Aston Martin Vanquish Volante : un monde à part
Lorsque l’on regarde le tout dernier cabriolet Aston Martin, on se demande pourquoi les autres marques auto ne semblent pas capables d’en faire d’aussi jolies. Lorsque l’on s’y installe, on se demande comment on peut se contenter d’un habitacle en plastique aux finitions médiocres. Lorsqu’on l’essaie, on se demande pourquoi un goût immodéré du nivellement par le bas le plus populiste amène la plupart des gouvernements à laisser des ayatollahs obscurantistes imposer des normes de vitesse anachroniques à des véhicules aujourd’hui aussi sûrs, tant en terme de sécurité active que passive. Enfin, lorsque vient le temps d’en rendre la clé (toujours en cristal), on se demande pourquoi la vie n’a pas fait de nous des millionnaires.
Car enfin, c’est vrai, quoi : qu’est-ce qui empêche n’importe quel constructeur de voitures grand public de concevoir une belle voiture ? En me gardant bien de jeter l’anathème sur une marque ou une autre, n’importe quel être humain non atteint de cécité trouvera la Vanquish – et quelques autres coupés et cabriolets, heureusement ! – plus jolie qu’un coupé Renault ou Toyota. On sait pourtant que l’esthétique d’une voiture tient une place majeure dans la décision d’acquisition. Nonobstant toutes les considérations techniques (moteur, boîte, équipement et finitions intérieures, tout le monde comprenant qu’un V12 ou un habitacle de Bentley coûtent plus cher qu’un 4 cylindres diesel et un intérieur de Dacia), le prix d’une carrosserie quelconque (pour ne pas carrément dire moche, pour beaucoup auxquelles on pense et que l’on ne nommera pas) est-il vraiment moindre que celui d’une sculpture roulante ? Imaginez une vie dans laquelle circuleraient plus de SL, de Boxster et autres GranCoupé, même estampillés de marques grand public, armés de moteurs économiques et dotés de finitions standard, que de Sandero, Octavia et consorts : notre quotidien serait tout de même plus sympa, non ?…
Fin de la parenthèse et retour à notre Vanquish Volante. On reste immanquablement scotché en la découvrant. Sous n’importe quelle angle qu’on la détaille, la voiture est tout simplement splendide. Avant, arrière, profil, trois quarts : ne cherchez pas, il n’y a pas un angle sous lequel elle ne préempte pas le regard et force l’admiration. Voilà pour le premier contact.
En s’installant à bord on découvre un habitacle déjà connu : celui de la Vanquish, au tableau de bord plus design que celui des modèles précédents et aux finitions irréprochables. Pas un morceau de plastique ne vient perturber le regard : partout du cuir (relevé de passepoils et surpiqûres contrastés), du métal brossé, du bois laqué. Cerise sur le gâteau : cette version découvrable, qui laissera admirer son habitacle plus facilement que le coupé, inaugure une palette de couleurs de cuirs plus étendue que jamais. On peut même dire infinie, puisqu’Aston peut habiller une voiture de n’importe quelle couleur réclamée par le client.
Parfaitement installé dans ce luxueux cocon, on enfonce le parallélépipède de cristal qui fait office de clé dans son logement, et l’on… entre dans un autre univers. On se damnerait pour la chanson du V12 6.0 litres qui s’éveille, aussi ne parlons même pas du récital qu’il donne en montant dans les tours…
Techniquement, cette Vanquish Volante offre une synthèse de ce que l’automobile peut offrir de mieux aujourd’hui : un moteur V12, une boîte auto ZF, un châssis monocoque en alu et une carrosserie en fibre de carbone. En terme d’efficacité pure, on reste certes à quelque distance d’une Ferrari 458 ou d’une Porsche 911 turbo, d’abord du fait d’un ensemble moteur-boîte moins bien adapté (la ZF Touchtronic 6 rapports marquant le pas par rapport à ce que le marché propose par ailleurs), ensuite d’une conception plus datée, Aston partant d’une base certes modernisée avec talent, mais déjà assez ancienne. Mais objectivement, qu’importe ? Car pour dire les choses clairement : hormis les quelques purs et durs qui n’hésitent pas à trouvera cette Vanquish Volante mieux qu’irrésistible : absolument enivrante. Aucun amateur normalement constitué ne résisterait au fabuleux son rauque, profond et métallique, que délivre son V12, pas plus qu’à l’ambiance unique qu’exhale son habitacle à la fois luxueux et contemporain. Considérées à l’aune des réglementations routières actuelles, ses performances sont d’un niveau stratosphérique, alors trois dixièmes de moins au 1000 DA et 295 km/h « seulement » au lieu des 300 ou 315 d’une concurrente… soyons sérieux. En revanche, en terme de style, de distinction et de charme, bref en séduction pure, cette Vanquish Volante apparait sans concurrence. Et n’avoue qu’un seul véritable défaut, hélas non négligeable : un tarif à la hauteur de son exclusivité.