Le Royal Mansour à Marrakech
Propriété du roi Mohamed VI, cet établissement hors norme a demandé trois ans et demi de chantier afin de créer un havre de paix sans égal à quelques centaines de mètres de la Medina.
La direction en a été confiée à l’un des hommes les plus respectés dans le petit monde de l’hôtellerie de haute volée : Jean-Pierre Chaumard, qui fut quinze ans durant l’âme du Royal Palm, à l’Ile Maurice. Partant d’un hôtel haut de gamme comme les autres, cet expert de l’exceptionnel est parvenu à faire de celui-ci l’un des endroits les plus courus de la planète en restant immanquablement fidèle à sa devise qui veut que c’est la clientèle d’un hôtel qui fait la qualité de celui-ci.
Comment lui donner tort ? Il existe aujourd’hui de par le monde des dizaines – voire quelques centaines – d’établissements de très haut niveau, aux prestations comparables en termes de surfaces habitables, de luxe des matériaux et de niveau des équipements. La qualité du service a fait un temps la différence, que ceux qui pêchaient sur ce point s’attachent à combler, et l’exclusivité des voyages sur mesures donne le la depuis quelques années : il ne faut au bout du compte pas réfléchir bien longtemps pour convenir que dans cet univers où l’on n’accorde au prix qu’une importance toute relative, ce qui fait la différence entre un établissement d’exception et un autre, est effectivement sa clientèle. Les palaces les plus célèbres du monde en ont fait la démonstration : ne citons que le Ritz et le Plazza Athénée à Paris, le Waldorf Astoria à New York, le Château Marmont à Los Angeles, la Mamounia à Marrakech… et le Royal Palm à Maurice. En y recevant comme des amis d’innombrables célébrités des arts, de la politique et de la culture, assurés d’y passer des vacances tranquilles entourés de clients qui ne les importuneraient pas, Jean-Pierre Chaumard en a fait le palace de référence de l’Océan Indien. Lorsque vingt ans plus tard le roi du Maroc lui offre de prendre la direction de ce qu’il veut être la référence parmi les références, il accepte sans hésiter. Encore cinq ans plus tard, le Royal Mansour est devenu légendaire. Ici la notion d’économie n’a pas le même sens qu’ailleurs : on n’y recherche pas la rentabilité mais l’approche de la perfection.
Une vue incroyable sur Marrakech by night depuis la terrasse de votre Riad
Le Royal Mansour, c’est une oasis d’un luxe inouï installée dans un parc de 3,5 hectares au coeur de Marrakech. C’est une rue privatisée pour garantir le silence à sa très exclusive clientèle.
Ce sont les plus beaux marbres aux sols, les soies les plus magnifiques aux murs, les plafonds ciselés les plus étourdissants, c’est le spa le plus exclusif qui se puisse imaginer et c’est, comme l’a souhaité Jean-Pierre Chaumard, la clientèle la plus huppée qui soit. Le jour de notre visite on y croisait Bill Clinton venu incognito. La semaine suivante on attendait l’Emir du Qatar. Un staff de 500 personnes veille au bien-être des clients, que l’on compte généralement par dizaines seulement. C’est dire l’impression exceptionnelle dégagée par l’endroit : celle de disposer d’un palace pour son usage exclusif. Troublant au premier abord, infiniment reposant ensuite. Et romanesque aussi. Bien qu’aucun d’entre eux n’ait honoré l’endroit de sa présence, on convoque le souvenir des grands auteurs des temps passés : Faulkner, St. Exupéry, Fitzgerald, Maugham… Ayant franchi la porte monumentale inspirée des grandes portes des villes impériales du Maroc, on pénètre dans un lieu exclusivement réservé aux résidents. Hall majestueux, salons, bars, bibliothèque : partout règne un silence presque surnaturel. Nous y reviendrons. Inspiré de l’architecture maure traditionnelle, l’agencement du bâtiment principal, fait de tadelakt (plâtres de chaux) brillants et lisses, de zelliges (carreaux de céramique ornementaux), de bois aux sculptures géométriques et de plâtres en dentelle, rend hommage à la diversité et la virtuosité des artisans locaux.
