicale
Et comme le constructeur de Stuttgart n’a pas l’habitude de faire dans l’effet de manche, il dote son petit dernier de 320 ch sous amphétamines. Inutile de préciser que le Boxster Spyder est une auto d’amateur pur et dur.
Il y a d’abord cette ligne irrésistible, lancée en 1996 et revisitée en 2004. A la fois élégant et sportif, le Boxster a permis au constructeur allemand d’élargir sa clientèle sans vendre son âme : à la différence des modèles d’appel précédents (924, 44 et 68, à moteur avant), celui-ci a toujours été perçu comme une véritable Porsche, digne de la famille avec son moteur central et ses performances vraiment sportives. Le bureau de style est allé plus loin avec le Boxster Spyder, doté de deux bossages de capot moteur et d’optiques arrière redessinées qui évoquent immanquablement la fabuleuse Carrera GT.
A l’intérieur l’habitué retrouve l’habitacle inchangé, délibérément sportif avec son compte-tours central, et typiquement Porsche avec sa clé de contact à gauche du tableau de bord. L’adoption d’un bouton de démarrage électrique en lieu et place de ladite clé ne serait ici pas malvenue. Mais ce sont d’autres économies qui dérangent un peu. Au prétexte de traque aux kilos, Porsche propose son dernier modèle dépourvu de poignées intérieures (remplacées par une sangle, gain de poids : 1 kg…), ce qui reste anecdotique, mais aussi de climatisation et d’installation autoradio, ce qui nettement plus contrariant. Il faudra donc recourir aux options pour équiper son Boxster Spyder décemment, et on en profitera pour le pourvoir d’un tableau de bord tout cuir (nos photos), qui habille tout de même nettement mieux l’habitacle et lui confère une allure luxueuse.
Ceci étant dit, quel que soit notre avis concernant cette chasse aux kilos (sachant que dix kilos d’écart permettent de gagner environ une seconde au tour aux pilotes de Formule1, il y a fort à parier qu’aucun amateur, aussi pointu soit-il, ne saura réellement apprécier l’influence des 80 kg gagnés dans le comportement et les performances de la voiture), il convient de rendre grâce à la maison pour être allée au bout de son concept, en adoptant un capot et des portes en aluminium (-36 kg), des sièges allégés, un réservoir plus petit ( !!! )… Poussant le jeu encore plus loin, rappelons que la carrera RS des années 90 se passait carrément de garniture intérieure de portes…
On l’aura compris, cette version se caractérise avant tout par sa définition sans compromis, et c’est donc au volant qu’il convient de l’apprécier. Et là, sincèrement, c’est carton plein. Que du bonheur ! Le six à plat 3,5 litres à injection directe développe 320 ch (10 de mieux que sous le capot du Boxster S) à 7200 trs et présente une valeur de couple maxi de 370 Nm assez haut perchée : 4750 trs. Il est secondé par une boîte mécanique 6 vitesses (notre modèle d’essai) ou une PDK robotisée à 7 rapports (on aurait préféré). Très présent dès les bas régimes, où il délivre le chant rauque caractéristique à son architecture, il grimpe dans les aigus en montant dans les tours et déchire l’air à chaque nouvelle envolée, plus nettement encore si l’on a choisi la programmation Sport, qui libère l’échappement.
Le châssis reste égal à lui-même de précision et d’efficacité, et permet de s’en donner à cœur joie, les rapports passant à la volée avec un bel enthousiasme. Nous serions curieux de juger le plus que peut apporter la boîte robotisée, ce sera pour plus tard. Dans l’immédiat, la six méca suffit à tomber des chronos qui se passent de commentaires : avec 5,1 secondes au 0 à 100 (à rapprocher des 4,9 sec. d’une Porsche Carrera ou des 5,2 d’une Maserati GranTurismo) et 267 km/h maxi, l’offre du Boxster Spyder est sans équivalent à ce niveau de prix. Ajoutez à cela une fiabilité légendaire et une consommation raisonnable (moins de 10 l/100 km), et vous convenez que Porsche nous livre là un vrai petit bijou.
Qu’il faudra évidemment savoir mériter, le modèle étant plus radical dans le fond comme dans la forme. De fait il faudra se contenter d’une capote toilée à la manipulation strictement manuelle, qui prédispose l’auto à une utilisation par beau temps même si une fois installée elle assure une bonne étanchéité (thermique et sonore), grâce à une ingénieuse mise en tension par la fermeture du capot. Ceux qui sont plus orientés confort se rabattront sur le Boxster S, plus consensuel, tout aussi séduisant et proposé pour 7000 euros moins cher.
En deux mots
Moteur : 6 cyl. à plat
Cylindrée : 3436 cm3
Puiss. maxi 320 ch/7200 trs
Couple maxi 370 Nm/4750 trs
Transm. bv6 ou bvR 7
Performances
Vit. maxi 267 km/h
0 à 100 5,1 sec.
Poids 1275 kg
Conso moy. 9,71 l/100 km
Prix
Boxster Spyder 64.741 €