Aston Martin Rapide S, vous avez dit berline ?
Difficile de voir une berline dans les lignes de l’Aston Martin Rapide. Cette sculpture roulante personnalise plus qu’aucune autre la très exclusive catégorie des coupés 4 portes. Nous l’avons essayée pour vous.
Plus fort encore que le GranCoupé BMW. La Rapide a une allure de coupé, des performances de coupé et l’image valorisante des coupés, mais elle aligne bel et bien quatre portes – et quatre places.
Dérivée de la DB9, la berline emprunte à cette dernière son V12 6.0 litres porté sous le capot de cette version S à 558 chevaux, la valeur de couple maxi restant inchangée à 620 Nm. Plus qu’assez faut-il le préciser pour garantir à la voiture des performances stratosphériques, avec un 0 à 100 tombé en 4,9 secondes et une vitesse maxi située à 306 km/h. Et n’escomptez pas expliquer au pandore qui vous aura pris dans ses jumelles radar que la voiture était littéralement collée par terre et offrait indiscutablement des conditions de sécurité active supérieures à celles d’une petite berline à 130 km/h. Du reste, si l’envolée du V12 est ensorcelante et procure un plaisir proche de la jouissance, la Rapide S s’apprécie également à des vitesses plus réglementaires.
Tout commence en s’approchant de la voiture, véritable sculpture roulante comme on l’a dit, époustouflante quel que soit l’angle sous lequel on l’admire. S’en approcher suffit à accélérer le rythme cardiaque de tout amateur normalement constitué.
La magie se poursuit en s’installant à bord, où l’on découvre l’environnement de la DB9. Mêmes sièges, même tableau de bord, mêmes finitions parfaites. Du cuir, du bois précieux et de l’alcantara, aucun plastique vulgaire pour troubler l’impression de perfection. Mais en plus ici, deux baquets arrière engoncés entre les portières et la volumineuse console centrale (elle aussi tout de cuir surpiqué vêtue). Pas le genre de place à laquelle un adulte de bonne taille aime à envisager un long parcours, mais deux places suffisantes pour des enfants ou pour des adultes en dépannage. A l’avant comme à l’arrière, l’impression de luxe cossu est flagrante.
Le conducteur, même de grand gabarit, trouve sans problème une excellente position de conduite. Signature Aston Martin oblige : la « clé » de contact a toujours l’apparence d’un bloc de cristal et les commandes du sélecteur de vitesses celle de touches situées sous les buses de ventilation.
Au démarrage le V12 – toujours assemblé à la main – émet les borborygmes caractéristiques des moteurs de haute lignée, qui évolueront en une symphonie au fur et à mesure qu’il prendra ses tours. La boîte de vitesses automatique à 6 rapports et simple embrayage constitue le maillon faible de la chaîne, moins rapide et moins douce, bref moins agréable, que les ZF8 de la concurrence. Ce qui n’empêche pas la voiture de dispenser un plaisir permanent à toutes les allures. Avec pour bémol des consommations qui restent décourageantes dès que l’on exploite un tant soit peu le V12 – et comment y résister ? Durant les quatre jours de notre essai cumulant ville, route et autoroute, nous n’avons pu faire moins de 18,1 litres/100 km. Au quotidien on regrette l’absence d’un affichage tête haute par ailleurs de plus en plus courant, bien qu’un tachymètre digital très visible la compense un peu. On apprécie en revanche sans réserve la qualité de la chaîne hifi Bang & Olufsen, d’une finesse et d’une puissance incroyables – une jam session de jazz ou un concerto dégustés dans cet environnement vous invitent dans un monde parallèle où tout n’est que raffinement et perfection. Un mot encore pour souligner la délicatesse de l’éclairage du tableau de bord, qui fait des voyages de nuit un enchantement et tout sera dit. Ou presque, puisqu’il nous faut bien toutefois évoquer le prix de la Belle, 191.361 euros, sans option mais comprenant le V12 de la Bête, une race de moteurs dont le prix du pétrole et les normes antipollution font hélas une espèce en voie d’extinction.