Le pantalon
Comme pour les autres pièces de son vestiaire, l’élégant est attentif aux détails qui caractérisent son pantalon. Pour la coupe, celui-ci peut être droit ou à pinces, et dans ce cas ces dernières être simples ou doubles, et montées à la française ou à l’italienne, c’est-à-dire tournées vers l’intérieur ou l’extérieur. Tournées vers l’intérieur, les pinces françaises ne pardonnent rien côté silhouette, et auront tendance à souligner une amorce de ventre, alors qu’une coupe sans pince la minorera (voire la gommera si elle est naissante), ainsi que des pinces italiennes, dans une moindre mesure.
Les poches peuvent être implantées à la française, fondues dans la couture de côté, à l’italienne, légèrement en biais avec un décalage de quelques centimètres par rapport à ladite couture, ou cavalières, à l’horizontale.
Côté coupe toujours, la cigarette est la plus tendance depuis trois saisons déjà, et des bas à 18 ou 19 cm constituent la norme dans le domaine. A 20 ou 21, on est dans une coupe classique « with a twist », c’est-à-dire contemporaine sans excès fashion, au-delà de 23 cm à la notable exception d’une coupe bootcut sans pince élargie sous le genou on dérive sérieusement vers le côté papy dans le meilleur des cas, ringard dans le pire (cochez la case choisie).
Pour ce qui est des finitions qui interpellent le regard du dandy XXIème, on citera la petite découpe en V arrière, pour l’aisance, généralement soulignée d’une mouche en fil contrasté, les tirettes de serrage latérales (ou « tirettes côté »), pour les utilisateurs de bretelles bien sûr mais aussi pour tous ceux qui sont réfractaires à la ceinture (accessoire qu’un dandy pur et dur ne saurait concevoir ! ), les boutons de bretelles destinés aux mêmes utilisateurs (leur absence n’étant pas un défaut rédhibitoire, puisque l’on peut toujours les ajouter mais, à tout prendre, autant se faire faire un pantalon destiné au port de bretelles SANS passants de ceinture), les piqûres baguette sur les côtés des jambes et, pour les plus élégants, la petite fente côté en bas de jambe, finition d’ourlet très habillée empruntée aux pantalons à soutache des années 1830, qui étaient tenus sous la chaussure par une bride. Hyper dandy, en tout état de cause.
Avec quoi le porter ?
La coupe sans pinces, à poches cavalières :
- Elle convient mieux aux morphologies hanches et jambes étroites.
- Elle est idéale avec les vestes cintrées aujourd’hui à la mode, et en particulier celles de bonne longueur.
Les pantalons à pinces :
- Les pinces améliorent l’esthétique du tombé en station debout, mais ont tendance à blouser lorsque l’on s’assoit.
- Elles sont adaptées aux vestes larges, et totalement incompatibles avec une coupe de pantalon serrée.
Le pantalon de flanelle
Réservé aux seuls pantalons d’été jusque dans les années 30, il s’est largement généralisé depuis lors, et se porte aujourd’hui en toutes saisons. Son nom vient du mot flannell, qui vient lui-même du Gallois glwân, qui désigne un objet en laine. Cette laine doit sa douceur et sa souplesse à son procédé de tissage spécifique, les fibres de laine mérinos étant passées au fouloir jusqu’à ce qu’elles feutrent. Quoi qu’on le voie souvent assorti d’un blazer ou d’une veste un peu formelle, le pantalon de flanelle est adapté aux vestes de sport.
Le chino
Il lui aura fallu cent ans pour devenir un classique, dans les années 60. Certains historiens attribuent ses origines au commandant d’un régiment de l’armée britannique stationné en Inde, qui commit l’idée, afin de minorer les effets de la saleté ambiante, de teindre les uniformes blancs avec un mélange de café, de curry et de jus de mûres, lequel mélange donna naissance à la couleur kaki (khaki signifiant « couleur de la terre » en Hindi).
Il ne sera baptisé chino qu’au XXème siècle, à la suite d’un étonnant concours de circonstances, qui amena des soldats américains à acheter aux Philippines des pantalons de coton de Manchester initialement destinés au marché chinois, que des vendeurs peu scrupuleux avaient détourné de leur destination pour multiplier leurs bénéfices. Ignorants de ce détail, les soldats baptisèrent spontanément ces pantalons « chinos », le nom était né. S’il débarque en Europe à la fin des années 40, le chino ne percera véritablement qu’au début des années 80, avec l’explosion du casuawear.
Aux Etats-Unis qui l’adoptèrent bien avant nous, il se situe à mi-chemin entre le pantalon de costume classique et le jean, et on le porte souvent avec veste et cravate, alors que son utilisation est plus décontractée en Europe en général et en France en particulier.
Les grandes universités américaines en ont fait leur uniforme en l’associant à une veste collège, une chemise et une cravate, et c’est sur ce total look particulier que Ralph Lauren a construit sa renommée et sa fortune. En France, Daniel Crémieux en a également fait sa ligne directrice.