Porsche 911 Turbo et GT3 : le mythe continue d’écrire l’histoire
A cinquante ans passés, la Porsche 911 a toujours une extraordinaire vitalité et continue de séduire les passionnés de sportives. Avec la sortie en France de sa toute dernière version, baptisée 991, on pouvait craindre, avec notamment l’arrivée d’une console centrale, que cette voiture mythique perde son âme et son caractère résolument sportif. Fort heureusement, il n’en est rien et l’essai routier des derniers modèles de Stuggart démontre les extraordinaires efficacité et vitalité de la gamme 911.
Après avoir décliné la nouvelle Carrera dans toutes ses versions, Porsche vient de sortir les Targa, Turbo et GT3, que nous avons pu essayer dans les meilleures conditions. Chacun de ces modèles est doté d’une version évoluée de la boîte de vitesses double embrayage PDK, que Porsche propose pour le plus grand plaisir de ses clients sur les 911 depuis 2008 (997 phase 2) et qui est époustouflante d’efficacité. Les rapports passent en une fraction de seconde et rétrogradent façon talon-pointe, avec un petit coup de gaz pour le plaisir des oreilles.
Turbo et Turbo S : le must
Il convient en préambule de préciser que les Turbo 2014, qu’il s’agisse de la version standard ou de la plus méchante S, sont les 911 de série les plus puissantes jamais proposées puisqu’elles développent respectivement 520 et 560 chevaux. De prime abord, rien ne distingue la Turbo d’une 911 classique si ce n’est son aileron arrière assez sobre, les ouïes sur les côtés (qui permettent l’alimentation en air des turbocompresseurs) et le fait qu’elle soit un peu plus large et plus basse. Pour les amateurs, toute la différence réside dans ces détails qui n’apparaissent qu’aux yeux des connaisseurs.
L’intérieur ne diffère pas beaucoup de celui des autres 911 mais, là encore, quelques détails exclusifs distillent une atmosphère qui trahit le caractère exceptionnel de la voiture. Ce qui ne manque pas de surprendre les habitués du moteur atmosphérique, c’est le caractère silencieux et particulièrement « paisible » du moteur. Ici l’échappement est discret et il ne saurait être question, compte tenu de la présence des turbos, d’une ligne plus sonore, avec ouverture de valves comme il en existe en option sur d’autres modèles à moteur atmosphérique. Compte tenu du relatif silence du moteur et de l’échappement, l’accélération paraît d’autant plus surréaliste. Peu de voitures de série, y compris celles issues des grandes marques italiennes, proposent des « coups de pied » aussi invraisemblables. De 3.500 à 7.500 tours, la sensation de fulgurance est absolument extraordinaire : les amateurs de sensations fortes ont la garantie absolue de ne pas être déçus. En revanche, on aurait presque l’impression que le châssis, dont il ne saurait être question ici de remettre en cause les qualités, semble un peu léger au regard des performances du moteur. L›intérêt majeur de cette voiture est son extraordinaire polyvalence car elle peut être utilisée d’une manière quotidienne y compris en ville, mais également sur circuit.
911 GT3 : l’arme absolue
Avec la GT3 version 991, sortie en France à la fin de l’année 2013, Porsche a certainement créé la sportive de série la plus efficace du marché. En terme d’efficacité pure, la nouvelle GT3 surclasse indiscutablement toutes ses concurrentes italiennes et allemandes. C’est ainsi que sur la boucle Nord du célèbre Nurburgring elle s’est montrée plus efficace que les Ferrari, Lamborghini, Audi, AMG et autres Mc Laren, alors qu’elle est nettement moins puissance, et également moins chère.
Comment expliquer une telle réussite ? En premier lieu, la nouvelle GT3 s’inscrit dans le prolongement de ses devancières qui étaient d’excellentes voitures de sport. En second lieu Porsche a su la faire évoluer en améliorant considérablement les performances du moteur flat six alu grâce notamment à l’injection directe et des bielles en titane particulièrement légères et résistantes, la boîte de vitesses PDK dernier cri évoquée plus haut, et le comportement, avec des roues arrière directrices (un dispositif électromécanique monté sur chacune des roues arrière permet d’en ajuster l’angle de direction, de sorte qu’à faible vitesse le système oriente les roues dans la direction opposée à celle des roues avant, ce qui réduit le rayon de braquage, tandis qu’à haute vitesse le système oriente les roues arrière dans la même direction que les roues avant, de sorte que la stabilité et l’agilité de la voiture sont considérablement améliorées).
Cette 991 GT3 bénéficie aussi d’une plage d’utilisation plus importante que les précédentes. Elle n’est certes pas destinée à être utilisée de manière quotidienne, mais en position automatique la boîte permet de passer les rapports à très bas régime et sans heurt, de sorte qu’une utilisation en ville est loin d’être désagréable – ce qui n’était pas forcément le cas des versions précédentes.
Bien que radicalement sportif, l’habitacle reste assez cossu, l’option Clubsport donnant à la voiture une ambiance course avec des sièges baquets assortis d’une coque carbone du meilleur effet et un arceau de sécurité arrière. Dans notre difficile sacerdoce nous avons eu l’occasion de piloter toutes les sportives de série proposées sur le marché, et nous devons à l’honnêteté de confesser que la GT3 2014 sort du lot. La vitesse de passage en courbe, le grip mécanique, le freinage et le bruit du moteur entendu depuis l’habitacle, procurent un plaisir de pilotage jamais rencontré sur une voiture de série. J’en veux pour preuve de m’être rendu, juste après l’essai presse, chez Porsche Distribution pour faire immédiatement l’acquisition de cette auto hors du commun. Rappelons pour conclure que 65% des 911 commercialisées depuis 1963 roulent encore : une longévité qui force l’admiration et laisse augurer un très bel avenir pour les nouvelles Targa, Turbo et GT3.