A propos des revers…
Vous avez été nombreux à nous interroger sur la taille des revers dans les années 20 après la publication de notre article consacré à Gatsby le Magnifique (dandy n° 44), dans lequel nous soulignions que les costumes de la version 1974 (avec Robert Redford dans le rôle-titre) étaient plus fidèles à la mode de l’époque que ceux de celle de 2012 (Leo di Caprio). Démonstration par l’exemple.
Large, pas large ?
On parle de revers larges à partir de 8 cm, de revers moyens entre 5,5 et 8 cm et de revers étroits en dessous de 5,5 cm. Très larges dans le bon sens du terme dans les années 20 et 30 ils furent caricaturaux dans les années 70 en adoptant la même largeur. Très étroits dans les années 60, où le style Kennedy parvint à minorer cette erreur de proportions, et dans les années 2000, où l’absence d’icône de l’élégance ne parvint pas à sauver la mode de cette touche disharmonieuse.
Notons que, pour la même raison d’harmonie générale de la silhouette, la largeur de la cravate doit être égale à celle des revers : à revers étroits cravate ficelle, à revers larges cravates épanouies. Comme d’habitude, l’homme discret optera pour une position intermédiaire, entre les cols très larges des dandys assumés et ceux très étroits des fashion addicts. Sept à huit centimètres constituent une moyenne convenable.
1 – Gatsby version ’74 : revers très larges sur les costumes créés par Ralph Lauren.
DANDY D’OR pour les costumes.
2 – Douglas Fairbanks Jr., un exemple incontesté en matière d’élégance, en 1928.
DANDY D’OR de la version originale
3 – Gatsby version 2012 : revers beaucoup trop étroits. Sans tomber dans les excès des revers actuels, qui ne ressemblent plus à rien, ceux des costumes masculins ne sont pas fidèles à la réalité de l’époque. Luhrmann aurait du confier les costumes de DiCaprio et Maguire à un costumier professionnel plutôt qu’à Brooks Brothers ! Notons que les actrices sont pour leur part habillées, sans faute, par Miuccia Prada.
ERREUR DE STYLE
4 – The Artist : dans le rôle de l’acteur Georges Valentin, Jean Dujardin habillé par le costumier Mark Bridges, apparaît souvent en frac. Mais les tenues « de ville » sont tout aussi fidèles à la mode des années 20 : revers larges, crans en pointes, padding d’épaules très marqué, cravates de 6…
DANDY D’OR pour les costumes
5 – Le millionnaire Anthony Drexel Biddle (1897-1961), dandy américain des années 20, sortant d’un court de tennis. Il a passé sur sa tenue d’entraînement une veste croisée et chaussé des Spectator shoes.
DANDY D’OR catégorie Sport
6 – L’Amant : dans le rôle de l’amant de Marguerite Duras, Tony Leung personnifie parfaitement l’élégance raffinée des années 20 aux Colonies. La costumière est Yvonne Sassinot de Nesle, à qui on doit également les (irréprochables) costumes d’Un amour de Swann. On note le gilet droit 7 boutons à très petite ouverture, le pantalon très large pinces à la française et la veste aux épaules très paddées (bien) mais aux revers un peu timides (moins bien).
DANDY D’ARGENT pour les costumes
7 – Anna Mouglalis et Mads Mikkelsen dans Coco Chanel et Igor Stravinsky. La scène se passe au début des années 20. On note le gilet droit à très petite ouverture, la chemise à col anglais et la veste droite, à petite ouverture également (sans faute) mais aux revers timides. Un excellent tailleur aurait également relevé autant que possible les épaules tombantes de l’acteur danois : les cigarettes d’épaules sont parfaites mais la silhouette en cintre dévalorisante.
DANDY D’ARGENT pour les costumes
8 – Générique doré sur tranche pour Le dernier nabab, en 1976, film d’Elia Kazan adapté de F.S. Fitzgerald sur un scénario d’Harold Pinter. En charge des costumes, Anna Hill Johnstone et Anthea Sylbert réussissent une belle reconstitution historique. Comparez les coupes des vestes de Robert De Niro et de Tom Hiddleston dans Minuit à Paris. ..
DANDY D’OR pour les costumes
9 – Le couple Fitzgerald dans les années 20, dans Minuit à Paris. Le costumier du film a excellé sur les tenues féminines autant qu’en habillant Dali, Toulouse Lautrec et, dans le registre sport, Hemingway. Démonstration par l’exemple avec Fitzgerald, portant ici une veste dotée de ce qui étaient les petits revers de l’époque, caractérisés par leur cran tombant et très ouvert. On note aussi les épaules parfaites et le gilet croisé à revers, et de fait à grande ouverture.
DANDY D’OR pour les costumes
10 – Parcours sans faute pour Colleen Atwood pour les costumes de Chicago : revers, crans et épaules de veste, col de chemise, taille de la cravate. Et cette maîtrise de l’histoire du costume, pour les acteurs autant que pour les actrices, se retrouve dans tout le film. Respect.
DANDY D’OR pour les costumes