Et franchir la ligne…
Passez ces pages si votre conception des vacances passe par un sac à dos, des rangers aux pieds et la découverte d’horizons inconnus. Même ceux qui n’y ont jamais mis les pieds ne sont pas dépaysés en découvrant les Maldives, dont les îles ressemblent à une carte postale – mer turquoise, sable blanc et palmiers. Ajoutez à cela un Océan Indien et des lagons dont la température chute rarement sous 28°, et vous avez déjà une idée de l’endroit.
Voilà pour le fond. La forme dépend de l’hôtel sélectionné. Et le choix est large : les 1199 îles de l’archipel, qui s’étend sur 800 km de long et 130 de large à 450 km au sud de l’Inde, en comptent près de 200, dont une vingtaine de 5 étoiles. Le Shangri-La’s Villingili présente la particularité d’être le premier ressort installé au sud de la ligne de l’équateur. Son accès n’est de fait pas le plus rapide : après être arrivé à Malé une dernière heure de vol dans un petit avion nous attend encore, avant l’ultime transfert en bateau (une dizaine de minutes) vers l’atoll d’Addu, situé à l’extrême pointe sud de l’archipel. Mais une fois débarqué du speed boat, vous pouvez larguer vos amarres, relâcher vos défenses et oublier l’activité frénétique de la vie européenne : ici vous êtes coupé du monde et du temps, et êtes sensé n’avoir plus qu’un unique sujet de préoccupation : votre bien-être et celui de qui vous accompagne. Lequel est aussi, visiblement, le principal sujet de préoccupation du personnel de l’hôtel.
A la différence de la plupart des sites sur lesquels sont construits les hôtels des Maldives, Villingili n’est pas un îlot mais une petite île longue de trois kilomètres abritant douze hectares de végétation luxuriante. Une petite jungle dans laquelle on circule à vélo ou en voiturette de golf électrique à 4 ou 6 places, appelée ici « buggy ». L’épaisseur des frondaisons est telle que même au plus chaud de la journée on se déplace à l’abri du soleil et dans une certaine fraîcheur, et la visite de l’île avec un guide capable de vous raconter cinquante anecdotes sur la flore et la faune locales (pas moins de 45 variétés de plantes tropicales) est passionnante. Parmi les curiosités, impossible de ne pas s’étonner devant le banian, cet arbre parasite dont les racines aériennes descendent des branches pour s’enraciner dans le sol avant d’étouffer l’arbre autour duquel elles s’enroulent, ou la zone de ponte des tortues de mer, protégée, où les plus chanceux pourront apercevoir, à la nuit tombée, des dizaines de bébés à peine nés se précipiter vers l’océan.
Bien choisir sa villa
L’hôtel proposant six types de villas, il convient d’effectuer son choix en toute connaissance de cause. Ainsi la water villa, très séduisante sur les photos, est-elle plus exigüe (166 m2 tout de même…), chambre et salon faisant pièce commune. Elle offre l’avantage d’un accès direct au lagon via un escalier descendant de sa terrasse privative, mais est dépourvue de piscine privée. Plus spacieuses, les beach villas et de luxe pool villas séparent salon et chambre salle de bain dans deux constructions distinctes articulées autour de leur piscine privative et de leur terrasse en teck.
Un conseil : assurez-vous à la réservation de disposer d’une villa côté lagon (beach villa), ouverte sur la plage de sable fin, plutôt que côté océan (de luxe pool villa), auquel les rochers interdisent peu ou prou l’accès. Plus étonnantes, les tree house villas empruntent aux précédente leur architecture (deux bâtiments, terrasse et piscine) mais s’en distinguent par une construction suspendue dominant l’océan. Pas d’accès à celui-ci mais une atmosphère unique en son genre, plus originale que le cliché de la maison sur la plage, un nid intimiste romanesque en diable.
Pour les groupes, l’hôtel a prévu des twin beach villas permettant de réunir parents et enfants ou couples d’amis dans deux villas indépendantes partageant la même piscine privée. Enfin, deux villas hors normes complètent l’offre : la Laalu affichant près de 1000 m2 et surtout la Muthee, notre préférée, posée sur l’eau et cumulant les bâtiments séparés, la terrasse en teck avec accès au lagon et la piscine à débordement privée, sur 570 m2 de surface.
