Dandy N°55 en kiosques et sur tablettes
Nous ne saurions mieux dire. Exprimée par Gregor Thissen, PDG de Scabal, la phrase résume parfaitement l’évolution de notre époque et de notre spécialité.
Familières des maisons de luxe depuis plus d’un siècle, les clientèles de la vieille Europe connaissent le poids – et le prix – des valeurs et des traditions : ceux des savoir-faire et des efforts cachés derrière l’apparente simplicité. Toutes à leur fierté d’en bénéficier enfin, celles que le fil de l’Histoire n’a invitées à les découvrir que plus récemment, en ont d’abord préféré les expressions les plus voyantes.
La conjoncture conforte aujourd’hui les premières dans les convictions transmises par leur éducation, au moment où plusieurs études socio-comportementales indiquent par ailleurs que les acheteurs des nouveaux marchés du luxe sont aujourd’hui demandeurs de la culture particulière à cet univers, de ses savoir-faire et de son histoire.
Même si la démarche de ces derniers bénéficie de la profusion et de l’instantanéité de l’information moderne, on ne peut qu’apprécier le fait qu’il ne leur aura fallu que quelques années pour choisir d’apprendre à identifier le bon grain et l’ivraie, là où pareille intention nous a demandé plusieurs décennies.
Quoi qu’il en soit le résultat est là, général et indiscutable : partout dans le monde le luxe se conçoit de moins en moins de manière ostentatoire et vulgaire, et de plus en plus en termes de transmission de savoir-faire, de patrimoine et d’histoire. Il y a un terme pour désigner tout cela : culture. Ainsi donc le « nouveau luxe de notre époque » serait la culture du luxe. Ou plus précisément : la culture du vrai luxe. Nous aimons à y entendre les qualités et les défauts du travail manuel, la perpétuation des gestes séculaires, l’attention portée à l’intérieur autant qu’à l’apparence, à savoir voir derrière l’attrait des produits de luxe l’exigence qui prévaut à leur fabrication…
Les maisons qui les pratiquent depuis toujours ne peuvent que se féliciter de ce nouvel éclairage.
Celles dont l’image repose sur le faire-savoir plutôt que le savoir-faire risquent de ne pas apprécier le nouveau luxe de notre époque…
Nous resterons pour notre part fidèles à notre ligne éditoriale, énoncée dès notre premier numéro, « en nous attachant à traquer la qualité là où elle se trouve, qu’elle vienne de (grandes maisons) ou de petits artisans méconnus. (…) Là où hier une griffe de renom suffisait à convaincre, il faut aujourd’hui démontrer une vraie qualité. C’est cette évolution que Dandy a décidé d’accompagner. » Avouons que nous n’aurions jamais osé espérer, en énonçant cette profession de foi en 2003, qu’elle préfigurait le visage du luxe des années 2015 et suivantes.
Yves Denis – ydenis@dandy-mag.com