Mapplethorpe-Rodin : entre sculpture et photographie
Bénéficiant de prêts exceptionnels de la Robert Mapplethorpe Foundation, cette exposition présente 50 sculptures de Rodin et un ensemble de 102 photographies dont l’audacieux dialogue révèle la permanence des thèmes et sujets chers à ces deux grands créateurs.
Tout semble opposer ces deux personnalités même si Mapplethorpe n’a eu de cesse de sculpter les corps à travers son objectif et que la photographie a accompagné Rodin tout au long de sa carrière.
Robert Mapplethorpe est à la recherche de la forme parfaite, Rodin tente de saisir le mouvement dans la matière. Rien n’est spontané, tout est construit chez Mapplethorpe alors que Rodin conserve les traces de l’élaboration de l’oeuvre et cultive celles de l’accident. L’un fut attiré par les hommes, l’autre par les femmes et tous deux jusqu’à l’obsession. Cela n’a pas empêché Mapplethorpe de photographier des nus féminins et Rodin de modeler de nombreux corps masculins.
Pourtant la confrontation entre ces deux artistes se transforme instantanément en un dialogue inattendu. Sept thèmes ont été retenus par les commissaires, servant de fil rouge aux rapprochements qui sont à la fois formels, thématiques et esthétiques. Mouvement et Tension, Noir et Blanc/Ombre et Lumière, Erotisme et Damnation sont quelques-unes de ces grandes problématiques traversant l’oeuvre des deux artistes.
La Réunion des musées nationaux organise parallèlement au Grand Palais une rétrospective Mapplethorpe, du 22 mars au 14 juillet 2014.
Commissaires de l’exposition Hélène Pinet, Responsable de la recherche et des collections de photographies du musée Rodin Judith Benhamou-Huet, critique d’art, journaliste Hélène Marraud, attachée de conservation, chargée des sculptures du musée Rodin.
Pour surprenant a priori que puisse paraître le rapprochement entre Mapplethorpe (1946-1989) et Rodin (1840-1917), il laissera pourtant à chaque détour le spectateur interloqué. Pour deux raisons.
La première est une apparente banalité : tous deux, par des moyens différents, appréhendent le corps humain et en font le medium quasi-unique de leur expression.
La deuxième nous introduit à la véritable dimension de leur création : l’un comme l’autre débordent les frontières des domaines par lesquels ils s’expriment, des techniques qu’ils utilisent : la photographie se fait sculpture, la sculpture devient le moyen de révéler des images, au point que, dans les face-à-face présentés dans le catalogue, on confondra volontiers photographie et sculpture.
En savoir plus : www.musee-rodin.fr