Du vocabulaire du soulier
Balmoral (découpe) : lire Claque.
Baraquette : Partie de la trépointe faisant le tour du talon. Parce qu’elle alourdit beaucoup la ligne de la chaussure, on la trouve principalement sur les derbies, mais hélas aussi ça et là sur des richelieu, voire des mocassins. (Par opposition : talon collant).
Barette : Petite bande de cuir rencontrée en lieu et place de la simple couture arrière ou du quartier talonnette. Utilisée par les Français, les Italiens et les Américains, elle est en revanche très peu usitée chez les Britanniques.
Bout Golf : Deuxième partie de peau rapportée sur l’empeigne, le bout golf peut-être fleuri ou non, à bord franc ou dentelé selon les modèles. On l’appelle également bout wing, du terme américain “Wing Cap”. En version fleurie, les Anglais l’appellent Brogue. Une variation typiquement britannique le décline en un bout qui, en lieu et place du petit v revenant sur le plateau, arbore une ligne beaucoup plus droite : on parle alors de bout Windsor.
Bout rapporté : Désigne les bouts droits cousus sur l’empeigne, avec ou sans médaillon. Les Anglais et les Américains appellent les souliers à bouts rapportés fleuris des semi-brogues.
Bout simulé : Certains souliers à simple empeigne arborent euxaussi des dessins de bout droit ou golf, fleuris ou non. L’empeigne est alors d’une seule pièce, et tout l’art réside dans letravail de piqûres, qui confine quelquefois au véritable trompe- l’oeil, et permet de gagner en finesse.
Chardon : Apanage de la mesure jusqu’à une date récente et figure imposée sur le ghillie, ce motif décoratif perforé se rencontre aujourd’hui sur quelques créations prêt-à-porter raffinées. Il est généralement implanté sur les quartiers ou sur les quartiers talonnette. Claque : Partie du plateau située entre les quartiers (parties latérales) et le bout rapporté éventuel. La claque finitgénéralement sa course en arc de cercle vers la trépointe, mais on peut aussi la voir partir en ligne droite vers l’arrière du soulier, horizontalement, et l’on parle dans ce cas d’une découpe balmoral.
Derby : Type de chaussure à lacets dont les quartiers sont apposés sur le plateau. L’ouverture des garants est donc parallèle et symétrique. A l’inverse, sur le richelieu la claque est rapportée sur les quartiers, créant ainsi une ouverture des garants en V.
Derby claque : Cette figure de style rarissime consiste en la présence d’une couture latérale en lieu et place de la couture de claque habituelle. Exceptionnelle en prêt-à-chausser (un seul exemple à notre connaissance, signé Marc Guyot), elle n’est également que très peu pratiquée en mesure et n’est identifiée – et appréciée – que des amateurs (très) avertis.
Empeigne : Partie de la tige allant du cou-de-pied à la pointe du soulier. On dit d’un soulier qu’il est simple empeigne ou double empeigne, selon qu’il est pourvu ou non d’un bout rapporté.
Fouillée (forme) : Les bottiers parlent d’une forme fouillée lorsque le pincé de cambrure est très marqué. Voir Forme pincée.
Garants : On distingue deux acceptions pour le terme de « garant ». Pour les bottiers, il s’agit de la couture décorant les oreilles de quartiers. De façon moins académique mais plus répandue, on entend par garant la partie de chaque quartier supportant les oeillets pour les chaussures à lacets, la boucle ou sa sangle pour les derbies à boucle.
Ghillie : Soulier traditionnel écossais faisant partie de la famille des brogues (voir bout fleuri), il est caractérisé par des garants dentelle, l’absence de languette et la présence de pompons au bout des lacets. Toujours à double empeigne et à bout golf fleuri, il est soit doté d’une claque de richelieu, soit dépourvu de claque, à l’instar d’un escarpin à lacets.
Hélice (forme en) : Se dit d’une paire de formes à monter très travaillée, lorsque vu de devant le plateau s’incline vers l’intérieur tandis que le cou-de-pied (alors très prononcé) semble partir vers l’extérieur, créant une impression de torsion intense.
Lac jointé : Moins difficile à réaliser que le lac pincé dans le cas d’une fabrication standard, il peut se révéler tout aussi technique s’il est jointé sur chair : les deux ou trois parties de l’empeigne sont dans ce cas réunies en étant piquées dans l’épaisseur de la peau, d’où une couture presque imperceptible. Le nez fendu (plus connu sous le terme de bout chasse) peut être également jointé standard ou sur chair.
Lac pincé : Couture en arc de cercle qui orne le plateau, allant d’un garant à l’autre sur certains derbies à plateau. Souvent utilisé sur les loafers (voir loafer), il nécessite un travail main. Cette double couture pince littéralement la peau du plateau et donne un effet de bourrelet du meilleur goût.
Langue de chat : Figure de style consistant à prolonger l’un des quartiers d’une petite langue de peau, qui vient dévier la ligne verticale de la couture arrière. Outre son côté esthétique, ce raffinement permet de ne pas créer de superpositions de peaux à l’endroit le plus sensible du talon, et ainsi de ménager le tendon d’Achille. On parle aussi de cravate.