S’occuper au paradis
Comme dans tous les hôtels des Maldives, les activités proposées sont essentiellement articulées autour du lagon et de l’Océan Indien, qui garantissent une température constante de 27 à 28° toute l’année. De la découverte des fonds marins et des poissons multicolores de l’atoll d’Addu aux rencontres des dauphins – qui viennent spontanément jouer autour du bateau de l’hôtel – et des tortues de mer en snorkeling (plongée avec masque et tuba) en passant par la plongée sur épave (avec bouteille), le choix est large. Il peut aussi prendre un aspect plus
''Le Jungle Diner : cinq tables dressées à l’abri de voilages dans une clairière perdue, éclairées de torches et d’un feu de bois''
didactique avec la randonnée à vélo dans les cinq îles de l’atoll, reliées entre elles par la plus longue route des Maldives (17 km !), permettant de découvrir différents sites historiques, l’observatoire à oiseaux d’Hithadoo (hérons cendrés et hirondelles de mer blanches), et d’aller à la rencontre des populations locales et de leur style de vie, autour d’un verre pris dans un café ou dans une boutique d’artisanat.
Gastronomie plurielle
Le choix reste très ouvert à l’heure du dîner. Placés sous la direction d’Emil Minev, qui officia à Londres et Dubaï avant d’atterrir à Villingili, les trois restaurants de l’hôtel proposent cinq cuisines : indienne, chinoise et libanaise au Dr. Ali, de poissons et de fruits de mer au Fashala, et méditerranéenne au Javvu. Une variété jusqu’ici inconnue dans les hôtels de luxe des Maldives.
Le premier, qui porte le nom d’une personnalité locale vénérée, est le seul restaurant du genre dans tout l’archipel. En choisissant de réunir leurs trois cuisines et de les porter à un niveau gastronomique, le Dr. Ali souligne que les Maldives se trouvent géographiquement et culturellement à la croisée des chemins de l’Océan Indien, de la Mer de Chine et du Golfe Persique. Tonalités de rouge, d’orange et d’ocre ici, bois ciselé et céramiques là, tapisseries dans la pièce voisine : les trois grands salons réservent autant d’expressions bien marquées de l’esprit oriental.
On y sert dans une belle harmonie curry, tandooris, spécialités cantonaises, poissons variés bien sûr, salades, humus, tagines et autres kebabs, l’ensemble étant accompagné d’une carte des vins d’excellent niveau. Restaurant de poissons et fruits de mer, le Fashala profite de sa situation sur la pointe nord de l’île et voit sa grande salle ouverte sur la plage. Ici architecture et décoration ont opté pour un style résolument contemporain, et jusqu’au fond musical, composé d’une sélection de morceaux lounge et jazzy, tout ici concourt à passer une soirée très détendue. La carte est elle aussi d’excellente tenue, risotto de homard et autres poissons de récifs constituant l’ordinaire de l’endroit. Quel que soit le restaurant dans lequel on dîne ou déjeune, on ne manque pas d’être émerveillé par l’extraordinaire qualité des poissons en général et du thon rouge en particulier, qui fond quasiment sous le couteau et dans la bouche comme un morceau de beurre dans une poêle. Interrogé sur cette prouesse chaque jour renouvelée, Emil Miney évoque la cuisson bien sûr, mais aussi et surtout la fraîcheur. Lorsqu’on lui objecte que l’on retrouve celle-ci dans tous les restaurants des îles, il précise que le poisson servi dans notre assiette était encore dans l’océan trois heures plus tôt.
On comprend mieux la réputation d’exigence maniaque qui a valu au bonhomme de gagner ses galons de Chef après un bref passage par la case Second. Plus conventionnel, le restaurant principal Javvu est inévitablement situé au centre névralgique de l’établissement, entre les différents embarcadères, la piscine et les principaux services. Le petit déjeuner que l’on y prend le matin a les saveurs du monde entier, les en-cas dans la journée cultivant le style bistrot tandis que le soir venu on y pratique une carte européenne orientée nouvelle cuisine autant caractérisée par la qualité des produits utilisés que par l’inventivité des mélanges de saveurs. Il est enfin un dernier restaurant qui n’en est pas un et mérite le détour plus que les autres, c’est le cadre du jungle diner proposé hors carte. Imaginez cinq tables dressées à l’abri de voilages dans une clairière perdue, éclairée seulement de torches sur pied et d’un feu de bois.
L’ambiance est certes plus Out of Africa qu’eau bleue et plage dorée, mais l’atmosphère inoubliable. Inévitablement plus succinct qu’en salles, le menu n’en reste pas moins délicieux, crustacés, poissons et viandes étant cuits sous nos yeux au feu de bois. Une infime réserve pour le service cependant, moins pointilleux que dans les restaurants : mieux vaut ne pas vouloir un condiment rare une fois installé… Un détail que l’on oublie d’autant plus facilement que l’authenticité du cadre incite à l’indulgence sur la question. Les amateurs de personnalisation ne voulant pas renoncer à un confort de palace ont toujours la possibilité de commander un dîner sur leur terrasse, sur la plage ou sur le voilier de l’hôtel.
