Le Château Léoville Poyferré reçoit en son nouveau domaine
On a beau dire ce que l’on voudra sur le fameux classement des crus du Médoc de 1855 : qu’il était fondé sur des critères totalement subjectifs dissociés de la qualité intrinsèque des terroirs, qu’il a figé dans le marbre une situation qui ne correspond plus du tout à la réalité d’aujourd’hui, que bon nombre de cinquièmes crus sont bien meilleurs que bien des deuxièmes ou que certains crus classés sont très inférieurs à de simples crus bourgeois (dont certains devraient figurer en haut du classement des crus classés), il n’en demeure pas moins qu’un grand château du Médoc classé en 1855 reste une valeur sûre qui compte parmi les meilleurs crus de France et du Monde.
Le château Léoville Poyferré, dont la famille Cuvelier est propriétaire depuis presqu’un siècle, a parfaitement conscience de ce qu’implique le fait d’être propriétaire d’un cru classé aussi prestigieux que Léoville Poyferré. C’est la raison pour laquelle après avoir fait de très gros efforts sur la conduite du vignoble et la gestion des chais, Didier Cuvelier qui préside à la destinée des domaines de la famille, a décidé de doter Léoville Poyferré d’un vrai concept architectural qui lui faisait vraiment défaut.
C’est ainsi qu’après onze années de travaux, le cru vient de dévoiler son tout nouveau site. Les travaux ont été réalisés sous la houlette de l’architecte Bruno Legrand, bien connu du monde vinicolte, et donnent une nouvelle dimension à ce deuxième grand cru classé. Ils étaient indispensables car si Didier Cuvelier avait su amener ses vins à un très haut niveau qualitatif, l’environnement de Léoville Poyferré nécessitait une réelle revalorisation, et surtout une meilleure cohérence. C’est avec ce double objectif qu’un vaste chantier de plus de dix ans a été entrepris. Il faut savoir qu’en 1840, lorsque naquit le château Léoville Poyferré, dans le prolongement de la division du grand domaine de Léoville qui donnait naissance à Poyferré, Las Cases et Barton, contrairement aux châteaux Léoville Barton et Léoville Las Cases le premier des trois ne disposait pas d’un site à la hauteur de la qualité de ses vins. C’est donc plus d’un siècle après la naissance de Léoville Poyferré qu’a enfin pris naissance la question de doter le domaine d’un ensemble architectural à la hauteur de l’inconscient collectif des amateurs de grands bordeaux. L’idée originale fut de doter la propriété d’un concept architectural à l’image de sa fameuse étiquette. Le résultat est très intéressant car le cahier des charges semble avoir été totalement respecté. La bâtisse de Léoville Poyferré cadre exactement avec l’étiquette et présente un esthétisme à la fois rigoureux, sobre et moderne. On sent au travers de cette réalisation que le Médoc s’ouvre enfin aux visiteurs et que les illustres châteaux qui jalonnent la départementale n°2 ne sont plus nécessairement des bâtisses fantômes aux volets fermés conservant cérémonieusement leurs secrets. Le « nouveau château Léoville Poyferré » affiche clairement l’intention d’accueillir les visiteurs, d’attirer à lui les amateurs du monde entier et faire Vins 27 enfin partager la magie du Médoc, qui est apparu bien longtemps comme une affaire d’initiés. Il est donc désormais possible à tout un chacun de venir visiter le château de Léoville Poyferré, mais également de profiter de vraies dégustations d’une à deux heures selon la formule choisie, pendant lesquelles il est possible de déguster le vin en cours d’élevage, les différents millésimes disponibles sur le marché et aussi et surtout les vieux millésimes qui font l’âme d’un grand cru.
A l’intention des amateurs nous rappellerons pour finir que le château Léoville Poyferré propose trois vins à la vente : le grand vin vendu sous l’étiquette château Léoville Poyferré : deuxième cru classé, toujours de très haute tenue même dans les millésimes difficiles (peut-être l’occasion de faire de bonnes affaires), le château Moulin Riche qui est issu d’un terroir spécifique distinct de celui du château Léoville Poyferré, et propose un vin de très belle facture, le Pavillon de Léoville Poyferrré, qui est le second vin du château et provient essentiellement de jeunes vignes n’ayant pas encore atteint leur plein potentiel qualitatif. C’est un second vin honorable qui a le mérite de permettre à celles et ceux qui le dégustent d’avoir une première idée de ce que peut être un vin issu du domaine.