Les portraits EXCESSIFS de Stéphane de Bourgies
C’est par Nino Cerruti, chez qui il faisait du baby-sitting, que tout a commencé. Lorsque le jeune Stéphane lui demande un petit job d’étudiant, le couturer l’engage dans sa boutique de La Madeleine. Passionné de photo, on lui confie la couverture du défilé. Bonne pioche : ces premières images l’amèneront à couvrir les années suivantes les défilés de St. Laurent, puis Dior… Quelques années suffisent au jeune homme à faire le tour de la question, et il ouvre bientôt son propre studio pour s’affranchir des contraintes des défilés : « Je voulais travailler sur mes propres mises en scène et non celles des autres, parce que sur les défilés on ne décide de rien, ni de la lumière, ni de la direction de modèles ».
Il s’installe portraitiste, et son regard décalé lui permet de se faire rapidement connaître. Un succès qu’il attribue à son affection pour ses sujets : « J’aime les gens, les gueules, les marques de la vie. C’est la moindre des choses quand on est portraitiste ». D’accord, mais ces portraits très contrastés, presque excessifs ? « J’ai horreur des photos aseptisées, plates, baignées de lumière ». Jamais de fond à ses images, un choix afin de ne pas dissiper l’attention ? Pas du tout : « Je travaille uniquement en studio, travailler dehors m’emmerde parce que je n’aime pas être dépendant du vent, du soleil, de la pluie, des gens qui regardent… » Tout est dit. Stéphane de Bourgies a le caractère aussi affirmé que ses images, et sait exalter celui de ses clients comme personne.
Thierry Billard, éditeur
« Il avait aimé le portrait de Christophe Rocancourt que j’avais fait pour le livre qu’il éditait, et il m’a fait dire par l’intermédiaire du DA de Flammarion qu’il aimerait beaucoup que je fasse son portrait. Il ne savait pas du tout où il allait ni dans quoi il s’embarquait, et j’ai vraiment poussé le truc loin. Ce qui est bien, c’est quand tu pousses les séances un peu loin et que les gens apprécient, parce que ce n’est pas évident d’accepter cette image de soi. Lui a tellement adoré qu’il m’a par la suite commandé un triptyque qu’il a mis chez lui ».
Tom Mills, avocat
« C’est un Manager Partner d’un gros cabinet d’avocats américain. Quand je le rencontre au cours d’un dîner, je lui dis qu’il faut qu’il passe au studio, que j’aimerais le photographier, et on a fait cette série, qu’il a adoré. Sur cette photo, tu sens clairement que, comme avocat, il vaut mieux l’avoir de ton coté qu’en face ; tu le sens prêt à bondir et à te croquer. J’adore ces gros doigts patauds, ces rides et ce regard qui te scie. J’ai horreur des photos complaisantes – j’en fais évidemment si on me les commande, j’ai un job à remplir et je le fais – mais si on travaille sur du portrait j’aime embarquer les gens assez loin, c’est là qu’il y a du relief et que c’est amusant ».
Pierre Cornette de Saint-Cyr, commissaire priseur
« Lorsqu’il est arrivé au studio je me suis dit que l’on avait toujours vu cet homme charmant, qui est un parangon de courtoisie et d’élégance, hyper souriant sur les photos. Et aussi qu’un type qui est capable de vendre un tableau 500.000 euros est un killer quelque part. Aussi au lieu de le faire sourire j’en ai fait un tueur, avec une vraie gueule, on dirait Karajan ! »
Gérard Darmon, acteur
La séance était commandée pour un magazine. Ce qui est extraordinaire avec lui, c’est qu’il arrive à l’heure, te regarde droit dans les yeux, te serre la main… Un type adorable, il regarde l’objectif et ça suffit : tu fais tes lumières et il est bon partout. Hyper pro mais hyper gentil… on a fait un séance de rêve. Une anecdote : à un moment son col de chemise rebiquait, je vais pour le redresser et il me dit « Oh la la, non : Sinatra disait toujours « Quand tu es sur scène il faut toujours qu’il y ait un tout petit défaut, qui fait que toutes les femmes des premiers rangs rêvent de venir le corriger sur toi ! ».