Chantilly célèbre l’art de vivre à la française
Nés dans la France des années 20, les concours d’élégance associent le style et l’élégance de deux industries également caractérisées par une forte charge émotionnelle et passionnelle : l’automobile et la mode. Longtemps spécifiquement hexagonales, ces manifestations ont migré vers des terres d’asile plus propices à leur esprit en Italie (Villa d’Este), en Angleterre (Goodwood) et aux Etats-Unis (Pebble Beach). Aussi est-ce avec un bonheur chargé de reconnaissance que nous avons découvert « Chantilly, Art & Elégance » organisé par Peter Auto, à qui on doit déjà des événements aussi forts que Le Manc Classic ou le Tour Auto.
Pour ressusciter cette heureuse tradition, l’organisateur a choisi le cadre luxueux du Chateau de Chantilly, reconstruit au XIXème siècle pour Henri d’Orléans, fils du roi Louis-Philippe, qui y réunit toutes ses collections (plus de 800 pièces, qui en font le second musée de peintures anciennes en France après celui du Louvre) pour créer le Musée Condé avant de faire don de celui-ci à l’Institut de France, et de son domaine. Un écrin aussi élégant que prestigieux pour ressusciter les concours élégance d’autrefois.
Un dimanche à la campagne
Patrick Peter aurait pu se contenter d’organiser un événement moderne célébrant le luxe et l’automobile, il a choisi de recréer un vrai concours d’élégance à l’ancienne, comparable à ceux qui réunissaient le beau monde des années 20 et 30. Comme ceux-ci, celui de Chantilly mettait en scène la rencontre de constructeurs et carrossiers automobiles et de créateurs de haute couture et en faisait une allégorie.
Pour que la fête soit complète, Chantilly Arts & Elégance proposait également un concours réservé aux voitures de clubs et une variété de pôles d’attraction partageant avec les concours le dénominateur commun de l’élégance et du raffinement. Au programme des animations nautiques sur les pièces d’eau, du dériveur aux bateaux télécommandés, les arts de la table, la gastronomie, la haute couture, la bijouterie et la joaillerie, mais aussi la culture avec la visite en avant-première de l’exposition Fra Angelico et l’itinéraire des statues exposées dans le parc. Sans oublier les promenades dans le domaine, à pied, à cheval ou en voiture.
Les voitures présentées n’étaient plus des Delahaye, des Duesenberg ou des Isotta Fraschini mais des Porsche, Peugeot et autres Maserati, mais chaque automobile était toujours associée à une maison de couture, et les grands clubs d’automobiles exposaient plus de cinq cents voitures de collection dans les jardins dessinés par Le Nôtre.
Comme il se devait autrefois à Bagatelle, Deauville, Biarritz ou Monte Carlo, les visiteurs de Chantilly avaient pour nombre d’entre eux adopté un dress code de circonstance, et admirer ces silhouettes vêtues de costumes d’été, de robes légères, de canotiers et de voilettes, participait de la qualité du moment. Comme un instantané volé au temps qui passe, un arrêt sur image dans un film d’Ivory ou de Visconti. Que du bonheur.
Patrick Peter ambitionnait de créer un rendez-vous mondain, convivial et familial. A Chantilly le 7 septembre dernier il a fait beaucoup mieux que cela : il a gratifié tous ceux qui ne se résignent pas à la médiocrité de l’époque d’un événement majeur dans la lignée des grands rendez-vous d’élégance automobile d’hier et de la sainte trinité d’aujourd’hui formée par les concours de Villa d’Este, Pebble Beach et Goodwood, références incontournables auxquelles il ajoute la célébration de l’Art de Vivre à la Française incarné par le luxe, la mode et la gastronomie. Qu’il en soit ici sincèrement félicité, et remercié.
Photos : Fotorissima.net.