Lisse : Terme désignant le bord de la semelle : en fait la vue en coupe de cette dernière. Une “lisse de 6” indique l’épaisseur de la semelle, exprimée en millimètres. Généralement uniforme jusqu’au talon, la lisse est alors dite carrée. Sur les chaussures les plus raffinées les lisses sont rondes, la trépointe et ses points de couture disparaissent du bas de la cambrure au talon.
Loafer : Terme anglais désignant, par opposition au mocassin à plateau jointé, un mocassin à lac pincé ou à bout rapporté. La particularité du loafer est d’avoir un bout dur d’une forme progressive et fine, là où le nez du mocassin est beaucoup plus abrupt et mou. Les modèles à pompons d’Alden ou de Church’s sont ainsi des loafers, alors que le célébrissime Weston Janson de Sailly est un mocassin à plateau.
Médaillon : Désigne les dessins ornementaux qui viennent souvent décorer l’extrémité des souliers à bout fleuri.
Méplat : Rupture dans l’harmonie d’un bout dur. Associé à des flancs marqués (présentant des arêtes en lieu et place de côtés plus classiques), un bout plongeant de façon abrupte et légèrement carré donne une allure presque baroque à un soulier. Ses inconditionnels l’appellent “bout canard”.
Mouche : Petite broderie délimitant la naissance de l’ouverture en V de garants de richelieu.
Pampilles: On parle le plus souvent de “mocassin à pompons” pour désigner les modèles à pampilles. Il s’agit d’une sorte de gland consistant en un petit empiècement de cuir doté de franges d’inspiration golfique, roulotté et attaché à la barrette (ou strap) par une patte de cuir. Les pampilles sont notamment caractéristiques du tassel loafer (notre photo), soulier typiquement Ivy League venu de la côte Est américaine, à la fois casual et (très) chic.
Passepoil : Le plus souvent en fin chevreau, il peut courir tout le long des quartiers et garants. Par opposition au “bord anglais”, qui est un bord franc dépourvu de passepoils mais présentant un léger effet de gonflement.
Plastron: Cet empiècement de cuir vient compléter certains richelieu, à la ligne desquels il ajoute un caractère un peu plus formel, plus habillé. Par opposition, on observe aussi aujourd’hui quelques “plastrons inversés” : il s’agit dans ce cas d’une découpe ayant la forme d’un plastron, pratiquée dans les oreilles de quartiers de la chaussure.
Plateau plongeant : Cette figure de style du patronage amène le plateau, habituellement arrêté à l’approche du nez, à se prolonger sur l’avant jusqu’à rejoindre la semelle. Les puristes parlent d’ailleurs de “plateau plongeant jusqu’au montage”. En prolongeant le plateau elle allonge la silhouette, mais n’a guère l’adhésion des connaisseurs, évoquant plus les chaussures latines (Italie, Espagne et Portugal) qui se sont multipliées depuis les années 90 que les créations des bottiers français et britanniques qui constituent l’aristocratie de notre spécialité.
Pincée (forme) : Trait caractéristique emprunté à la mesure, la forme pincée présente côté semelle un dessin beaucoup plus étroit de la cambrure du pied (au niveau de la voûte plantaire) que de l’avant-pied et du talon. En creusant la cambrure, cette figure de style confère une élégance immédiate au soulier. Les bottiers parlent de forme fouillée.
Quartiers : Parties latérales allant de l’extrémité arrière du soulier jusqu’aux garants (voir garants), donc jusque la claque. A l’arrière ils peuvent être cousus ensemble par une simple couture, ou recouverts d’un quartier talonnette dans le cas de souliers à double empeigne.
Saddle : Partie inférieure de la pièce de peau, lorsque les garants d’un derby ou d’un richelieu se prolongent jusque la semelle.
Tournante (forme) : Dessin particulier de la forme à monter visant à permettre à celle-ci d’épouser au mieux la morphologie du pied, permettant de fait un meilleur confort sans avoir à serrer le pied aux niveaux de l’avant-pied ou du talon, le pied se trouvant ici également maintenu à la cambrure. On parle aussi de « pied tournant », voire de « forme haricot ». Gérard Sené fut le premier à généraliser cet exercice de style à toute sa collection.
Trépointe : Véritable “lamelle” de cuir cousue à la tige, à la première de montage et à la semelle, dans le cas d’un cousu goodyear. Elle est la plupart du temps ornée d’une roulette, qui sert théoriquement à donner le calibre des points de couture, mais permet aussi de masquer d’éventuelles irrégularités dans ces points. Dans le cadre d’un montage blake la tige, la première de montage et la semelle sont cousues ensemble à l’aide d’une seule et même couture (deux sur le goodyear, l’une reliant la tige et la première, et l’autre réunissant l’ensemble à la semelle), que l’on peut souvent apercevoir à l’intérieur du soulier si la première de propreté s’arrête à la cambrure. Les montages Blake possèdent également une trépointe ornée d’une belle roulette, mais pas de points de coutures apparents.
Tige : Terme désignant l’ensemble du “chausson” (en bref : toute la chaussure, hormis la semelle et les accessoires), qui sera tendu sur la forme à monter, puis uni à la semelle en montage goodyear, blake ou norvégien (voir Trépointe).