Dans le détail : Cifonelli
S’agissant d’un costume trois pièces, Cifonelli a opté pour une coupe de veste à un bouton, plus habillée que la deux boutons (la trois boutons étant aujourd’hui à éviter), plus tendance aussi. Nous observons une veste à grande ouverture, avec un boutonnage très bas. Le tissu retenu est une toile de laine Holland & Sherry Super 130 de 280 gr. à motifs Prince de Galles, de qualité tout à fait supérieure.
La première caractéristique qui saute au visage d’un connaisseur est la qualité de la façon, dans le plus pur esprit tailleur. Milanaise impeccable, boutonnières main magnifiques, pinces poitrine piquées à la main (une finition certes normale en grande mesure mais pourtant rarissime), dessous de col en peau au lieu du feutre habituel, doublure (un joli satin bimberg bleu azur changeant) entièrement rabattue à la main : rien ici ne prête où que ce soit flanc ne serait-ce qu’à une remarque. Le travail est tellement exceptionnel que c’en est bluffant.
L’épaule est marquée juste ce qu’il faut, pourvue d’une cigarette discrète : parfait ici encore.
A l’approche des beaux jours, Cifonelli a choisi de réaliser une veste demi-doublée, ce qui n’est pas l’option de la facilité à ce niveau de qualité. Mais la maison maîtrise parfaitement son sujet et nous livre ici un intérieur entièrement gansé de toute beauté.
Le gilet à cinq boutons fermants et un non fermant (nouvel exercice de style soulignant la nature du costume) présente lui aussi une très grande ouverture, qui fera la part belle à la cravate.
La coupe sans pince du pantalon est elle aussi dans l’air du temps, et s’accompagne ici de deux figures de style elles aussi typiquement tailleur : des tirettes côté dans la même peau que le dessous de col et des fentes de bas de jambes à pli creux entièrement piquées à la main et pourvues de mouches de finition. Est-il utile de le préciser, l’ouverture arrière en V est dotée d’une mouche brodée main : rien à dire. Sans parler du surfilage entièrement à la main et des fournitures intérieures en coton bleu et blanc… Une façon qui force l’admiration. Plus personne ne travaille comme cela aujourd’hui, et ce genre de détails fait si besoin en était la différence avec la production industrialisée – et avec les autres tailleurs.
Face à une qualité de réalisation aussi indiscutable, nos remarques ne peuvent concerner que le style, en l’occurrence ici les grandes ouvertures de la veste et du gilet. Les crans de la première sont très ouverts et installés assez haut, et sans aller jusqu’au cran Smalto nous les aurions vus pour notre part un rien plus bas, à la Huntsman. L’ouverture du gilet aurait quant à elle supporté d’être réduite de trois à quatre centimètres, l’option des grandes ouvertures conférant à la coupe un côté un peu old school.
Nous n’étonnerons personne en indiquant que nous observons ici un très, très beau costume, à la façon parfaite et certainement celui doté du plus bel intérieur de notre sélection. Du grand art, à la hauteur de la réputation de la maison, qui nous fait comprendre pourquoi certains clients viennent du bout du monde se faire faire leurs costumes rue Marbeuf.
L’avis de parisian gentleman :
Superbe costume de grande mesure mêlant avec harmonie montage de grande tradition, exceptionnel souci du détail et modernité de la ligne avec, notamment, des crans de revers positionnés assez haut. Epaule « maison » reconnaissable au premier coup d’œil, petite poitrine, finitions du gilet et de la veste semi-doublée très qualitatives, intérieur de col en daim, milanaise d’une pureté absolue. Pantalon aux finitions également irréprochables avec un V de confort maintenu par une mouche, des pattes de serrages en daim coordonnées avec l’intérieur du col et un bas de pantalon époustouflant (fente simulée avec mouche brodée).
Un costume très ouvert (trop pour certains ?), cependant très flatteur pour la silhouette et au rendu global très « viril ». Une sublime pièce tailleur à un tarif étonnamment placé (dans cette gamme de tarif évidemment). De la grande mesure d’exception.