Ici pas de souks poussiéreux en quittant l’hôtel, pas de foule bruyante, pas de mendiants tous les dix mètres : à la différence de Marrakech, l’environnement ressemble à une grande maquette. Partout des immeubles récents, des rues tirées au cordeau, pas un papier par terre. Une température douce, même en hiver (minima à 21° en janvier, maxi à 30 en août), un ciel sans nuages, un vent léger, une grande impression de calme : tout ceci fait très cliché, mais il ne s’agit ni d’une série TV ni d’une carte postale : nous sommes sur la plus grande des îles de l’archipel des Canaries, à une bonne centaine de kilomètres des côtes du Maroc. Avec 81 km de long sur 45 de large (à peine plus grande que l’Ile Maurice), l’île est à taille humaine ; on en fait le tour en une journée.

Historiquement, elle devint propriété espagnole au XVème siècle, et prit une importance stratégique nouvelle après 1492, lorsqu’elle fut connue pour être la dernière escale européenne avant l’immensité de l’Atlantique. Les Anglais échoueront plusieurs fois à essayer de s’en emparer ; Blake et Jennings s’y casseront les dents, Nelson y perdra un bras et y connaîtra la principale défaite de sa carrière. Devenues autonomes en 1982, les Canaries vivent aujourd’hui essentiellement du tourisme, qui a soutenu un boom immobilier sans précédent dans le courant des trois dernières décennies.

Comme une hacienda

Bénéficiant d’un environnement privilégié (climat tropical, températures douces et sécheresse supportable), le Sud concentre 65% de l’offre hôtelière de l’île. C’est là, entre l’océan et le golf de Costa Adeje, que les Royal Garden Villas ont ouvert leurs portes. Ce petit complexe hôtelier bénéficie de la classification 5 étoiles Grand Luxe : de quoi éveiller l’intérêt de tous ceux qui sont habitués à la débauche de luxe et de services des palaces internationaux. Ici l’offre a été adaptée à la situation géographique, et chaque client a droit à une villa sur deux niveaux, vue sur le golf et la mer au loin, offrant de beaux espaces, une architecture moderne et une décoration d’inspiration hispanique. Le mobilier des salons pourrait être un peu plus modern style et la petite piscine privative installée sur la terrasse, chauffée : son exposition au soleil ne la montait qu’à 24° lors de notre visite, au mois de décembre…

Au-delà de l’hébergement proprement dit, l’atmosphère de l’établissement mérite également que l’on s’y arrête un instant. On a l’impression, lorsque la porte du Royal Garden se referme sur nous, de se trouver dans une hacienda colombienne ou mexicaine, découvrant un univers de calme et de luxe caché derrière les hauts murs qui l’isolent de la ville. Cette sensation d’écrin est bien agréable : les bijoux, c’est nous ! Devant nous une piscine de faïence bleu marine agrémentée d’un petit pont japonais, une vaste terrasse relevée de nombreux objets de décoration d’inspiration principalement indonésienne récupérés par la propriétaire au cours de ses nombreux voyages à travers le monde, qui donnent au bout du compte à l’endroit une dimension chaleureuse, quasiment familiale.

Le soir, le restaurant surprend par son cadre façon cave et ses éclairages féériques. La cuisine que l’on y sert est fine et inventive, la carte des vins satisfaisante et Antonio, le maître d’hôtel francophone, se fera une obligation de vous expliquer l’origine de ceux de la région. Mais quelle curieuse idée tout de même d’enterrer ainsi la salle en sous-sol et de la priver de toute vue sur l’extérieur pour les repas diurnes.

Contre toute attente on apprécie aussi le fond de musique douce qu’égrène toute une série de haut-parleurs dissimulés partout dans les allées : dès que l’on sort de sa villa ce fond musical, qui passerait pour rococo n’importe où ailleurs, prend un relief particulier dans cette atmosphère de silence total et de température douce, à la fois apaisante et raffinée. La qualité de la programmation n’y est pas étrangère : c’est bien pensé et surtout très bien fait ! Un mot encore du spa, irréprochable, et l’on aura dit l’essentiel de l’endroit.

Playa de las Americas comme dans une grande maquette

On profitera du séjour pour visiter les alentours. A commencer par le Mont Teïde, plus haut sommet espagnol (3718 m) dont le parc national a été déclaré héritage mondial par l’UNESCO en 2007, propice à de multiples randonnées, et les petites villes de Los Cristianos et Playa de las Americas toutes proches. La première est l’occasion d’embarquer à bord de bateaux qui vous emmèneront à la rencontre des dauphins et des baleines, nombreux sur le site, la seconde est un cliché de la ville balnéaire idéale, associant architectures contemporaines et variées, boutiques des grandes maisons de luxe internationales et de marques locales, nombreux bars et restaurants et grandes avenues bordées de palmiers. Tout est propre et net, un bonheur qui nous renvoie aux incivilités qui font des grandes métropoles les poubelles que l’on sait.

En prenant un peu plus de temps on visitera le nord, où sont concentrées les sites historiques, et notamment le village d’Oratava, pour sa vue extraordinaire, et Purto de la Cruz.

La Grande Canarie dispose de deux aéroports et les Royal Garden Villas sont situées à dix minutes de l’aéroport sud. Refusez donc énergiquement les vols à destination du nord, certes plus économiques mais contraignant à une bonne heure de route, les routes locales n’étant pas nommées et les voitures de location dépourvues de GPS. Dans ces conditions, rallier l’hôtel tient plus du jeu de piste que du voyage.

Pour tous vos déplacements optez pour le taxi, de même que pour les transferts aéroport-hôtel, ce dernier ne disposant pas (encore) de voiture dédiée à sa clientèle.

Alternative séduisante aux palaces marocains, le Royal Garden constitue bel et bien une destination à découvrir sans hésiter, et a de surcroît le bon goût de pratiquer des tarifs placés. Toutes les raisons, donc, de découvrir cet établissement familial hors normes. Attention cependant à tous les amateurs de week-ends prolongés : l’essayer c’est l’adopter, et la majeure partie des clients des 26 villas sont des multirécidivistes. Vous voilà prévenus.

Pour en savoir plus :

Royal Garden Villas, Campo de Golf – Costa Adeje – Tenerife – Espagne.

Tel. 00.34.922.711.294

www.royalgardenvillas.com