C’est une évidence à laquelle on ne pense qu’une fois l’objectif atteint : le plus difficile n’est pas de parvenir au sommet, mais bien de s’y maintenir. Tous les champions du sport ou des affaires vous le diront, Donald Trump en a fait un best seller (1). Et tel est le défi auquel se retrouve confrontée Mercedes à chaque fois que la maison renouvelle son navire amiral, reine des limousines qui préempte à elle seule 40% du marché mondial.

Au fil des années et des générations, la Classe S a toujours été celle par qui les révolutions technologiques arrivent : on lui doit l’ABS, les air-bags, le correcteur de trajectoire, le régulateur de vitesse actif… A l’heure où à quelques notables exceptions près le monde entier semble pris d’une phobie de l’automobile, le progrès passe désormais par des avancées en termes de consommation, de pollution, de sécurité et de confort. Que dans tous ces domaines, la Classe S parvienne encore à nous impressionner relève de l’exploit. Et mérite le respect. C’est pourtant ce que réussit la septième génération du modèle.

Extérieurement, pas question pour les stylistes de casser les codes connus du monde entier, aussi la nouvelle venue ressemble-t-elle beaucoup, dans les grandes lignes, à son aînée. Dans les grandes lignes seulement car la W222 (c’est son appellation technique) est en fait à tous points de vue plus fine que la génération précédente. Avant, profil, arrière (l’angle sous lequel l’évolution est la plus spectaculaire) : la nouvelle Classe S est plus fine que celle qu’elle remplace.
Sous le capot les moteurs habituels : V8 essence 4.7 litres, V6 essence et diesel 3.5 litres. En attendant les AMG et trois versions hybrides essence et diesel (V6 et 4 cylindres) qui promettent des performantes ahurissantes (jusque 3 litres/100 km et 69 g/km !), annoncées pour courant 2014. La transmission reste assurée par la boîte auto Mercedes à 7 rapports, la seule capable de rivaliser avec la référence ZF 8 utilisée par ses concurrentes directes. C’est sans surprise par la surabondance de ses équipements électroniques que la nouvelle S se distingue, et parvient à impressionner même les plus blasés. Pas question de les énumérer tous ici : ce numéro entier n’y suffirait pas, mais citons les plus extraordinaires, à commencer par le MBC (pour Magic Body Control), qui grâce à des caméras vidéo lit les inégalités de la chaussée jusqu’à 15 mètres et configure les suspensions actives en fonction. Pour fixer les idées, le système parvient à gommer totalement les passages de gendarmes couchés, c’est carrément surréaliste. Le MBC a encore ses faiblesses : il ne fonctionne ni au-dessus de 130 km/h, ni la nuit. Et constitue une option à 5000 €. Un autre ? Le régulateur de vitesse actif ne se contente plus de suivre la voiture de devant en freinant et accélérant comme un clone : elle la suit désormais dans ses changements de direction. Autrement dit, dans les bouchons, le conducteur peut se plonger sans souci dans le journal. Un autre ? Les sièges sont chauffants, rafraîchissants, dynamiques, et grâce à 14 coussinets intégrés disposent de 6 programmes de massage, parmi lesquels deux de type « pierres chaudes » (ceux qui fréquentent les spa comprendront) à 55°… En option le siège arrière droit peut prendre une position semi-couchette (inclinable à 43,5 degrés). Encore ? Pour une ambiance cosy, Mercedes pousse plus loin le système lancé par Audi avec la dernière A8 : le système d’éclairage à leds (il n’y a plus la moindre ampoule à incandescence dans la voiture) permet de choisir parmi 7 ambiances intérieures. Et la liste est encore longue…

Est-il nécessaire de le préciser, l’insonorisation de la voiture – au moins sur les S400 et S500 que nous avons essayées – est parfaite et donne aux occupants l’agréable impression de se déplacer dans un engin futuriste monté sur coussin d’air. Excellent.
Il est sans doute plus utile d’indiquer que malgré le gabarit et l’encombrement de la voiture, celle-ci se conduit du bout des doigts, réagissant instantanément à l’accélération ou au freinage en restant en toutes circonstances collée à la route.

(1) Surviving at the top, 1990, éd. Random House.