PHOTOGRAPHIQUE [fotografik] • Un moment de photographie avec Initial LABO [Question d’élégance]

Comment traduisez-vous l’élégance en photographie?

L’élégance est dans le regard que l’on pose sur le monde, j’aime qu’il soit bienveillant et sincère. L’émotion brute est une élégance de l’âme, il n’y a pas besoin de fioritures pour saisir une expression, une lumière, une situation insolite. A côté de cela, je peux créer des mises en scène très élaborées, travailler sur des détails techniques très minutieux qui nécessitent «l’élégance» du décorum, des sujets… oserais-je dire que ce qui me touche, c’est l’élégance de la simplicité.

Racontez-nous un moment de pure photographie

C’est une question très difficile, mais je pense à un moment très particulier, un mois après le tremblement de terre de 2016 dans la région  des Marches en Italie.  La photo d’un moine à Tolentino qui pose la main sur une fresque murale, à ses pieds des morceaux de l’œuvre abîmée par le séisme… C’est un cliché qui suggère une histoire extrêmement ancrée dans la région, la souffrance intérieure liée à ce terrible événement, la dimension mystique également. L’attachement à la culture, aux racines. Elle symbolise profondément l’Italie et me touche énormément.

Quel est votre boitier préféré?

Leica Monochrome. Les photos du Leica se distinguent par un rendu des détails impeccable, précis et subtile. Grâce aux objectifs Leica, le Leica M exploite l’ensemble de leurs performances en matière de contraste, de résolution et de structure avec une très large gamme de gris qui se traduit par une finesse dans les détails.

Si vous ne gardiez qu’un seul livre photographique, lequel garderiez-vous ?

Images à la sauvette (1952), The Decisive Moment en version américaine, est pour moi l’un des plus grands livres de photographies jamais publié. 

L’ouvrage présente un large éventail des photographies réalisées par Henri Cartier-Bresson durant les vingt premières années de sa carrière. Surtout,  il y pose les bases de son fameux concept du  « moment décisif »  : celui où tous les éléments s’assemblent pour définir une image, un sommet à la fois émotionnel et formel.  Un  des exemples les plus emblématiques reste cette célèbre photographie d’un homme sautant au-dessus d’une flaque non loin de la gare St Lazare. Ce livre demeure toujours aujourd’hui une référence incontournable pour un grand nombre de photographes.

Votre meilleur rencontre dans l’univers de la photographie …

J’ai eu l’immense privilège de rencontrer Jacques Henri Lartigue dans sa maison du sud de la France. J’ai frappé à sa porte, à l’improviste, sa femme m’a ouvert et j’ai demandé si je pouvais discuter quelques minutes avec lui. Ils m’ont invité à boire un rafraîchissement dans le jardin. Contre toute attente, j’y suis resté tout l’après-midi, et nos échanges ont été très chaleureux, j’étais totalement bouleversé. C’était un moment inoubliable, un échange délicieux sur l’art, la photographie, les émotions. Je lui ai montré quelques-unes de mes photos, son regard avait été d’une grande bienveillance et ses conseils très justes. Un moment de grâce, l’impression d’avoir arrêté le temps… Une parenthèse enchantée qui a laissé une empreinte indélébile dans mon cheminement de photographe. 

Quels sont vos projets pour la suite ?

Je prépare une grande exposition pour décembre 2021 qui se tiendra dans un lieu sublime, la pinacothèque de Jesi « Palazzo Pianetti » dans la région des Marches, une région du centre de l’Italie qui est aussi la terre de mon père. 

C’est pour moi l’occasion de revenir à la source, nous parlions des racines tout à l’heure et je suis très heureux de pouvoir exposer dans ce magnifique endroit. J’y présenterai mon niveau travail qui vise à révéler l’esprit d’un lieu qui m’est très cher. 

Le sujet étant la région des Marches, intitulé « Elegia fantastica, Le Marche tra ricordo e visione »,  Ce lieu est le point de départ d’une recherche photographique intime et lyrique qui est chargé de traduire les sentiments collectifs et universels. 

L’âme complexe de cette région, deviendra, à travers mes images en blanc et noir, un terrain dans lequel se perdre et se retrouver.

Le projet est soutenu par la ville médiévale de Jesi ( le service des musées) et par la région des Marches (Bureau de la culture),  il figure d’ores et déjà parmi les événements d’importance régionale pour l’année 2021.  Je collabore également avec l’Académie des Beaux-Arts de Macerata, l’Académie d’Acca (Jesi-Rome) et la Fondazione Pergolesi Spontini pour le développement de la mise en place, de la communication et de la diffusion de la culture de la photographie contemporaine, en activant déjà la diffusion en Italie.

Le livre édité en 2019 en partenariat avec Leica est en vente dans la librairie d’Initial LABO (https://initiallabo.com/produit/emanuele-scorcelletti-creazioni-visibili-autoproductions) ou sur le site de Leica.