Hollywoodienne : La Villa Calvi
Devant moi la baie de Calvi sous le soleil. Sur la gauche une colline en pente douce, la citadelle, souvenir fortifié d’un XIIIème siècle rude, une petite digue, au loin la côte de la baie, et à l’arrière-plan les reliefs du Cap Corse. En tournant la tête, sur ma droite une petite chaîne montagneuse encadrée par le Monte Grosso et le Monte Cinto, plus haut sommet corse culminant à 2700 mètres. Au premier plan, à mes pieds, le carré d’un bassin de pierre noire, à la surface duquel semblent flotter trois canards nacre, vert et rose signés Marinetti. Ces sculptures ne pataugent pas dans l’eau fraîche : leurs quintaux de bronze reposent sur des supports immergés. Derrière les voilages de la salle à manger, le personnel repasse les nappes sur les tables avant la mise en place. Pas un nuage dans le ciel bleu. La température est douce sans excès : une cotonnade légère ou une chemise de lin suffit au bien-être. Ne serait-ce le débordement du bassin évoqué plus haut, le silence règne. C’est curieux comme on parvient à entendre le silence derrière une source sonore. Quoi qu’il en soit, l’image est idyllique. On dirait un tableau. Pas de ceux de JonOne ou de Sylvie Barco exposés dans l’hôtel. On penserait plutôt à un Vettriano : calme et douceur de vivre. Il y a plusieurs tableaux dans la vue que l’on a depuis les terrasses de La Villa, à Calvi. Le village à flanc de colline, sur la gauche, c’est la Provence, avec ses toits de tuiles, ses façades ocre et son arrière-plan de verdure brûlée de soleil. La citadelle, c’est l’Histoire et l’aventure, la naissance de Christophe Colomb, plus près de nous Chez Tao rendu célèbre par les frasques de la jetset dans les années 40. C’est un petit village perché au sommet d’une fortification abrupte dominant la mer. A ses pieds le port, typique, avec ses maisons à petits balcons qui évoquent plutôt l’influence génoise. Un endroit d’un calme irrésistible jusque fin juin et à partir de début septembre… Devant nous la baie, la mer. Au petit matin la brume semble vouloir y somnoler encore un peu et participe d’une image d’une grande beauté. Au fond les montagnes. Quelques villages, beaucoup de verdure, des sommets de pierre grise. La Balagne, superbe jusqu’à en être ensorcelante.
Un tableau unique, changeant aussi, la lumière n’étant jamais la même tout au long de la journée. Douce, crue, irisée, dure, lumineuse… On ne se lasse pas de rester là, absorbé par ce spectacle merveilleusement reposant, à 90 minutes de vol de Paris, et pourtant si éloigné de la frénésie de la capitale. Ici on oublie les soucis quotidiens, le stress, l’agitation ; la vie semble couler à un autre rythme.
Nous avons posé nos valises à La Villa, à Calvi. La précision imposerait de dire « sur la baie de Calvi ». Installé dans un parc de trois hectares planté d’allées de cyprès, de massifs de myrtes et de bouquets d’arbustes aux parfums de maquis, l’établissement domine celle-ci et offre un panorama unique.
Unique et inoubliable
Marion et Jean-Pierre Pinelli, ses propriétaires, fêtent ses vingt ans cette année. C’est en vacances à St. Barth que Jean-Pierre, infatigable entrepreneur déjà propriétaire de deux établissements sur l’Ile de Beauté, conçoit l’idée de bâtir un petit joyau hôtelier qui se caractérisera à la fois par son charme et par la diversité de ses unités d’habitation. Il a déjà le cadre de son domaine en tête : ce sera la baie de Calvi, chez lui. De retour en France il peaufine son dossier, parvient à acheter le seul terrain où son projet pourra prendre vie, celui d’un ancien monastère, et vend ses hôtels pour pouvoir financer son rêve. C’est un risque, car la nature du projet le réserve à une clientèle restreinte. Mais l’homme est un bâtisseur ; il voit, il prévoit, il projette. S’entourant de Stéphane Maresz pour concevoir l’architecture du domaine, et de son épouse Marion, qui s’occupe de la décoration jusqu’au moindre détail, il va donner naissance à l’un des plus beaux établissements de Corse. La Villa ouvre en 1992, et intègre les Relais & Châteaux trois ans plus tard : respect.
