POINTURE N°41 est en kiosques et sur tablettes
On vit vraiment une époque formidable… Si l’humour de Reiser et l’insouciance des années de croissance sont hélas bien loin, notre spécialité continue de se réinventer et nous propose bien des motifs de réjouissance. Exit les créations improbables de quelques créateurs géééniaux (ton Marie Chantal de rigueur pour prononcer cet adjectif) aux productions désormais confidentielles et les chaussures kleenex au style et aux qualités tout aussi incertains : la chaussure de caractère a bel et bien trouvé un second souffle, et à côté de milliers de modèles interchangeables l’amateur dispose aujourd’hui d’un vaste choix lui permettant d’exprimer sa personnalité à travers ses souliers.
Jamais peut-être la phrase de Baden Powell qui sert de base-line à notre titre n’a été aussi actuelle, et si le ventre du marché est toujours constitué de godasses sans âme, notre spécialité peut aujourd’hui se féliciter de la qualité de ses acteurs et de leurs productions.
Démonstration par l’exemple dans ce numéro, au fil duquel nous vous invitons à découvrir chez Weston un salon mesure qui associe le charme d’hier à la technique d’aujourd’hui et invite les amateurs de beau prêt-à-porter à s’essayer au bonheur d’une vraie demi-mesure ; à visiter les ateliers du premier bottier parisien proposant un prêt-à-porter entièrement fait main et ceux du plus prestigieux établissement viennois ; à plonger dans le passé avec le vestiaire et la collection de chaussures de Gabriele d’Annunzio et un hommage à Pietro Yantorny, qui fut le bottier le plus cher du monde ; à pénétrer dans les coulisses de Jimmy Choo, marque culte des fashionistas dont les créations homme jonglent avec bonheur entre le classicisme et la tendance, et à découvrir ou redécouvrir l’histoire de l’Albert slipper, auquel l’évolution du statut de chaussure d’intérieur aristocratique aux accents passéistes à celui de création tendance, offre une seconde vie.
Sans parler des créations artisanales qui proposent autant de visions parallèles. Accessoire anonyme durant toute la seconde partie du XXème siècle, après les excès de sa période d’émancipation la chaussure homme propose une variété enthousiasmante en entrant dans l’âge mûr.
Yves Denis