Oeuvres d’art et prouesses technologiques, pièces uniques ou séries limitées, elles marquent leur temps et consacrent une union forte d’émotion et de performance. L’artiste va au bout des moyens techniques et la technique devient vivante, envoûtante par la performance et la charge émotionnelle qu’elle véhicule.

Ma première rencontre physique avec les oeuvres de Jeff Koons m’a bouleversé. C’était à Venise, au Palazzo Grassi. François Pineau inaugurait son magnifique musée d’art contemporain, dont l’administration française n’a pas voulu. Les oeuvres entrent ici, dans cette architecture néoclassique, dans une dialectique remarquable, souvent incomprise par ceux qui sont aujourd’hui réfractaires à une conception ouverte et pluraliste de l’Art. Entrons. Dans l’atrium central, le choc est immédiat : « The hanging heart » occupe l’espace, suspendu du haut de l’édifice et en constitue le coeur, l’organe vital. Oeuvre monumentale en acier de 3 mètres d’envergure et de près de 2 tonnes, il a nécessité dix ans pour sa conception, 6000 heures de réalisation. Les multiples couches de peinture vernie en finition en font une oeuvre parfaite. La communion entre l’art et les techniques employées est ici à son paroxysme. L’émotion est fulgurante devant ce monument haptonomique : il vous saisit, vous envoûte, vous laisse sans voix. Le caractère monumental de l’oeuvre participe indéniablement à l’émotion qu’elle dégage.
Après le château de Versailles puis le Palazzo Grassi, il habite à présent dans la pièce de proue de la Dogana. Ne passez pas à Venise sans aller à sa rencontre, c’est une expérience unique que je ne manque à aucun de mes voyages à la Sérénissime.

Cette communion parfaite entre l’oeuvre monumentale, l’art et la technique sublimée, je l’ai vécue dans le monde de l’audio où certains luthiers ont réussi ce miracle de conjuguer l’excellence technique et celle du son. Par sa présence l’objet amplifie considérablement la dimension émotionnelle de l’expérience. Ce fut Stradivarius, ce sont aujourd’hui des facteurs d’instruments de reproduction sonore.
Avantgarde Audio est aujourd’hui l’un des meilleurs représentants de cette union parfaite de l’art et de la technologie. L’esthétique inouïe des grands pavillons de son système acoustique s’impose dans une pièce. La dimension de cette sculpture acoustique et le très haut rendement des haut-parleurs s’emparent de vous. La magie et le magistral opèrent !

Parmi les chocs émotionnels, il y eut aussi cette écoute sublime et enveloppante de la Focal « Grande Utopia » que mon ami Jacques Mahul réalisa il y a quelques années. L’enveloppement dans la scène sonore est parfait tant par la technique de focalisation des haut-parleurs, qui convergent vers la zone d’écoute, que par la forme de l’oeuvre qui vous domine.
Avec « La Sphère », enceinte boule monumentale en acier à haut-parleurs concentriques, Cabasse impose sa pièce maîtresse, fruit de cinquante ans de recherches constantes de son génial créateur Georges Cabasse qui imposa ses techniques à la Maison de la Radio il y a plus de cinquante ans, ne reniant pas l’esprit de ses ancêtres, facteurs d’instruments dans les Vosges.

Miracle technologique et performance d’artiste, la marque américaine Martin Logan nous propose une solution très atypique. Au lieu de concevoir une enceinte avec des haut-parleurs traditionnels, toujours directifs et comme « issus d’un coffret », ils ont imaginé une seule membrane en mylar transparent, occupant toute la hauteur de l’enceinte et maintenue en tension entre deux plaques de métal incurvé et perforé sous un courant de polarisation très élevé. Ceci permet une retenue de la membrane dans son mouvement, assurant précision et tenue en puissance. L’émission sonore se fait par les deux faces, avant et arrière. Le son direct provenant de l’enceinte est d’une précision diabolique. Celui issu de l’arrière et réfléchi par les murs de la pièce, donne une scène sonore d’une taille invraisemblable et nécessite bien sûr une installation minutieuse. Tout l’orchestre est devant vous et le son semble venir de tout le mur de votre pièce ! Vous êtes au concert, devant l’orchestre qui remplit votre salon ! Les plans sonores sont parfaits, chaque instrument peut être localisé dans l’espace, la profondeur de champ est d’un réalisme inégalé. A l’écoute, un premier adjectif vient à propos : transparence. En regardant cet objet magnifique, il ne vous échappe pas que sa transparence visuelle participe de cet effet. C’est une sculpture qui nous réconcilie définitivement avec la technique et qui entrera comme une oeuvre d’art dans votre décor.

Dans le domaine de l’électronique on retrouve aussi cette communion parfaite entre la très haute technologie et l’art. Dan d’Agostino, célèbre facteur d’électroniques américaines, emprunte ici à la haute horlogerie les codes de création de ses oeuvres. Équation parfaite de design et de finition avec les plus hautes performances de traitement du son, le D’Agostino Momentum est une oeuvre d’art et certainement aujourd’hui une des meilleures électroniques du monde. Un amplificateur et un préamplificateur dont l’esthétique, les matériaux, la finition, la puissance et le poid en font un monument.
Un grand vu-mètre occupe la face avant non sans rappeler le tourbillon des maisons de haute horlogerie. Taillés dans un bloc d’aluminium soigneusement poli et garnis de cuivre massif sur les côtés pour assurer un bon refroidissement, ces monstres de 40 kilos sont capables de piloter n’importe quelle enceinte acoustique et de garantir une musicalité et un respect des timbres exceptionnels.

La mécanique n’échappe pas à la règle avec des performances techniques, visuelles et artistiques, comme les platines Oracle ou Clear Audio pour les vinyles, dont le renouveau permet aux amateurs de redécouvrir dans les meilleurs conditions leur discothèque, voire de la reconstituer, les nouvelles technologies appliquées à cet ancien support ayant considérablement évolué. La pièce maîtresse de cet art nous vient d’Allemagne et représente une prouesse technologique : la Statement de Clear Audio.
La passion de la musique et l’absence de tout compromis ont présidé à la création de ce qui est considéré aujourd’hui comme une référence absolue. Des matériaux nobles, un usinage d’une précision horlogère, une finition remarquable. C’est là encore une oeuvre monumentale, avec une âme qui, avec son bras tangentiel, doit extraire avec précision toute la musique et l’émotion de vos sillons.

Mais les performances extrêmes ne s’arrêtent pas aux oeuvres de grande taille. La technologie et l’art peuvent se retrouver dans l’infiniment petit et la parfaite précision de la micro électronique et de la micro acoustique. J’en veux pour exemple deux réalisations exemplaires. D’une part l’écouteur intra auriculaire Piano Forte de la firme japonaise Final. Les embouts destitués aux oreilles sont ici en cuivre chrome plaqué or. Le cuivre allié au chrome garantit une belle et légère vibration et l’or assure une finition parfaite. Malgré le poids de l’équipement (38 grammes), il tient très bien dans l’oreille et le contact direct de l’embout métallique dans le conduit auditif garantit un son pur, cristallin et d’une très belle transparence. Il dispose d’une dynamique sonore exceptionnelle, bien supérieure à la norme. C’est un vrai produit de luxe (3.500 €) mais sans compromis.
Dans les casques classiques, Monster, le géant américain du genre, notamment à l’origine du fameux Beats, nous propose un casque co-produit avec Hublot, la célèbre marque horlogère. Bon sang ne saurait trahir : le résultat est à la hauteur des attentes des afficionados.

Par Jean-Marie Hubert.