Vertigineuse vitrine de savoir-faire ancestraux, l’établissement, qui se devait d’être à la pointe de la technologie, révèle également une conception avant-gardiste entièrement pensée pour la tranquillité de ses clients. Ainsi par exemple le réseau de tunnels souterrains qui permet au personnel d’accéder aux 53 riads tout en garantissant une intimité et une discrétion absolues à la clientèle. Ces résidences privées, auxquelles on accède par un labyrinthe d’allées bordées d’oliveraies et de palmiers séculaires, disposent d’une à quatre chambres, organisées autour d’une cour centrale, et proposent toutes une salle de séjour, un bar, un vestibule, une terrasse privative dotée d’un bassin d’agrément sur le toit et un patio. Certaines d’entre elles disposent aussi d’une salle à manger, d’un hammam privé et d’une tente. Ici encore, la construction révèle une étonnante fusion de tradition et de modernité, avec d’une part une décoration artisanale faite de meubles sur mesures et de tissus luxueux propre à chaque riad, et d’autre part une conception à la pointe de la technologie, avec notamment des toits équipés de capteurs de pluie se fermant automatiquement dès les premières gouttes, et des panneaux de commandes tactiles dans chaque pièce.
Le Royal Mansour se devant d’être « au-delà des attentes du voyageur le plus exigeant », la restauration ne pouvait être que du meilleur niveau, c’est pourquoi Jean-Pierre Chaumard a fait appel à Yannick Aléno, trois étoiles au Michelin, pour organiser les cartes. Ainsi que l’on déjeune ou dîne à La Grande Table Marocaine ou à La Grande Table Française, les deux restaurants gastronomiques, à La Table, le restaurant de plein air de la loggia, dans son riad ou sur la terrasse de celui-ci, on est assuré de savourer l’une des meilleures cuisines du monde.
Point d’intérêt indispensable à tout hôtel de prestige, le spa est à lui seul un voyage oriental. La pureté de ses tons blancs y est ponctuée par une flore éclatante et seul le chant des oiseaux vient troubler le silence qui y règne. On y pénètre par un vertigineux atrium de fer forgé blanc qui évoque une gigantesque volière. L’équipe de spécialistes qui accueille le visiteur élabore avec lui un programme sur mesure avant de le diriger vers les différents soins. Au rez-de-chaussée hammams, salons de coiffure, manucure et pédicure, bassin Watsu, boutique, espace détente et salon de thé ; au premier étage massages, soins du visage, hydrothérapie et soins enveloppants. Si tous les soins sont prodigués dans des espaces privés, les familles ou les plus agoraphobes peuvent choisir de recevoir les leurs dans des suites privées, dotées d’une ou plusieurs salle(s) de soins, d’un salon et d’une terrasse privative permettant de se reposer le regard perdu sur les monts de l’Atlas. Incroyable. Enfin la piscine qui jouxte le spa mérite à elle seule le détour. Installée sous une immense verrière style Art nouveau, elle évoque le Grand Palais de Paris et les fastes de l’Exposition universelle et invite à la détente.
La promenade au hasard des allées du jardin est elle-même une expérience marquante. Il y a bien sûr la géométrie, les couleurs des bougainvilliers, des orangers, des œillets et des daturas, celles des céramiques, des pierres et des dallages, il y a les effluves de rose, de jasmin, de gardénia, de romarin et d’eucalyptus, il y a le ruissellement des murs et des bassins, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles caressées par un vent léger…
Et il y a surtout cet incroyable silence, rare et précieux, qui nous ramène au jardin d’Eden et à l’aube des temps. Intangible raffinement de chaque élément, de chaque détail, un instantané du paradis, conscience que l’on vit là un instant privilégié, hors du temps, hors du monde.
Au Royal Mansour, le temps d’un séjour l’hôte s’immerge avec délice dans les contes orientaux, en savoure le raffinement absolu ; il devient Alladin, le génie de la lampe s’est vraiment surpassé pour nous offrir pareil endroit.
Un silence surnaturel
Tant il est vrai que le bruit est devenu l’un des fléaux de notre époque, le silence qui règne dans le Royal Mansour en fait un jardin d’Eden. Miracle ? Pas du tout : technique. Et surtout : astuce. En enterrant l’intendance, l’établissement garantit une quiétude et une intimité incroyables aux résidents, dans les bâtiments comme dans les jardins. Ici jamais on ne croise une femme de ménage ou un employé portant un plateau ou poussant un chariot : le ballet du personnel est totalement invisible. Mais s’il est de la discrétion la plus absolue qui se puisse imaginer, le service dans les riads est cependant attentif et permanent.
En deux mots :
Royal Mansour, Marrakech. Tel. +212 (0)5 29 80 80 80 www.royalmansour.ma 34 riads une chambre, de 130 à 180 m2 à partir de 1350 € la nuit. 14 riads deux chambres, de 430 à 450 m2 à partir de 3650 € la nuit. 4 riads trois chambres de 850 m2 à partir de 10.000 € la nuit. 1 riad quatre chambres de 1800 m2 à partir de 36.400 € la nuit.
Ci-dessus et à droite : des perspectives vertigineuses. Page de droite en haut : l’étonnante structure de fer forgé blanc du spa, celle de la piscine, qui n’est pas sans évoquer le Grand Palais de Paris, à droite une chambre et une terrasse