Entre Deauville et les Hamptons
Il en va de même pour les individus comme pour les sociétés : il y a de ces années dont on sait par avance qu’elles auront une importance particulière, qu’elles laisseront une empreinte. C’est le cas de 2014 pour Daniel Crémieux, qui inaugure sa nouvelle boutique parisienne et son premier flagship américain et lance sa première ligne de lunettes. Trois événements qui profitent du fait que le style casual chic qui a toujours été la marque de la maison est plus actuel que jamais.
Après une année en demi-teinte, qui l’a vu fermer ses boutiques de La Madeleine et du boulevard St Germain, la maison se prépare à un grand millésime 2014. Il y a d’abord l’ouverture de son nouveau flagship store parisien. Situé sur le boulevard Saint Germain à trois cents mètres de sa boutique précédente, le nouvel établissement bénéficie d’un emplacement en angle qui lui garantit une bonne visibilité. Ses 200 m2 de surface lui permettent d’exposer toutes les lignes de la marque.
Il y a ensuite celle de sa première adresse new-yorkaise en propre. Confirmant l’adage qui veut que nul ne soit prophète en son pays, Daniel Crémieux fait en effet partie de ces maisons qui connaissent plus de succès à l’étranger que sur leur sol natal. En l’espace de quinze ans, la marque française s’est imposée sur le marché outre-Atlantique où elle dispose aujourd’hui de plus de 900 points de vente. Un succès qui a amené il y a trois ans Stéphane Crémieux à s’installer à New York avec sa femme et ses filles, pour diriger le développement de l’enseigne sur le territoire américain. L’ouverture du premier flagship newyorkais, en plein coeur de Soho, qui fait écho aux multiples corners de la marque dans les magasins les plus réputés de la Big Apple, vient couronner cette implantation. Selon une habitude très américaine qui désigne une adresse renommée par son seul numéro (usage inauguré avec la Maison Blanche, appelée « le 1600 » – pour 1600, Pennsylvania avenue – par les initiés), on parle là-bas « du 65 » pour désigner la boutique Crémieux, installée au 65, Mercer street. A quand « le 185 » pour la boutique parisienne ? En attendant, le père et le fils s’entretiennent chaque jour du développement de la marque familiale et de ses collections, Daniel continuant de s’occuper de la ligne haut de gamme Silver Label, qui perpétue l’esprit tailleur de la maison, tandis que Stéphane gère la ligne Blue Label, représentative du preppy style cher à la maison, au sein de laquelle il marie avec tact l’esprit WASP des Hamptons et l’élégance méditerranéenne en revisitant les basiques du vestiaire masculin, comme la veste militaire et les pantalons en chino, les chemises en madras et en chambray, les pulls en coton pima, les polos en piqué de coton et l’indémodable buck.
Silver et Blues labels
Au premier l’élégance sartoriale, les beaux tissus italiens et le savoir-faire des ateliers transalpins, les multiples détails qui font la joie des connaisseurs : épaules milanaises, doublures intérieures en tissus de chemise, passepoils, ganses et pipings contrastés, chemises montées main en simple aiguille ; une abondance de détails qui témoignent de la culture tailleur de la maison et font la différence. « Un chic parisien, ce mélange de latin, d’anglo-saxon et de bourgeoisie bordelaise, un style qui oscille entre Montparnasse et le XVIème arrondissement de Paris » précise Daniel Crémieux.
Au second le casualwear de luxe, qui réinterprète les grands basiques masculins sans négliger la qualité des tissus et les finitions soignées qui sont l’ADN de la maison. Un casualwear mi-citadin mi sportswear haut de gamme, langage universel et cosmopolite du bon goût et d’une élégance classique sans cesse revisitée.
Les lunettes : résolument haut de gamme
Et puis il y a la lunetterie. Il y avait longtemps que Daniel Crémieux y pensait mais il ne souhaitait pas précipiter les choses, et encore moins accorder une licence à un partenaire qui trahirait son histoire. Comme ses lignes de vêtements, les lunettes Crémieux devaient être in the mood, mais aussi et surtout d’excellente qualité. Autant pour ce qui concerne les verres (pour les solaires) que les montures (pour les solaires et les optiques). Observant ce que le marché offre de meilleur par ailleurs, il a pris son temps pour peaufiner le style et sélectionner son sourcing. Résultat des courses : une collection large, couvrant aussi bien le style Cape Cod classique que le trip tendance des surfeurs californiens, offrant des qualités élevées à la fois pour la mécanique (les articulations des branches, notamment) et les verres (pour ce qui concerne les verres solaires). Soucieux de ne pas hypothéquer son image dans cette spécialité nouvelle pour lui, Daniel Crémieux a choisi de diffuser sa collection de lunettes à travers un réseau de distribution sélectif et dans ses propres boutiques. Une déclinaison du « bien cousu et bien fait » auquel il a toujours tenu pour ses vêtements, qui se résume en l’espèce simplement à « bien fait » qui, associé à un style inspiré, suffit à nous séduire.