Au Beaumanoir de Biarritz
Par temps clair, depuis la côte des Basques il est facile en portant sa main en visière de distinguer les rivages espagnols se découper sur la mer. A droite, la grande plage de Biarritz surplombée par le majestueux Hôtel du Palais, voulu par l’impératrice Joséphine, fait rouler ses grosses vagues sous les planches des surfeurs. A pied, il faut longer le chemin côtier offert aux embruns jusqu’au rocher de la vierge, et face à l’écume faire un voeu à la patronne des marins dont les croix des naufragés s’érigent encore comme autant de signes de résistance. Suivre ensuite la mer jusqu’à la Villa Belza, bâtiment emblématique de la ville transformé dans les années folles en restaurant russe, cabaret et même auberge de campagne. En contrebas du château d’Illbaritz du Baron de l’Epée qui se découpe sur le ciel, la plage de sable blanc accueille le Blue Cargo, un club-bar-resto de plage branché esprit bord de mer. Retourner ensuite dans le centre, là où des villas pastel jouxtent des hôtels particuliers aux toits inégaux et aux colombages sang de boeuf. En arrivant à la hauteur de la Cité de l’Océan, construction audacieuse du new-yorkais Steven Holl, il faut prendre le temps de découvrir « la tête de Régina », du sculpteur Manolo Valdès, avant de gagner le quartier des halles pour déguster, le samedi matin, le jambon Iberico de Bellota, le fromage de brebis et l’onctueux gâteau basque. Les huitres arrosées de vin blanc des frères Nopal à l’Ecailler des halles aux poissons, et les tapas de l’ancienne droguerie Pujol appelée maintenant Comptoir du foie Gras, sont des délices. En passant, jeter un oeil à la pâtisserie-salon de thé Miremont fondée en 1872, fréquentée en son temps par les têtes couronnées, et dont les salles rococo s’ouvrent sur la grande plage de Biarritz. L’épicerie fine Arostéguy, une institution, n’est pas à négliger, et les macarons de la maison Adam, originaires de Saint-Jean de Luz, incontournables tant ils s’inscrivent dans le patrimoine gustatif basque. Avant de se diriger vers l’élégant quartier du parc d’hiver et de pénétrer dans le plus petit 5 étoiles de France, l’hôtel Beaumanoir, une visite dans la boutique du peintre Aski s’impose. Les clins d’oeil et les détournements d’oeuvres d’Andy Warhol à Hopper aux couleurs flashy des toiles aux accents basques valent largement le détour. Pour ceux qui arrivent par avion, c’est en Rolls que les clients du Beaumanoir sont conduits de l’aéroport à l’hôtel et découvrent ces anciennes écuries entourées d’un hectare de verdure, rachetées et magnifiquement restaurées par leur propriétaire Frédéric Hubert. Le domaine qui appartenait à la Marquise de Moratella était en piteux état. Deux ans après, le bâtiment est devenu une superbe maison à l’aspect anglo-normand, aux poutres blanches et au décor somptueux tant le mélange de styles reste sobre et raffiné. Dans le vaste salon au parquet Versailles flanqué d’une cheminée, se prélasser dans les canapés en feuilletant les livres et magazines exposés dans la bibliothèque, est une façon de se sentir chez soi, comme l’ont sans doute vécu les époux Chirac lors de leur séjour en juillet 2007. Déguster une coupe de Dom Pérignon parmi cinquante marques proposées dans le bar aux accents anglais, est un must comme l’est le petit-déjeuner servi dans la salle à manger véranda, sur une table longue de dix mètres. Dans les quatre chambres, les deux suites et les deux appartements qui composent ce Small Luxury Hôtel, l’esthétique aux fantaisies baroques allie le design au classique. L’ambiance moelleuse est due aux velours des fauteuils, aux moquettes épaisses, aux commodes en damiers qui soulignent l’aspect décalé et élégant du lieu, et à la sobriété marbrée des salles de bains. Sur les murs qui donnent accès à l’escalier bordé d’une rampe de fer forgé, du rouge, du doré et du blanc. L’hôtel s’ouvre sur le jardin tendance Miami, où un couloir de vingt-cinq mètres permet de longues brassées, et une jolie vigne plantée par le propriétaire. Côté cuisine, la carte du Beaumanoir offre un mélange de plats locaux, comme l’axoïa de veau, et des plats traditionnels à goûter sur le pouce, dans la véranda et jusque dans sa chambre. Une halte raffinée et précieuse en pays basque.
Le Beaumanoir : 10 av. de Tamamès- 64200 Biarritz.
Tél. : 0559248929.
Pour en savoir plus : www.lebeaumanoir.com
Photos : Barbara Ghéno.