Philippe Ramette expose
Exposition octobre 20 – novembre 19, Galerie Xippas. Explorateur des limites physiques et surtout mentales, inventeur d’un univers fantastique et souvent absurde, Philippe Ramette poursuit ses recherches par le biais de ce qu’il appelle des « sculptures à réflexion ». Avec un humour allant jusqu’à l’autodérision, il met en scène l’audace et l’inhibition, le rêve et la peur, l’illusion et l’héroïque. Philippe Ramette se définit comme un artiste pour qui la sculpture, la photographie ou le dessin sont des matérialisations possibles du processus mental.
Pour sa cinquième exposition à la galerie Xippas à Paris, Philippe Ramette poursuit ses explorations, en se penchant sur la question du statut de l’artiste, avec un ensemble de nouvelles sculptures réalisées en 2016.
Une des pièces principales de l’exposition, La sortie des artistes propose une réflexion sur la fonction de l’artiste, l’artiste entrepreneur au service d’un produit. Présentant une porte sur une estrade donnant sur un cul de sac, l’œuvre invite à éprouver physiquement la sortie de l’artiste, mais tout en obligeant à rebrousser chemin. Comme souvent chez Ramette, le jeu de mots et le décalage entre le titre et l’œuvre sous-entendent une deuxième, voire une troisième lecture ; ainsi une déception peut se transformer en un élan optimiste.
Dans la même lignée, l’Eloge du pas de côté, aux aspects hyperréalistes, reproduit précisément les traits et la silhouette de Philippe Ramette et offre un regard détaché sur son auteur. L’œuvre invite à se décaler, à mettre un peu de distance pour accéder à un angle différent, afin de mieux revenir à sa place. De par sa petite taille, inédite dans son travail, cette pièce fait référence à la sculpture de « cheminée », tout en continuant une des réflexions chères à Ramette, celle autour de la question du socle.
Sculpteur avant tout, Ramette propose des références volontairement classiques, notamment par le biais de l’utilisation du bronze. Le désir de ne pas s’enfermer dans le medium s’exprime par l’utilisation de différents matériaux (bois, laiton, résine, bronze) rassemblés dans cette nouvelle exposition, et contribue à la quête sur le processus de création.
Une œuvre à part, dépourvue d’une fonction explicite, Vanité en cours est une sculpture en bronze relevant de l’entre-deux : un moulage de la tête de l’artiste et d’un crâne. « Vanité vaniteuse », l’œuvre donne à voir une frontière fluide entre les deux états de l’être, l’énergie de création prenant le pas sur la disparition.
Poursuivant sa réflexion, avec Ego portable, Philippe Ramette propose au spectateur de se mettre à sa place. Tel un cliché de l’artiste, ce masque réfléchissant fait à partir d’un scan de son visage, s’inscrit dans la continuité de ses œuvres précédentes telle que Le cerveau réfléchissant (2002).
Encore plus prononcée dans ses dernières œuvres, la présence physique de l’artiste, sans en être le portrait, dérive du caractère performatif de son travail, où tout objet a une utilisation potentielle, l’artiste en étant le premier démonstrateur. Ces objets aux fonctions improbables contiennent une activation potentielle et invitent au passage à l’acte.
Toujours dans le jeu entre le langage et le visuel, la sculpture l’Eloge du passage à l’acte, un moulage de la main de l’artiste avec un poil qui a été coupé, inverse le sens de l’expression « avoir un poil dans la main » et tend ainsi à briser la symbolique de l’œuvre. Avec l’Eloge de la réflexion, Philippe Ramette pousse encore plus loin la matérialisation de la métaphore en présentant un cerveau qui s’envole mais que des cordes cherchent à retenir.
À travers l’Espace VIP individuel, l’artiste détourne l’esprit élitiste et propose à des « utilisateurs potentiels » de s’isoler dans un élan d’auto-célébration. Ces réflexions sur le contexte social actuel, sur le monde du « bling-bling », s’inscrivent dans son approche du politique dans un esprit quasi kafkaïen, toujours présent dans son travail. De même, Prothèse à geste faisant référence aux Prothèse à dignité / Prothèse à humilité (1992), sorte d’appareils de rééducation, invite le spectateur à tendre la main dans un geste social d’ouverture vers l’autre et vient contrebalancer l’humour parfois grinçant.
Autant dans la dimension personnelle que politique, le monde de Philippe Ramette, construit sur le jeu des mots et les contradictions, vu à travers l’absurde frôlant la naïveté, évoque une réalité où tout est finalement possible.
Philippe Ramette est né en 1961. Il vit et travaille à Paris.
Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées récemment en France et à l’étranger, notamment au Centre régional d’art contemporain, Sète, France (2016), à l’Espace Malraux, Chambéry (2016), Vitrines sur l’art, sous la Coupole des Galeries Lafayette, Paris (2014), à l’Institut Français, Lasi, Roumanie (2014), à la Fondation Pablo Atchugarry, Punta del Este, Uruguay (2013), une exposition itinérante en Inde à l’Alliance Française (2012-2013). En 2017, son travail fera l’objet d’une exposition personnelle au Parvis, Scène nationale Tarbes Pyrénées, ainsi qu’à l’Entrepôt 9, galerie Barnoud, Dijon.
Il a participé à de nombreuses expositions collectives. Actuellement, Presqu’île #1, l’exposition inaugurale des Tanneries-centre d’art contemporain, Amilly, France (jusqu’au 12 mars 2017) ; Yes I can, un portrait du pouvoir, Centre d’art contemporain Walter Benjamin, Perpignan, France (jusqu’au 16 octobre) ; La French Touch, Artspace Boan 1942, Séoul, Corée du Sud (à partir du 7 décembre 2016).
Précédemment, J’aime les panoramas. S’approprier le monde au MuCEM, Marseille, France (2016) et au Musée Rath – Musée d’art et d’histoire, Genève, Suisse (2015), Chercher le garçon, MAC/VAL (2015), Egarements au Domaine du Château d’Avignon (2013), Paris/Delhi/Bombay au Centre Georges Pompidou (2011), French Art today : Marcel Duchamp Prize au Musée national d’art contemporain de Séoul, Corée (2011).
Ses œuvres font partie des collections muséales et privées dont Musée national d’art moderne, centre Georges Pompidou, MAC/VAL, Maison Européenne de la Photograhie, Paris, France, Mamco, Genève, Suisse, Musée d’Art Contemporain de Marseille, France, The Israel Museum, Jérusalem, Fonds Régional d’Art Contemporain, France et Fonds National d’Art Contemporain, Paris, France, entre autres.
Photo @Frederic Lanternier. Philippe Ramette, Ego portable 2016, résine peinte, cuir 21×16.5×12 cm.
Galerie Xippas, 108 rue Vieille du Temple, 75003 Paris
Tél. 01 40 27 05 55
www.xippas.com