Berluti Paris, collection hiver 2019-2020
Absence de règles et de codes préétablis
Un regard indépendant sur le luxe entraîne la collection Berluti pour l’automne-hiver 2019. Confronté à l’absence d’archives historiques du prêt à porter, le directeur artistique Kris Van Assche aborde sa première collection pour la maison dans un esprit de liberté. L’absence de règles et de codes préétablis informe une garde-robe contemporaine enracinée dans le privilège du choix. Présenté dans les salles dorées de l’Opéra Garnier, où les arts classiques et expérimentaux sont mis en scène sous un même toit, il propose une attitude aventureuse face au luxe où le brut et le noble coexistent.
La collection sert de portrait à Berluti lui-même : la patine, la couleur caractéristique des chaussures en cuir classiques de la maison, est illuminée d’un nouvel éclairage. Captivé par les anciennes tables en marbre sur lesquelles les artisans teintent à la main la patine des chaussures de la manifattura de Berluti à Ferrare, Kris Van Assche dépeint sa collection sur les taches multi-colores des surfaces des marches. Une richesse de rouges, jaunes, bleus et verts saturent les vêtements de couleurs riches, il n’y en a pas deux pareils. Le marbre éclaboussé de teinture est ensuite interprété par l’impression sur des chemises en soie et des sacs en nylon structurés en cuir exotique.
Intégrée dans la couture, l’impression de patine est évoquée dans les costumes de veau et de jacquard, élargissant ainsi le noyau artisanal de Berluti à une identité plus large. La silhouette est définie, l’épaule affirmée mais jamais trop maîtrisée. Il ouvre la voie à une approche exubérante de l’habillement où la couture formelle se fait côte à côte avec des pantalons de style motocross. L’idée de rappeler un matériel par un autre se concrétise par un manteau de cuir violet teinté de patine, un manteau de mouton gris rappelant l’astrakan ou un pull tricoté de mille mètres de fils de cuir multicolores, qui se lit comme du fil.
Les chaussures patinées emblématiques de la maison, fabriquées à la main à partir d’une seule pièce de cuir – l’Alessandro, d’après son fondateur, et l’Andy, d’après Warhol – sont réimaginées avec des coiffes sculpturales rappelant le galbe du diamant. La structure amplifie l’éclat synonyme de la maison, une facette accentuée dans une autre nouvelle version de l’Alessandro ornée de plaques métalliques angulaires. La silhouette est transférée à un trainer blanc exécuté avec les mêmes principes artisanaux. Un clin d’œil à l’héritage de Berluti, des pendentifs en chausse-pieds et des porte-clés miniatures en embauchoir ornent la collection.
Berluti a été fondé à Paris en 1895 et a été construit par quatre générations de cordonniers. En 2005, la maroquinerie fine a été lancée et, en 2011, une collection complète de vêtements. Un service unique sur mesure de la tête aux pieds est désormais disponible dans les ateliers Berluti de la rue Marbeuf et de la rue de Sèvres. Berluti compte maintenant plus de 50 magasins dans le monde.