Nouvelles boutiques, nouveaux modèles, peausseries et finitions jamais vues : jamais Pierre Corthay n’a paru aussi actif. Il est vrai que la maison, recapitalisée en 2011, est passée à une autre dimension, et s’invite aujourd’hui dans la cour des grands.

C’est une petite maison à la marge des grands noms du luxe. A son origine Pierre et Christophe Corthay, maîtres bottiers, récemment promus au rang de Compagnons d’Art.Dix ans d’existence, une réputation d’excellence. Des créations mesure qui ont marqué le métier, et depuis une demi-douzaine d’années une ligne prête à porter fabriquée de façon artisanale dans une petite manufacture de la banlieue parisienne. En 2009 des difficultés liées à la crise économique, comme tout le monde. En 2011 l’arrivée d’un business angel venu du monde du luxe, un tour de table pour se rasséréner, une stratégie sérieuse mise en place. Désormais Corthay n’ambitionne plus de se voir distribuer dans les boutiques haut de gamme de province : son avenir, à l’instar de celui des grands groupes de luxe, passe par la mondialisation. A commencer par l’Asie, réputée connaisseuse et exigeante en matière de qualité vraie, où existe déjà un noyau de fidèles de la maison.

Deux ans plus tard le premier plan a fait son chemin. Et ses preuves. La maison a ouvert boutique à Londres, Hong Kong et Dubaï, trois places fortes du luxe planétaire. Ses produits y rencontrent des acheteurs décomplexés comme on n’en croise plus à Paris. Elle s’est faite remarquer avec le Corthay Excellence Run, événement mondain entraînant un plateau d’amateurs de belles choses sur les routes d’un rallye de voitures historiques visitant les meilleurs artisans entre Paris et Venise.

Mais durant ce temps, peu de nouveautés : tout juste l’apparition la première année d’une version vernie de l’Arca, modèle iconique de la ligne prêt-à-porter, puis la seconde de déclinaisons nettement plus spectaculaires en cuirs vernis de couleurs vives.

A la mesure, toujours Christophe, entouré d’autres compagnons. En première ligne, à la manufacture et ambassadeur à l’international : Pierre. A la création : les deux frères, professionnellement indissociables depuis vingt ans. Aux manettes Xavier de Royère, ancien cadre sup du groupe LVMH pour lequel il organisa l’ouverture du flagship des Champs Elysées avant de prendre la direction de Loewe, en charge de la stratégie et du développement. Une belle équipe.

Complétée par François Pourcher, un ancien de l’immobilier pour qui, plus que personne le fameux « location, location, location » est le nerf de la guerre. C’est lui qui est à la recherche des meilleures places dans les endroits les plus sensibles, lui gère les ouvertures de Londres et Hong Kong. Tout en se félicitant que « Partout dans le monde on nous propose ces meilleures emplacements parce que l’image de Corthay est reconnue et appréciée ». De fait, lorsque le très prestigieux Landmark ouvre ses portes à la maison française à Hong Kong, c’est en fonction de la qualité de ses produits, mais aussi en fonction de sa clientèle et de son marketing. Même processus dans le Shoe level district de Dubaï, où Corthay côtoie désormais les Berluti et autres ténors du luxe.

Venant après celui de la clientèle japonaise, celle des Chinois aujourd’hui consommateurs du luxe mondial est une fierté légitime pour l’équipe parisienne car cette clientèle a une notion de marque très forte et une culture de l’exception qui passe par l’appréciation de l’artisanat d’exception.

Il faut donc bien comprendre que, comme les grandes griffes internationales, les modèles développés par la maison de la rue Volney sont aujourd’hui destinés aux acheteurs asiatiques et du Moyen-Orient autant qu’européens. Une précision qui explique la nature des nouveautés présentées par ailleurs dans ce guide : vernis colorés et patinés, peau de chameau, passepoils fluo, twist des passepoils de couleur, patines novatrices… Rien que des créations réjouissantes pour l’amateur averti.