Depuis 500 ans, le château de Chambord se dresse fièrement au milieu de son parc, dont les toitures féériques surplombent la cime d’arbres centenaires. Véritable palais pour François Ier pensé par Léonard de Vinci, l’édifice n’a gardé de l’époque de sa création que des plafonds sculptés au deuxième étage ; une image très lointaine de l’aspect des lieux au XVIe siècle.

Lorsqu’on visite Chambord, on est d’abord émerveillé par cette impressionnante façade blanche qui nous éblouit, ses quatre tours massives qui s’envolent avec des toitures fines, mêlant l’emblématique pierre de tuffeau et l’ardoise. Tout visiteur est alors impatient de rentrer, découvrir le faste intérieur qu’une telle demeure royale peut réserver. Or, lorsqu’on rentre dans le château, le visiteur être frappé par l’extrême dépouillement des lieux, un rez-de-chaussée vide, meublé par son seul escalier à double révolution. S’il existe dans les étages des pièces meublées, elles sont postérieures à la Renaissance, comme les appartements du Maréchal de Saxe. Mais ces intérieurs sont beaucoup plus récents, remontant aux XVIIe et XVIIIe siècle, donnant plutôt l’impression d’être à Versailles que dans un palais de la Renaissance.

Grâce à la détermination de Jean d’Haussonville, directeur du domaine de Chambord et de ses équipes, mais également, grâce au travail du décorateur et scénographe Jacques Garcia, et de généreux mécènes, Chambord retrouve peu à peu son aspect Renaissance.

Les décors de la Cour itinérante : Chambord poursuit sa renaissance.

Les grands murs blancs de Chambord sont des pages vierges pour notre imagination, guidée par les conférenciers qui essaient de nous faire imaginer ce à quoi les intérieurs ressemblaient sous François Ier. Cette fois-ci, c’est Jacques Garcia qui est aux commandes, accompagné de conservateurs et d’historiens, il nous offre la possibilité de voir par nous même le château comme son commanditaire l’a connu, avec un souci du détail appuyé. Les recherches historiques ont permis de restituer l’atmosphère du château, 500 ans après avoir été livré. Pour cet anniversaire, il s’agit de replacer François Ier au centre du lieu. C’est également l’occasion unique pour le visiteur d’être perçu comme l’hôte du monarque à la Renaissance. Tout est fait dans les moindres détails pour nous plonger dans un saut à travers les siècles : revêtements de paille tressée qui recouvrent les murs. Cette paille qui recouvre entièrement la pierre, compose le principal élément d’isolation à la Renaissance, discrètes elles sont recouvertes par les tentures de la société Pierre Frey, légèrement vieillies selon un procédé unique. Pour rajouter à cette atmosphère, des feux de cheminée réchauffent la visite.

Ce retour aux origines est le fruit d’un savant équilibre entre le plein et le vide. Ainsi, il n’est pas de la volonté du domaine de recouvrir entièrement le château, mais bien des pièces essentielles qui permettent de nous replonger à la Renaissance. L’entrée et les pièces indissociables de François Ier font l’objet de ces restaurations, notamment l’entrée et ses appartements. Le reste du château conserve ses intérieurs blancs ainsi que les décors sculptés du deuxième étage. Si la volonté est de remettre François Ier au cœur du château, les équipes du site ne veulent pas effacer les traces des différentes époques qui ont marqué le monument. De plus, la cour de François Ier n’a pas été a seule à y séjourner. Louis XIV, avant de s’établir définitivement à Versailles a fait plusieurs séjours à Chambord. C’est d’ailleurs ici qu’a eu lieu la première représentation du Bourgeois Gentilhomme de Molière. En souvenir, le théâtre a été réinstallé. Il donne l’exemple des différentes installations temporaires qui étaient dressées lors du passage des souverains.

Au delà de la réfection de ces pièces, le château de Chambord est en pleine renaissance. En 2017 les jardins à la française du château ont été restaurés. En 2019, pour les 500 ans, le château offre une programmation chargée avec 9 projets d’animations et d’activité du site, comme des expositions, des festivals électros et classiques, de nouveaux aménagements tels que ceux des jardins potagers ou encore d’un chai pour la vigne. D’autres projets sont en cours ou viennent d’aboutir, comme la réouverture du luxueux Relais de Chambord en mars dernier.