Spa Chi : une expérience différente
Inconnu hier encore, le spa est passé en l’espace de quelques années du statut de plus marketing à celui de prestation majeure, en ce sens qu’elle peut être déterminante dans le choix de l’établissement. Pour les amateurs, celui du Sangri-La’s Villingili justifie à lui seul le choix de l’hôtel. Véritable petit village au sein du resort, celui-ci ne ressemble à rien de ce que l’on connaît dans les établissements concurrents.
Conçu comme un sanctuaire isolé, il est constitué de onze villas spacieuses réunies dans un jardin de 16.700 m2 ouvert sur l’océan, chacune d’elle étant dotée d’un salon de relaxation, d’un hammam et d’une pièce d’eau ouverte sur la nature. Avant et après les soins, des kiosques permettent de prolonger la détente devant une tasse de thé, une boisson fraîche ou un magazine, à moins de leur préférer les pavillons de yoga et de méditation. Méditation, une attitude raccord avec le concept Chi développé par une équipe de spécialistes de médecine chinoise traditionnelle et des philosophies himalayennes.
On retrouve d’ailleurs la fameuse chaîne montagneuse dans plusieurs soins prodigués ici, comme le rituel Tsangpo, extrapolé d’une tradition vieille de plus de 1500 ans, utilisant des sels provenant de la Mer Théthys située à 4600 mètres d’altitude et caractérisés par leur pureté exceptionnelle. Les pierres de l’Himalaya sont également à la base d’un massage exclusif, tandis que plusieurs soins spécifiques aux Maldives font appel à des huiles essentielles locales tirées de la noix de coco, comme le rituel Kandu Boli, qui consiste en un massage de corps, du visage et du cuir chevelu et fait lui aussi appel à des coquillages maldiviens pour le massage et à de l’huile de noix de coco tiède pour les soins des cheveux.
En deux mots :
• Tarifs
Pool Villa : de 860 à 2000 US$ la nuit, selon saison
Beach Villa : de 1050 à 2500 US$ la nuit, selon saison
Tree House Villa : de 1600 à 3800 US$ la nuit, selon saison Water Villa : de 1200 à 2500 US$ la nuit, selon saison
• Réservations au (960).689.78.88
Localisation sur le Net
La géographie particulière des Maldives ne facilite pas la localisation précise d’un hôtel (c’est-à-dire de son île) sur une carte, et il en va de même de Villingili et de son atoll, même si leur situation sous l’équateur aide la recherche. C’est pourquoi Shangri-La a développé une fonction de localisation sur son site, dont la carte détaillée et animée permet de visualiser d’un coup d’oeil l’emplacement des villas afin de valider le choix de l’hébergement choisi (www.shangri-la.com/maldive/holidayplanner/) Bien vu.
Des villas bien équipées
L’équipement en chambre ne prête pas flanc à la critique avec un TV plasma grand écran et son lecteur DVD, un dock iPod, un percolateur Nespresso, un coffre fort… De toute façon, le majordome détaché à chaque villa est là pour répondre à toutes vos demandes. Les amateurs de jeux trouveront aussi à l’Entertainment Centre un billard américain, un snooker, deux flippers et toute une variété de jeux vidéo.
Pour s’y rendre
Plusieurs grandes compagnies aériennes assurent l’aérien vers Malé, avec le plus souvent escales à Moscou, Colombo ou Doha. Seule la compagnie low-cost XL Airways assure le vol en direct (env. 10h30). Sa classe affaires présente de plus l’avantage d’être de loin la moins chère du marché. Attention cependant : il ne s’agit pas d’une business class comparable à celle des Air France, British Airways et autres Emirates : ses sièges ne s’inclinent pas en position nuit comme ceux de ces dernières et la restauration est moins soignée (pas de plats à l’assiette, etc.). Le rapport Q/P plaide cependant en sa faveur avec un surcoût de quelques dizaines d’euros à comparer aux 1500 à 2000 euros supplémentaires demandés par les autres compagnies. L’embarquement facilité fait aussi partie du programme. Un conseil : la politique de la compagnie privilégiant la vente aux tour-opérateurs, ceux-ci mobilisent cette classe affaires intéressante et seuls quelques sièges par vol restent disponibles à la vente aux particuliers : réservez tôt ! Mention particulière en revanche pour le personnel de cabine, dont l’amabilité et la disponibilité valent bien ceux des compagnies plus prestigieuses