Amis de longue date, le propriétaire et l’architecte ont imaginé ensemble le resort organisé autour du bâtiment principal, qui abrite l’hôtel, son restaurant, son bar, ses salons, le spa et la piscine couverte, domine les piscines et les restaurants d’été, est flanqué sur sa gauche du bâtiment des suites et surplombé par les villas, invisibles depuis les parties communes. C’est de celles-ci que l’on jouit de la vue hollywoodienne évoquée plus haut, et nous ne saurions trop la recommander, sans aucune réserve. Entre 250 et 450 m2, elles proposent toutes quatre chambres, quatre salles de bains, une piscine et une terrasse privées. Et se voient affecter une gouvernante particulière, alter ego des majordomes des plus prestigieux resorts de l’Océan Indien.
On pourra toutefois préférer les suites classiques ou les chambres. Pour elles aussi, Marion Pinelli a voulu une décoration moderne et épurée, jouant des variations de blanc et de camaïeux marron et beige, du mobilier Philippe Hurel, des tissus Pierre Frey, des moquettes Hartley’s : un univers de bois, de pierre et de verre sobre et confortable.
Une expo permanente
Amateur d’art contemporain, Marion Pinelli a aussi voulu donner un supplément d’âme à l’établissement en en faisant un lieu d’exposition permanent où les clients découvriront (et s’ils le souhaitent : achèteront) les tableaux et sculptures d’artistes variés. Ici le critère de sélection n’est pas le nom ou le thème, mais les coups de coeur des propriétaires. Ainsi Jonone, figure de proue du street art international (voir notre précédent numéro), Astrid Veillon, Marinetti ou Reginensi, régional de l’étape. Depuis cet été, La Villa a doté son arc d’une corde supplémentaire en inaugurant les Nuits de la Villa, un choix de Jean-Pierre Pinelli cette fois qui, passionné de musique classique, a voulu offrir à ses clients l’expérience rare de concerts privés, et a doté pour cela son hôtel d’un amphithéâtre et d’un Steinway de concert. Au programme de cette première saison Pommier, Sukhovienko, Romanenko… L’occasion pour l’hôtelier de retrouver les émotions découvertes avec les Rostropovitch, Bareinboim et autres Karayan qui ont formé son oreille sous la tutelle du baron H-L. de la Grange.
La Balagne, Calvi et le farniente En journée on choisira de découvrir la richesse régionale (la route des artisans de Balagne à la découverte des traditions locales, petits villages typiques, églises baroques et romanes…), Calvi toute proche (sa citadelle imprenable, à la fois symbole et histoire de la ville ; la voie autour des fortifications ; le Palais des gouverneurs génois, la maison natale de Christophe Colomb…) ou de rester à l’hôtel très occupé à ne rien faire autour des piscines et du bar, ou au contraire à entretenir sa forme au spa (500 m2 dédiés au bien-être : salles de massage, de fitness et de sport, soins esthétiques, hammams, piscine intérieure chauffée à 30°C…). Un verre en début de soirée devant l’extraordinaire panorama, et il sera temps d’aller déguster la cuisine de Sébastien Sevellec,
En deux mots :
La Villa Calvi Chemin Notre-Dame de la Serra – 20260 Calvi
Tél. : 04 95 65 1010 – www.hotel-lavilla.com
Fermé au mois de janvier.
Disponibilités : 22 chambres 33 à 45 m2, 14 junior suites 45 à 65 m2, 9 suites 55 à 70 m2, 5 appartements 65 à 135 m2, 3 villas 250 à 450 m2 (8 à 10 personnes).
Restauration : restaurant gastronomique La Table de Bastien, restaurant d’été La Terrasse, restaurant Le Callelu, Pool Bar, Jo’s Bar Animations : dans l’hôtel piscines, tennis, spa, billard.
A l’extérieur, organisés par l’hôtel : ski nautique, jet ski et bateau dans la baie, golf 6 trous, randonnées équestres ou en 4×4.