Gant : 60 ans au service du sportswear
Si l’histoire Gant débute en 1949, il y a déjà alors plusieurs années que Bernard Gant commercialise ses chemises aux Etats-Unis. C’est en 1914 que cet immigré ukrainien quitte sa terre natale pour s’installer à ?New York. Il s’y lance bientôt dans la fabrication de chemises, et son attention aux détails retient rapidement l’attention des professionnels, des maisons comme Brooks Brothers et J. Press distribuant bientôt ses produits. En l’espace de quelques années, la qualité duæ travail de Gant et ses finitions soignées font de ses chemises des références en matière de sportswear. Le succès l’amenant à s’agrandir, Bernard Gant quitte bientôt Manhattan pour New Haven, dans le Connecticut, et tandis que sa production ne cesse d’augmenter ses fils Marty et Elliot le rejoignent dans l’entreprise. Ce sont eux, pressentant un tournant de la mode vers une évolution plus casual, qui persuadent leur père de créer sa propre marque, et que Gant voit le jour en 1949.
La popularité initiale des chemises maison dans les boutiques des campus universitaires – et notamment ceux des plus célèbres : Yale et Harvard – s’étend rapidement à toute la côte Est, et séduit la fameuse Ivy League, cette élite de la société WASP (1) qui fait la pluie et le beau temps sur la bonne société américaine. Plusieurs des pièces cultes de la marque datent de cette époque, comme le locker loop, cette petite patte de fixation apposée dans le dos des chemises afin de permettre de les accrocher à une patère. Pour la petite histoire, les Américains ont tôt fait de rebaptiser ladite patte lucky loop (littéralement : « passant de la chance »), car les jeunes filles avaient pris l’habitude d’attraper leurs boyfriends par cette languette de tissu. Le bouton d’arrière des cols, qui permet de maintenir la cravate en place, date aussi de cette époque. Autant de pièces iconiques qui permettent à Dirk-Jan Stoppelenburg, CEO de la marque, de souligner que Gant est traditionnellement l’un des principaux prescripteurs de la tendance sportswear, se plaisant à rappeler que rester fidèle à son héritage avait toujours été la pierre angulaire de la politique qui a permis de construire la grande marque généraliste que l’on connaît. Soixante ans après la création de la marque, les valeurs que défendait Bernard Gant – caractère, intégrité, raffinement et optimisme – continuent de constituer le fil rouge des collections.
D’hier et d’aujourd’hui
C’est avec le tournant du siècle que les différents éléments de l’histoire contemporaine de la marque se mettent en place. Détentrice depuis 1980 d’une licence qui lui a permis de diffuser une collection Gant sur son marché intérieur, puis dans le monde entier à l’exception des Etats-Unis, l’entreprise suédoise Pyramid Sportswear achète la marque à son propriétaire américain en 1999, et se rebaptise Gant AB. Les nouveaux propriétaires ont cette fois les moyens de faire de Gant une enseigne planétaire. Ils s’y attellent efficacement, multipliant des lignes homme, femme et enfant et déclinant le nom à des collections de montres, de chaussures, de lunettes, de linge de maison et même de parfums. ?Lorsque le groupe helvétique Maus Frères (par ailleurs propriétaire de Lacoste et d’Aigle) rachète la marque en février 2008, elle assigne immédia- tement à François-Olivier Gerreboo, qui dirige la filiale tricolore, l’objectif d’accélérer le développement de l’enseigne dans l’Hexagone. Une mission dont il s’acquittera avec succès, installant le siège de la nouvelle société, Gant France SA, dans de vastes locaux (500 m2 de show-room ! ) en plein centre de Paris, et inaugurant en fin d’année la première boutique parisienne Gant, boulevard des Capucines. Cette adresse rive droite sera complétée d’une boutique rive gauche six mois plus tard, en plein quartier Saint Germain des Prés : de quoi fêter dignement les soixante ans de la marque au cours de diverses opérations prévue à partir du mois de septembre. Ces deux nouvelles adresses portent à 590 le nombre de boutiques Gant dans le monde, à travers plus de 70 pays. Le vœu de Bernard Gant de positionner sa marque worldwide a été plus que brillamment exaucé. ??
Une collection commémorative
Pour marquer l’événement, Gant a choisi de proposer une édition 60ème Anniversaire centrée autour de son produit historique : la chemise. L’occasion de rappeler que celle-ci est l’un des plus vieux composants du vestiaire masculin, même si elle n’abandonna son statut de sous-vêtement pour se montrer qu’au début du XIXème siècle, et que c’est à l’explosion du cinéma américain, dans les années 50, qu’elle doit d’être devenu un objet de mode. C’est à cette époque que se multiplient les types de cols, de manchettes et de plastrons, à cette époque aussi que Gant lance le bouton de maintien du col, qui marque la spécialité.
Pour créer la collection 60ème Anniversaire, les stylistes de Gant ont ressorti les archives d’époque et réinterprété les vintages de la maison, faisant de cette ligne collector un mixt entre l’histoire de la marque et son présent. Si certains modèles ont été réédités dans des tissus d’époque et que d’autres reprennent à leur compte la coupe caractéristique d’une décennie, les dix chemises (six pour homme et quatre pour femme) qui constituent la ligne véhiculent clairement l’esprit de la marque. Ainsi l’utilisation du Sea Island, le plus fin des cotons, toujours récolté à la main et accompagné d’un certificat d’authenticité. Ou la résurrection du Hugger, une coupe très slim historique pour Gant, celle du Rugger, mariage original d’une chemise Oxford et d’un modèle rugby, et celle du Cashmere, création qui reprend les motifs écossais et leurs couleurs à un modèle des années 60, dont elle remplace la laine par un mélange cachemire et coton.