En pays de Cornouaille
En atterrissant à Lorient, la route qui mène au Manoir de Dalmore hésite entre mer et continent, sous la voûte de grands arbres ou en lisière d’une côte charmante et chargée d’embruns. La commune littorale de Névez et ses alentours abritent un riche patrimoine disséminé au hasard des chemins creux : moulins à marée, fours à pain, calvaires, fontaines, ancienne carrière de granit de Kerrochet, hameaux de chaumières et maisons en «pierres debout». Jusqu’à la corniche de Pouldon à Névez, l’ancien duché de Bretagne, au sud du Finistère, égrène ses villages aux maisons appareillées en dalles de schiste et ses cités à pans de bois. Un habitat parfois sévère, souvent époustouflant, qui plante ses fondations dans un décor aussi terrien que maritime.
Arrivés au Manoir, qui a retrouvé sa majesté grâce à un jeune couple bien décidé à faire revivre la demeure familiale, la vue sur l’océan est miraculeuse. Un jardin en pente douce gagne une plage de sable blanc bordée de quelques cabines de mer. A l’intérieur du Manoir, le décor est simple et élégant : quelques chambres modernes, d’autres à l’aspect rustique avec leur cheminée, toutes pimpantes et confortables, donnant une merveilleuse ouverture sur cette Bretagne colorée. Des couleurs comme celles de Paul Gauguin et de tous ces peintres venus se blottir l’espace d’un moment ou de toute une vie sur les bords de cette rivière vivante, coeur battant de Pont Aven. Au creux d’un val riant, le bourg égrène ses maisons et ses moulins à eau le long d’une boucle capricieuse de l’Aven semée de chaos granitiques.
Attablés à la terrasse des Sables Blancs, on profite de myriades de points lumineux formant un papillonnement brillant sur une interminable plage lorsque le soleil brille sur les vagues. Enfin, blottie au fond d’une baie, Concarneau, née autour d’une ville close fortifiée sur l’îlot rocheux du Conq, découvre ses trésors et son histoire. Deux ponts invitent à franchir la mer puis la muraille pour pénétrer dans la rue principale. La cité doit sa prospérité à la pêche (sardine et thon), à son port très actif et à l’essor des conserveries. Malgré un tourisme de masse en été, flâner dans ses allées ou prendre une navette maritime est très plaisant. Il faut ensuite suivre nonchalamment la magnifique « riviera finistérienne » constellée de petits voiliers surplombés de maisons blanches et grises ponctuées de phares, jouxtant le pays bigouden. Lorsque le ciel devient bleu sombre, il est bon de se réfugier à la Villa Tri Men à Combrit Sainte-Marine. Une ancienne colonie de vacances transformée avec goût et élégance en quatre-étoiles dominant un bras de mer. Les chambres sont blanches, lumineuses, et intègrent avec bonheur l’esprit marin de ce coin de Bretagne. A quelques pas, le quai est jalonné de charmants bistrots et de tables savoureuses comme celle de l’hôtel du Bac, où coquillages et crustacés sont servis à l’envi. Le lendemain Quimper nous ouvre ses portes et dévoile ses secrets : du haut des tours de la cathédrale Saint-Corentin, voici un beau point de vue sur le centre historique de la cité, avec son palais épiscopal et la tour de l’évêché de style gothique.
La balade se poursuit en remontant à l’ouest vers les côtes plus périlleuses de la pointe du Raz jusqu’à la presqu’île de Crozon. Entre les deux, le regard se repose sur la baie de Douarnenez pour un déjeuner au Clos de la Vallombreuse sans jamais s’éloigner de la mer. Au bout d’une heure de route battue par les vents, la côte s’élance vers l’Océan comme la proue d’un navire. Blanchie par les embruns et les bourrasques, la pointe du Raz, promontoire le plus avancé du continent, ne cesse de raconter des histoires de naufrages dans un déferlement de vagues avec en arrière-plan la découpe de l’île de Sein. Avant de quitter ce pays de Cornouaille, une visite au sublime village de Locronan s’impose, avec son hôtel de la Compagnie des Indes dont la façade impressionne par ses dimensions et la régularité de son appareillage, et ses demeures en pierres de taille de granit. Elle fait partie de ces cités historiques et de charme qui jalonnent le sud du Finistère. q Cette Escapade a pu être réalisée grâce à l’efficacité et à la disponibilité de Jean-Luc Jourdain et à l’Office de Tourisme du Finistère (0298530405). Avec tous nos remerciements.
Photos Barbara Ghéno