BMW X6 M – Démonstration de force
Avec près de 250.000 exemplaires vendus, l’atypique BMW X6 a constitué l’une de ces heureuses surprises que la réaction du public peut réserver, et défriché un nouvelle voie sur le fleuve pas si tranquille de l’histoire de l’automobile. C’était en 2008. Pas évident pourtant, sur le papier, d’additionner les caractéristiques de genres très différents : SUV bien sûr, en premier lieu, mais aussi berline pour ce qui est du luxe, du confort et des qualités routières (mais ça, quelques autres s’y étaient déjà essayés), et enfin é pour la ligne (et là, on était dans le radicalement nouveau). Un sacré cocktail, qui a permis à BMW de proposer le 4×4 le plus atypique du marché. Car qu’est-ce que le X6 ? La déclinaison du X5, valeur étalon du petit monde du SUV, en version é, moins familiale et plus exclusive. Pas de surprise donc à ce que la nouvelle génération du X5, lancée il y a quelques mois, donne aujourd’hui naissance à sa déclinaison coupé.
Comme son aîné il s’agit d’un coupé 5 portes reprenant sur sa moitié avant la physionomie du X5 et arborant une moitié arrière originale, caractérisée par un pavillon fuyant, des portes arrière aux surfaces vitrées réduites, un hayon très incliné et des optiques arrière spécifiques.
Comme son aîné il se distingue du X5 par une habitabilité à quatre places. Plus qu’un détail : comme sur son aîné, les ingénieurs de BMW ont remplacé le regrettable taud flexible au caractère utilitaire par une véritable plage arrière rigide nettement plus cossue – et assurant une meilleure isolation acoustique avec le coffre.
Comme son aîné, le nouvel X6 reprend à son compte les lignes générales du X5, plus tendues sur la génération 2014 que sur la précédente, et celles ci marquent plus fortement la personnalité du X6 que celle du X5. Les rondeurs bonhommes de la version précédente ont cédé la place à un dessin plus sec qui suggère plus l’efficience que l’élégance. Un point de vue il est vrai purement subjectif.
Point de vue objectif : comme sur son aîné, la partie avant de l’habitacle du nouvel X6 est identique à celle du X5 dont il dérive : tableau de bord, sièges et contre-portes (seule la console est légèrement différente). Et c’est tant mieux quand on sait à quel point BMW a poussé avec celui-ci le bouchon très loin en terme de présentation, le nouvel X5 n’ayant plus rien à envier, sur ce point, aux berlines de luxe. Volumes modernes, espace généreux, matériaux nobles aux finitions et ajustements parfaits (à condition de recourir à l’option cuir étendu, qui habille aussi la planche de bord et les contre-portes) : le luxe et le confort participent de l’impression de bien-être immédiat.
Comme son aîné enfin, le nouvel X6 est lancé sur le marché avec les motorisations les plus élevées (V8 essence et 6 cylindres triple turbo diesel) précédant de très peu les armements plus courants : 6 cylindres 3.0 litres essence et diesel.
Et si le V8 450 ch nous tentait inévitablement plus que le 6 cylindres diesel triple turbo 381 ch, c’est pourtant ce dernier que nous avons choisi d’essayer, la version V8 ne pouvant prétendre dans l’Hexagone, compte tenu des 8000 € de malus de la fiscalité française, qu’à une carrière extrêmement confidentielle alors que grâce aux trésors d’imagination déployés par les motoristes BMW, le 6 triturbo de la version M 50d n’est malussé « que » de 2000 €, au même titre que toutes les autres versions 3.0 diesel. Il est vrai que ses performances relèvent de l’exploit : 381 ch, 740 Nm de couple maxi (à 2000 trs) et seulement 10,6 l. de consommation moyenne et 177 gr de CO2 d’émissions (à se demander pourquoi on a tant consommé et tant pollué pendant des décennies !).
Au volant le X6 est un plaisir. Hormis la signature caractéristique du diesel au démarrage, que l’on désespère de voir jamais aucun constructeur réussir à supprimer, le 3.0 litres triple turbo reste, avec le V8 Audi, le diesel le plus convaincant pour les dieselophobes. A défaut de fonctionner dans le silence de cathédrale du V8 essence double turbo, le six diesel du M 50d délivre une musique qui tient plus du six essence que du poêle à mazout. Parfaitement secondé par l’excellente boîte auto 8 rapports ZF, il offre au X6 des accélérations de ballerine.