Genesis, l’arme secrète de Hyundai
C’est une surprise. Une bonne surprise. Sans tambour ni trompette, Genesis débarque dans le paysage automobile et s’attaque au segment des berlines haut de gamme, chasse gardée traditionnelle des ténors de la spécialité. Et le plus étonnant n’est pas qu’elle aie de sacrés arguments à faire valoir, mais que l’objectif qui lui a été assigné ne soit pas là.
Mais d’abord, qu’est-ce que Genesis ? Un modèle, une marque ? Honnêtement, l’intention ne paraît pas encore parfaitement arrêtée. Officiellement, la voiture essayée représente le fleuron de la marque Hyundai. Mais le badge Genesis affiché seul sur le capot nous incite à voir en ce nom la possible marque de prestige du constructeur coréen, à l’instar de Lexus chez Toyota et d’Infiniti chez Nissan. Nos interlocuteurs chez Hyundai (qui nous a confié la voiture) s’en défendent et affirment que l’auto est une vitrine de ce qu’un constructeur généraliste sait faire – et peut faire – en termes technologique et stylistique s’il le décide. De ce point de vue, c’est carton plein : la voiture affiche une vraie personnalité esthétique, une ligne élégante marquée par un avant façon Peugeot 508 et un arrière évoquant plutôt la Maserati Ghibli.
Cette première impression favorable se trouve confirmée à l’intérieur, où l’on découvre un habitacle luxueusement fini. Sièges cuir, équipement complet (sièges chauffants et ventilés, affichage tête haute, excellente hifi Lexicon, TO panoramique, palettes au volant, caméra 360°…) et ajustements soignés : on ne regrette guère que le tableau de bord en plastique, là où un cuir étendu aurait fait meilleur effet. Surtout avec l’alcantara qui habille le pavillon et participe de l’impression de luxe cossu de l’habitacle. Plus qu’un détail, l’alcantara, puisqu’il ne va hélas pas de pair avec l’option cuir étendu chez les marques concurrentes : un excellent point pour Genesis. Excellent également : le confort des sièges et le silence de fonctionnement, dû tant à la qualité de l’insonorisation qu’à la discrétion de la mécanique.
315 ch de force tranquille
Le capot nervuré abrite un V6 3.8 litres de 315 ch principalement caractérisé par ses bonnes manières. Silencieux comme on vient de le voir, il s’avère aussi souple à l’usage (qualité efficacement secondée par la boîte auto 8 rapports maison) et en ce sens parfaitement conforme à la philosophie automobile actuelle toute en souplesse et en douceur. Ce qui n’exclut pas les performances élevées indispensables à un haut de gamme, avec un 0 à 100 tombé en 6,5 secondes et 240 km/h en vitesse maxi. Voilà pour les bons points. Que ce gros moteur paye d’une consommation élevée (12,6 litres en moyenne pour 11,6 annoncés, mais surtout un bon 16 litres en ville) et d’un malus écologique décourageant.
Démonstration de force
En termes de prestations, d’équipement et de style, cette Genesis atteint pleinement ses objectifs : jamais on n’aurait imaginé conduire une Hyundai d’un tel niveau. Reste à présent à l’imposer et, on le sait : la concurrence est aussi féroce que solidement installée. La manière la plus logique de compenser le manque d’image par rapport aux Audi, BMW, Jaguar et autres Mercedes, serait de pratiquer des tarifs très tirés, comme le fait Infiniti. A 68.950 euros, ce n’est pas la voie qu’a choisi Hyundai. Le constructeur coréen explique que l’objectif de Genesis est de tirer l’image de toute la gamme vers le haut en présentant un vaisseau amiral vraiment réussi et indiscutable. De ce point de vue, c’est indiscutablement réussi. Et Hyundai de préciser que sa démarche est plus comparable à celle de Volkswagen avec la Phaeton qu’à celle de Toyota avec Lexus. Le problème est que VW n’a jamais vendu des milliers de Phaeton… Même pas grave : Hyundai France envisage de vendre une quinzaine de Genesis cette année, qui seront facilement livrées à l’Ambassade de Corée et au réseau.
Quoi qu’il en soit, Genesis démontre qu’un généraliste puissant (quatrième constructeur mondial et premier constructeur coréen, Hyundai est le premier employeur de son pays) peut parfaitement développer un vrai modèle haut de gamme s’il le décide. En ce sens nous verrions bien pour notre part cette Genesis comme une DS : d’abord un modèle au caractère marqué positionné premium, et pourquoi pas demain une marque à part ?