Cadillac CTS et ATS Coupé : noblesse américaine
Des années 30 jusqu’à nos jours en passant par la grande époque d’Hollywood, les Fleetwood d’Elvis Presley, la saga des Seville, la sculpturale Allante et le monumental 4×4 Escalade, Cadillac a toujours symbolisé le luxe automobile américain. Le lancement du coupé ATS nous fournit l’occasion de découvrir plus avant le charme très contemporain de la berline CTS.
Si la notoriété de la marque en Europe est indiscutable, ses performances commerciales y ont toujours été pénalisées par les dimensions XXL de ses modèles et leurs gros moteurs, sympathiques mais gourmands. Une situation qui n’a jamais contrarié l’Etat-major américain tant que son marché intérieur affichait une bonne santé insolente. Trois crises pétrolières et une crise économique majeure plus tard, la marque de Detroit a complètement renouvelé sa gamme en introduisant des modèles plus compacts. Avec succès, à en juger par les +22% et +67% affichés sur les marchés américain et chinois. En Europe les nouvelles générations de berlines, coupés et 4×4 blasonnés(1) peinent cependant à se faire une place aux côtés des marques premium du vieux continent, malgré les lancements successifs de la ligne compacte ATS et du petit crossover SRX, et fonde de nouveaux espoirs sur le nouveau coupé ATS, équipé d’un moteur 4 cylindres.
Nous n’avons jamais adhéré, à Dandy, à la calamiteuse tendance du downsizing mécanique aujourd’hui à la mode, qui nous vaut de trouver désormais des 4 cylindres sous des capots qui n’avaient jusque là accueilli que des architectures nobles (BMW 328 et 528, Jaguar XF 2.0 litres…), dans le meilleur des cas des 6 cylindres soufflés remplaçant des V8 atmosphériques (Audi S5…), alors que la technologie la plus moderne permet aux (bons) motoristes de réduire aujourd’hui les consommations des plus beaux moteurs dans des proportions incroyables il y a seulement quelques années (BMW 650, V8 double turbo, conso. mixte moyenne : 8,6 litres/100 km). Sans parler des perspectives ouvertes par l’hybridation électrique, encore embryonnaire. Apothéose de cette politique à la vue basse : la France qui a vu naître l’automobile ne propose plus un seul modèle (plus un seul !) doté ne serait-ce que d’un 6 cylindres – grandeur et décadence…
Aussi ne nous enthousiasmerons nous pas devant le 4 cylindres 2.0 litres turbo qui équipe le nouveau coupé Cadillac, même s’il délivre 276 ch. Pour le reste, le nouveau modèle apparaît bien plus élégant que feu le coupé CTS, tant par ses lignes extérieures, caractérisées par la nouvelle signature optique inaugurée avec la nouvelle berline CTS, tirée sur les ailes, et ses feux arrière verticaux affinés ; que par son habitacle, dont le tableau de bord, les sièges et les finitions ont visiblement été soignés, afin de tendre vers les standards germaniques. Le résultat est flatteur.
Moins cependant que l’intérieur de la nouvelle CTS, berline haut de gamme de la marque pour l’Europe, qui supporte pour sa part sans blêmir la comparaison avec les habitacles Audi, BMW, Mercedes ou Jaguar. L’harmonieuse association de cuir, d’alcantara, de bois précieux et d’aluminium brossé constitue une très heureuse surprise pour tous ceux qui connaissent les voitures américaines, de même que les finitions (surpiqûres contrastées sur le tableau de bord, la console et les contre-portes, ajustements soignés, jeux de couleurs…) et le dessin de la planche de bord. Face aux A6, Série 5 et autres XF solidement installées, la CTS a certes affaire à forte partie, mais leur oppose une personnalité différente, une grande rareté et un luxe intérieur bien réel, même selon les critères européens.
Reste la question du moteur. Ne nous attardons pas sur le « quatre pattes », qui n’a d’autre avantage que de permettre au constructeur de proposer une consommation mixte normalisée inférieure à 10 l./100 km (son tonus est quelconque et son bruit bien peu mélodieux), et retenons surtout la version ATS-V qui se prépare à inaugurer le premier V6 3.6 double turbo de la maison, développé sur la base de l’actuel 3.6 turbo 318 ch. Au programme injection directe, pistons alu et bielles renforcées pour 420 ch annoncés, passés au sol via une BVA 8 rapports. Tout en haut de la gamme, une explosive version V8 compressé forte de plus de 600 ch pourrait par la suite venir compléter la famille, et permettre à la CTS d’offrir une alternative typée aux S6, M5 et autres XFR, rivales mythiques dont elle se distinguera par des tarifs nettement plus sympathiques. Un point que personne ne peut se permettre de négliger, même parmi les acheteurs de voitures dans cette catégorie de prix, dès l’instant où l’achat envisagé présente l’image idoine, une ligne statutaire et un habitacle à la fois confortable et luxueux – quatre avantages que la Cadillac présente indiscutablement.
(1) Le logo Cadillac est constitué des armoiries de la famille française de La Mothe- Cadillac, dont l’un des représentants, Antoine (1658-1730), fut gouverneur de Louisiane et fonda la ville de Detroit. Les héraldistes sont partagés sur l’authenticité des armes, qu’Antoine de La Mothe Cadillac se serait attribuées en les empruntant à la famille d’Espardes de Lussan, sieurs de Lamothe, de noblesse supérieure à la sienne. Plusieurs fois modernisé dans le courant du XXème siècle, le logo se présente sous sa forme actuelle, beaucoup plus design que les précédentes, depuis 1998.