Miami ne prête qu’aux riches !
Sea, art and sun… le cocktail est redoutable, surtout arrosé de champagne dès le petit déjeuner et servi dans les nouveaux 5 étoiles qui poussent leurs silhouettes d’Ocean Drive à la pointe de Bal Harbour et jusqu’au nouveau quartier de Wynwood. Miami s’est remise des déboires des subprimes et revendique fièrement son ambition de devenir la cité du luxe et du bon vivre. Le réchauffement récent des relations avec Cuba a fait pousser des ailes aux investisseurs étrangers, notamment latino-américains mais aussi chinois, qui misent sur Miami désignée nouvelle capitale de l’Art de vivre.
Halls d’hôtels et boutiques sont bondés de bimbos et de lolitas aux poitrines siliconées, jupes au ras des fesses et talons improbables – sans qu’elles se préoccupent le moins du monde de l’effet produit sur le quidam moyen – et de joggers en goguette qui flirtent avec le bitume comme les chiens de race avec le caniveau. Il suffit de se poster sur Collins Avenue, entre le Delano relooké en blanc par Philippe Starck voilà quelques années et le W versus néo-riches, pour juger de cette faune hétéroclite qui déferle de jour comme de nuit en baskets, en tongs ou en escarpins vernis… Un cliché pour le clin d’oeil et le touriste égaré en mal d’images fluo et bigarrées. En regardant de plus près, la reine des plages de sable blanc et des façades art-déco se transforme à la vitesse d’un TGV. Ce n’est pas New-York ni San Francisco, mais la scène tech de Miami pointe audacieusement le bout de son nez, mue par de jeunes entrepreneurs créatifs et inspirés par l’énergie contagieuse du sunshine State. La ville se réinvente à Wynwood où elle troque ses délicats tons pastel pour les couleurs vives des graffeurs. Le quartier met en avant son tempérament artiste et ses innombrables cafés, restaurants et bars sont animés d’une ambiance unique et rafraîchissante. Voisin d’Edgewater, d’Omni, le bariolé et bouillonnant Wynwood abrite nombre de boutiques de mode et de galeries avant-gardistes. Il y souffle comme un vent des Caraïbes avec des effluves d’épices venues des quelques rues que l’on désigne ici sous le vocable de Little San Juan. Dans ce quartier Arty aux murs recouverts d’oeuvres d’art éphémères et bariolées, une ébauche de Silicon Valley émerge parmi les ateliers d’artistes en plein air. Sur près de 1000 mètres carrés, cette pépinière accueille 54 start-up. Elle est la première à Miami et s’inspire de General Assembly dans le Flatiron District de Big Apple. Et pour éviter que ses jeunes cerveaux s’envolent vers d’autres paradis, Miami et le Comté de Dade distribuent des subventions par centaines de milliers de dollars. Pas question donc de laisser passer le train du développement. Un exemple ? Une skyline portant une forêt de gratte-ciel scintillants est en projet pour rivaliser avec Shanghaï et New-York. Ce projet sur les lèvres de tous les floridiens s’appelle « Miami 2020 ». Il concentre plus de 10 milliards de dollars d’investissements, 171 chantiers majeurs, bâtisses de verre et d’acier aux lignes épurées et devrait métamorphoser le front de mer de Miami jusqu’ici réputé pour sa dolce vita sous les palmiers et son ambiance nocturne, pour en faire une des villes les plus modernes et les plus attractives de la planète.
Avec ses millions de touristes par an, notamment Brésiliens, Argentins, Vénézuéliens et Mexicains, mais aussi Européens (dont plus de 200.000 Français) et récemment Qatari, Miami doit parfaire sa beauté. Les marques de la mode et du luxe comme LVMH, Gucci, Dior ou Saint Laurent, ont toutes pignon sur rue, notamment sur Bal Harbour et Brickell, des banques et du haut de gamme qui vient d’être totalement remise à neuf. Et bientôt en face de South Beach dans le Design District, centre de la foire d’art contemporain Art Basel où un immense shopping center a été construit dans ce qui fut naguère une friche industrielle transformée en showrooms et boutiques de luxe par le visionnaire Graig Robins. Les institutions culturelles privées Rubell Family Collection et De La Cruz Collection ont également été inaugurées dans le quartier. Si restaurateurs et hôteliers se frottent les mains, les promoteurs immobiliers aussi grâce à des prix au mètre carré très attractifs : 5000 chambres d’hôtel sont en construction et 10.000 à l’étude alors que la capitale de la Floride en compte déjà plus de 90.000. Le tourisme ne cesse de progresser dans cette ville aux cent mille palmiers, grâce à la profusion de lignes aériennes qui la dessert et aussi parce qu’elle est la capitale mondiale des croisières de luxe. Onze millions d’Américains en font une chaque année, soit la moitié du marché mondial. Ainsi va Miami… En se dotant d’un tunnel portuaire construit par le groupe Bouygues, la cité va pouvoir accueillir de plus gros paquebots et poursuivre sa marche en avant. Quant à l’art, il est partout : au-delà d’Art-Basel où conservateurs, designers, artistes et célébrités se retrouvent en décembre chaque année, de Leonardo Di Caprio à Tobey Maguire en passant par Will Smith ou Pharell Williams, qui côtoient Jeff Koons et Damien Hirst, Miami développe une offre culturelle riche et variée. Avec, entre autres, le tout nouveau Perez Art Museum, le Bass Museum et la New World Symphony dessinée par Franck Gehry, qui affiche les plus grands ténors à son programme. Mais aussi l’éclosion de nombreuses galeries, lieux d’exposition d’oeuvres avant-gardistes de jeunes peintres brésiliens ou colombiens, et de quelques artistes européens. Sans oublier son patrimoine Art-déco, classé et jalousement protégé comme les vieux bâtiments abritant de petits hôtels rénovés par de grands architectes. En passant il faut noter que quelques grandes adresses jouent à fond la carte de l’Art et de la culture, par exemple le W South Beach au lobby décoré de toiles de Warhol et de Basquiat, le Sagamore truffé de peintures du hall au restaurant ou le tout récent Métropolitan Como revu et superbement corrigé par Paolo Navone de l’antique Traymore. Ne pas oublier le tout nouveau SLS décoré par l’incontournable Philippe Starck. Les fashion victims y sont collées au bar de la piscine ou attendent leur tour pour trouver une table au restaurant The Bazaar, histoire d’en être. Mais le must reste le Setai, cinq étoiles fleuron de la chaîne prestigieuse Leading hôtels sur Collins Avenue, avec suites et studios aux balcons ouverts sur l’océan et un SPA qui attire tous les beautiful people du globe. Bien sûr, plus que jamais à Miami il vaut mieux être jeune, beau et riche, porter Ray-Ban et gilet sans manche et rouler Porsche, ou mieux : Ferrari. Mais personne ne vous en voudra si vous faites hurler les cylindres de votre Harley entre l’hôtel Colonial et l’Océan l’air totalement détaché… c’est encore la meilleure façon de passer inaperçu.
Photos : Barbara Gheno.