C’est par le vélo que tout commence, à la fin du XIXème siècle. Libraire de son état, Vàclav Klement envoie bien innocemment sa bicyclette en réparation chez son fabricant allemand. Surprise et colère du commerçant qui reçoit son vélo en retour, accompagné de l’instruction de bien vouloir adresser son courrier en Allemand s’il souhaite voir son engin réparé. Bel exemple de communication d’entreprise… Ulcéré par cette réponse, Klement décide de mépriser les indélicats et de… créer sa propre usine de fabrication de vélos ! Bien lui en prend : quatre ans plus tard, la marque Slavia qu’il a créée en association avec l’ingénieur Vàclav Laurin est le 4ème producteur de cycles du pays ! Forts de leur succès, les deux hommes lancent leur première moto en 1899 et, faisant déjà preuve de l’acuité peu courante à capter les mouvements de l’époque qui caractérisera toujours leur entreprise, l’engagent dans les compétitions naissantes. Plus que les performances, c’est surtout la fiabilité des L&K, à une époque où elle est loin d’être courante, qui leur vaut d’être champions du monde en 1905. Ce titre lance immédiatement la marque au niveau européen. Une opportunité bienvenue alors que la marque présente sa première voiture automobile. Nouveau succès fulgurant : deux ans plus tard, L&K est le premier constructeur de l’empire austro-hongrois. Poursuivant sur leur lancée, Klement et Laurin multiplient rapidement les modèles et étendent leur territoire de marque : durant la décennie suivante l’entreprise produira des voitures, des fourgonnettes, des autobus, des poids lourds, et même des moteurs d’avion. Elle est loin, la petite librairie de Mladà Boleslav, à une cinquantaine de kilomètres de Prague !

Jusqu’en 1925 la marque ne va cesser de se développer, et de monter en gamme, proposant plusieurs modèles de luxe à six et huit cylindres et fabricant sous licence les Hispano Suiza, excusez du peu…

Devenus de puissants hommes d’affaires, les deux associés comprennent aussi qu’il leur faut consolider leurs positions capitalistiques, et fusionnent en 1925 avec l’usine Skoda, dont l’assise financière et industrielle leur ouvre les portes d’un développement international. La marque automobile Skoda est née.

Elle n’attend pas longtemps avant de se distinguer : dès l’année suivante le premier président de la Tchécoslovaquie roule dans une Hispano fabriquée à Pilsen.

Pendant ce temps, l’automobile a commencé à révolutionner le monde en lui ouvrant les perspectives d’une mobilité aussi nouvelle qu’inespérée. Skoda va profiter de cette déferlante naissante en innovant dans un domaine où tout reste à faire. Elle imagine d’abord le châssis cadre, plus léger et plus facile à produire que les lourds châssis échelles de l’époque. Dès 1934, les Popular, Rapid et Superb (première du nom) disposent de châssis poutres. Ce sera ensuite le moteur OHV, à arbre à cames en tête, qui permet à la maison de franchir le cap des 5000 voitures produites. La seconde guerre mondiale viendra interrompre ce bel élan. A la fin des hostilités la Tchécoslovaquie passe entre les mains des communistes, qui mettent la main sur Skoda en nationalisant l’entreprise, dont la production est réorientée vers la fabrication de modèles plus populaires. Un positionnement qui n’empêche pas les performances, puisque l’Octavia TS se distingue en rallyes et se classe 6ème au célèbre Monte Carlo.

L’innovation est de retour en 1964 avec la 1000 MB, séduisante de lignes mais surtout propulsée par un moteur arrière et dotée d’une carrosserie autoporteuse. Jolie, la voiture devient immédiatement le symbole de la voiture populaire des pays de l’Est. Mais à la fin des années 80, l’éclatement du bloc soviétique fait des ravages dans lesdits pays, et le cumul d’une gestion hasardeuse et du défaut de fonds met la marque en difficulté. On est loin de la prospérité et de l’innovation forcenée de Klement et Laurin. C’est dans ces conditions peu favorables que, sous l’impulsion du nouveau gouvernement tchèque, le groupe Volkswagen réalise une joint venture avec Skoda au tout début des années 90. Les moyens sans limites du groupe allemand vont permettre à la marque de réinvestir massivement dans le développement et de s’inscrire dans une perspective à long terme. Modernisation de l’outil industriel, lancement de nouveaux modèles, amélioration des standards de qualité, partage de la formidable banque d’organes VAG : en l’espace d’une vingtaine d’années la marque se métamorphose, multiplie les modèles forts et profite d’une rentabilité retrouvée.  C’est dans le contexte de celle-ci qu’arrive aujourd’hui le Yeti, qui complète une gamme de neuf modèles et ouvre de nouvelles perspectives de développement, permettant à Winfried Vahland, président du directoire, de souligner, lors de la commémoration des 20 ans de l’alliance Skoda-Volkswagen, que « l’évolution de Skoda depuis l’engagement de Volkswagen est spectaculaire (…) Ensemble nous avons fait un miracle ». Dont acte.

2011 : nouvelle identité visuelle du constructeur tchèque. présentée à l’occasion du Salon de Genève Ce nouveau logo sera apposé à l’avenir sur les véhicules de la gamme à partir de 2012…

Un sacré terrain d’essai pour le Skoda Yeti (découvrir notre article)