Le plus du Goodyear main
L’actualité de rentrée de la maison de la rue Vivienne a été marquée par le grand retour du Goodyear, et notamment du Goodyear main, qui se caractérise par une trépointe cousue main dont la première (en veau, avec mur de montage relevé, plus satisfaisant pour le puriste que le mur de coton rapporté qui est par ailleurs devenu l’ordinaire) est elle aussi cousue main dans son épaisseur. Un montage devenu rare, et carrément unique dans le domaine du prêt-à-chausser, qui mérite, même s’il n’est pas acheté, à tout le moins d’être découvert et examiné dans le détail. De ce point de vue, la passion que manifeste la famille Aubercy pour le travail bien fait est telle que tout visiteur poussant la porte pour découvrir la qualité de ce montage effectué dans les règles de l’art bottier, est toujours bien accueilli.
Il est peut-être utile de rappeler ici que si le Goodyear est toujours resté disponible ici, il s’était vu remplacer ces dernières années par un superbe blake pour l’essentiel de la ligne prêt-à-porter. Cependant, pour qualitatif et durable que soit celui-ci, la maison avait envie depuis longtemps de proposer à nouveau quelques modèles good’ à sa clientèle.
Si nos lecteurs savent la façon dont ce montage a été galvaudé dans le courant des dix années passées, seuls les plus pointus savent que les chaussures Aubercy ont toujours bénéficié d’un Goodyear main, ne serait-ce que pour la simple raison que l’atelier maison ne dispose pas de l’équipement nécessaire à un Goodyear machine. Exclusivement main, donc, par la force des choses. Une technique de grande mesure mise ici à la disposition de toute la production maison, prêt-à-porter compris. Incroyable mais vrai.
Les vrais amateurs seront par ailleurs heureux de savoir qu’ils ont également le loisir, moyennant supplément, de se faire réaliser une couture complète de la semelle petit point à la main, une façon que même certaines mesures vendues trois fois plus cher ne pratiquent plus. Aubercy marque le grand retour du Goodyear dans ses collections avec trois modèles incorporant la ligne Prestige, notamment caractérisée par sa déforme bicolore noire naturelle et sa doublure violette. Le premier d’entre eux est le Wilde.
Il s’agit d’un richelieu à bout droit rapporté finitions fantaisie monté sur une très belle forme à bout fluide, ligne de claque soulignée d’un double rang de coutures ; un modèle merveilleusement équilibré et absolument superbe. Il sera bientôt rejoint par deux autres nouveautés : un derby et un Balmoral, puis par une petite production mesure éditée en série limitée.
Fixé à 950 euros le tarif du Wilde apparaît ainsi, même s’il représente une somme en valeur absolue, parfaitement justifié, d’autant plus qu’il s’agit typiquement du type d’achat que l’on peut voir comme un investissement, les qualités intrinsèques du modèle et le classicisme de ses lignes le promettant sans problème à un usage d’une vingtaine d’années, voire plus s’il est bien entretenu.
Eclectique
A côté de ses trois modèles Goodyear Prestige, la maison continue de développer des modèles très classiques, comme ce richelieu à plastron mesure partageant la forme du Wilde, et toute une offre de modèles en croco, comme ce derby serres d’aigle, éventuellement accessoirisés de gants et pièces de petite maroquinerie coordonnés. Un bonheur pour les plus exigeants.
Comptez entre 2800 et 3500 euros pour une paire mesure. Enfin, ceux qui pourraient oser le croco mais sont freinés par les tarifs de la plus chère des peaux exotiques pourront sauter le pas chez Aubercy avec le discret loafer à plateau Monte-Carlo, vendu seulement 1300 euros. Une affaire, n’en doutez pas un instant.