Record Bale Loro Piana… C’est un peu le championnat du monde de Formule1 ou la Coupe du Monde de football des esthètes et des élégants. En créant la Record Bale (littéralement : balle du record), Loro Pina n’imaginait peut-être pas créer un événement aussi passionnant pour les connaisseurs.

Pourtant, depuis la création de ce prix annuel, les puristes les plus exigeants du monde entier suivent son évolution avec intérêt. On rappellera ici qu’il s’agit de la récompense attribuée chaque année à l’éleveur qui aura fourni la fibre de laine la plus fine du monde.

Pour y parvenir, les meilleurs éleveurs du monde se livrent une concurrence acharnée en entourant leur cheptel de soins extraordinaires : alimentation sous haute surveillance et herbages scrupuleusement contrôlés bien sûr, absence de clôtures il va sans dire, mais aussi des attentions exceptionnelles destinées à optimiser la laine de ces « bêtes de concours », comme par exemple manteaux de nuit les protégeant du froid et même de la musique classique diffusée dans les bergeries pour éliminer le stress ! Incroyable mais vrai. C’est à ce prix que les éleveurs australiens et néo-zélandais se sont révélés au fil des ans être les meilleurs du monde, et se livrent depuis la création de la Record Bale une lutte acharnée à la façon des duels Prost-Senna ou Federer-Nadal, genre « un an à toi un an à moi ». En encourageant cette course à la qualité ultime, Loro Piana a fait progresser la laine de très haut de gamme plus rapidement en quelques années que durant les décennies précédentes.

Le 27 novembre, le tisseur italien réunissait les spécialistes et la presse internationale à Londres pour consacrer la laine du record 2015, et couronner cette année la ferme australienne Pyrénées Park, qui a livré une balle mesurée à 10,3 microns, battant son propre record établi l’année dernière. Sa principale concurrente, la ferme néo-zélandaise Lindis Ridges, n’a pas démérité en présentant une balle de 10,6 microns, soit le niveau du record de l’année dernière. Les deux protagonistes de cette lutte au sommet n’en resteront pas là et promettent d’ores et déjà de faire mieux encore l’année prochaine.
En attendant, ce nouveau record va permettre à Loro Piana d’utiliser la balle du précédent (10,6 microns donc), avec laquelle la maison tissera 150 mètres de la laine la plus fine du monde, avec lesquels elle pourra fabriquer une quarantaine de costumes, que s’arracheraient les connaisseurs et collectionneurs du monde entier si n’avait été mis en place un système d’achat de type first refusal, qui favorise les fidèles et ouvre la porte à de nouveaux impétrants en cas de renonciation d’un prédécesseur.

Est-il utile de le préciser : la demande excède (très) largement l’offre et chaque propriétaire d’un costume Record Bale (« un nombre restreint de vrais connaisseurs » souligne la maison) tire de celui-ci la fierté toute particulière de posséder une pièce officiellement certifiée pour être de la meilleure qualité du monde.

Pier Luigi Loro Piana (à droite) récompense les éleveurs australiens qui produisent la fibre de laine la plus fine du monde.