PHILIPPE PASTOR – Terre & Métamorphoses du 25 avril au 26 juillet 2019
La galerie Monaco Modern’Art en collaboration avec l’Association Art & Environnement présentent,
à l’occasion de la Monaco Art Week (24-28 avril 2019), un ensemble de peintures monumentales de
Philippe Pastor accompagné d’une installation inédite des Arbres Brûlés. Des pièces sensibles, en hommage à la nature, qui viennent aussi dénoncer les problématiques environnementales actuelles, à l’ère
de ce que certains appellent l’Anthropocène.
L’exposition s’organise autour de deux séries principales, rythmées par de nouvelles sculptures en
bronze et fer.
A l’entrée, les grandes toiles abstraites de la série Avec le Temps, forment des compositions abstraites
lyriques, qui évoquent le déchaînement des éléments. Chaos naturel, tempêtes, tornades, ces peintures font ici référence aux récents tsunamis et ouragans. L’année 2018 a particulièrement été marquée
par ces désastres. Florence et Michael, en Atlantique Nord causent de multiples dégâts aux États-Unis,
alors que dans l’Océan Pacifique Nord-Ouest, des typhons puissants font de nombreuses victimes, notamment aux Philippines.
Les lignes de forces qui traversent la toile, mettent ici en lumière le processus de création de l’artiste,
qui travaille sur de grandes surfaces, sur lesquelles il applique, jette ou appose délicatement la matière.
Penché au dessus la toile, jusque « dans » la toile, Philippe Pastor l’appréhende à la manière des expressionnistes abstraits américains de l’action painting. Il fait corps avec la matière. Les lignes et l’énergie qui en émanent s’apparentent alors aux flux énergétiques de la terre, aux flux météorologiques soumis à des changements climatiques de plus en plus contrastés.
Avec le Temps porte aussi en son titre une notion très importante dans le travail de l’artiste, celle du « temps ». Le temps de la création, du geste de l’artiste, mais aussi le temps naturel, de séchage des multiples couches, d’altération et de patine. La matière se fait écorce terrestre, constituée de multiples strates, patiemment crées par l’artiste et parfois cristallisées par le feu. Cette matière électrique, qui vibre à la surface de la toile, doit son intensité au choix des matériaux.
Philippe Pastor utilise en effet des pigments naturels spécifiques, notamment dans le cas des peintures Bleu Monochrome. Cette série méditerranéenne est élaborée à partir de pigments naturels que l’artiste va chercher dans les villages isolés du Mont Atlas au Maroc. Il y mêle parfois des éléments naturels, comme des feuilles ou des aiguilles de pin, et les soumet au même processus de stratification. Parcourues de subtiles craquelures, les reliefs accidentés qui apparaissent alors nous révèlent de nouvelles topographies
abysséennes. La couleur bleue, associée à l’au-delà dans la culture égyptienne, possède une dimension quasi mystique. Elle nous évoque l’immensité de la voûte céleste, tout comme les étendues infinies des mers et océans auxquelles l’artiste rend ici hommage. Aujourd’hui souillée et malmenée par la pollution de l’Homme, Philippe Pastor nous exhibe les blessures de la Planète Bleue.
En dialogue avec ces grandes toiles se dressent les figures sentinelles d’une autre nature blessée, les Arbres Brûlés. Cette série de sculptures, initiée en 2003 à la suite des incendies dévastateurs du Massif des Maures, fait aujourd’hui triste écho à la récente tragédie californienne. Si les premières œuvres étaient directement taillées dans les troncs calcinés de la forêt meurtrie, l’artiste propose ici une version
immuable, coulée dans le bronze et le fer. Grâce à ces alliages l’artiste offre une reproduction admirable des détails et aspérités de la matière ayant subie les assauts du feu.
Le feu, à l’origine de dramatiques incendies de forêts, est provoqué quatre fois sur cinq par la main de l’Homme, dont l’artiste dénonce ici la responsabilité. Cette démarche, que l’on retrouve aussi dans les toiles présentées, s’inscrit plus largement dans le contexte environnemental et social particulièrement critique de nos jours, à l’ère de l’Anthropocène, du réchauffement climatique, du pillage des ressources naturelles, d’une pollution envahissante et de la montée des eaux.