Les 130 ans de la Mère Poulard
Cette 8ème merveille du monde, ce monument historique inscrit en 1862 puis classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979 est un vaisseau de granit de 7 ha à la proue duquel se dresse une représentation de l’archange St Michel couvert d’or. Il culmine à la pointe de la flèche de l’abbatiale à 160 m au-dessus du niveau de la mer. On se croirait dans une peinture d’Arnold Böcklin ou un conte d’Andersen. C’est d’une beauté absolument époustouflante, irréelle.
Cette petite commune de 36 Montois est située dans le département de la Manche en Normandie, et fait partie des étapes incontournables de tourisme culturel et de loisir, où il faut grimper pour avoir le plus beau point de vue sur la baie. Quant au territoire du village, il s’étend sur 4 km2. Jusqu’au XIXème siècle, l’exploitation du sel est à son apogée. La construction de polders par les hollandais à cette époque là se révèle fructueuse pour les habitants qui cultivent leurs propres légumes et fruits et deviennent ainsi autonomes car ils sont aussi bien des commerçants que des pêcheurs.
L’abbaye célèbre cette année ses 1.300 années d’histoire. Sa construction s’est étendue du Xème au XVIème siècle. Ses fortifications ont vu le jour durant la guerre de 100 ans pour repousser les Anglais loin de Tomblaine. Au XVème, le pont levis est construit. Jusqu’au XIXème, des prisonniers s’entassaient ici. Napoléon III décida l’arrêt de cette activité et entreprit l’édification d’une digue route. A pied, à cheval ou en charrettes, on peut se rendre à nouveau à l’église abbatiale. Très endommagé, le monument sera restauré par un élève de Viollet-le-Duc, Edouard Corroyer. Annette Boutiaut n’est autre que sa femme de chambre arrivée tout droit de sa Bourgogne natale. C’est ainsi qu’elle découvre la mer et le mont St Michel et son mari, le fils du boulanger, Victor Poulard. Elle ne se lassera jamais de son nouveau cadre de vie qu’elle ne quittera que le jour de sa mort en 1931.
Nous fêtons aujourd’hui les 130 ans de la Mère Poulard. Son omelette soufflée est réputée depuis 1888 dans le monde entier. Que ce soit à NYC ou à Tokyo, on connaît ce mets made in France. Des œufs et de la crème fraîche battus en neige avec un long fouet dans une bassine en cuivre dans l’âtre de la cheminée. Un secret bien gardé. Aujourd’hui, Eric Vannier, PDG du groupe Mère Poulard et ancien maire, règne presque sans partage sur cet héritage.
Il a su optimiser son potentiel et le résultat est bluffant. A ce jour, le groupe Mère Poulard possède 6 hôtels et 8 restaurants. L’agroalimentaire est également présent avec ses biscuits porte-bonheur qu’affectionnent beaucoup les enfants.
Du départ de l’Hostellerie de la Tête d’Or à celui d’Hôtel du Lion d’Or rebaptisé en 1888 « A l’Omelette Renommée de la Mère Poulard », les affaires marchent bien. En plus de son plat signature, elle propose un gigot de prés-salés qui fait le bonheur de ses admirateurs. Et ils sont nombreux. De Clémenceau à Monet, Trotsky à Hemingway, que du beau monde. Tous les présidents de la Vème République sont venus en pèlerinage chez la Mère Poulard. Que ce soit le général de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, sans compter les dirigeants étrangers comme Théodore Roosevelt et Winston Churchill, Zhou Enlai et Edouard VII. Une reconnaissance mondiale.
A l’entrée du village, l’hôtel « la Mère Poulard » un 3 étoiles labellisé Châteaux et Hôtels Collection, offre une vue panoramique sur le site. Avec ses 27 chambres qui seront toutes rénovées cette année vous aurez le meilleur compromis pour visiter le mont. Le restaurant, rustique à souhait, ne vous décevra pas avec en entrée : crémeux de cabillaud aux herbes fraîches, crabe et crevettes épicées, saumon mariné tradition ; en plat : omelette tradition la Mère Poulard au saumon fumé ; en dessert : omelette tradition la Mère Poulard aux pommes, flambé calvados. Le chef, Alain Grespier, a fait ses classes au Normandy Barrière de Deauville. Né à St Lô, il est heureux sur ses terres normandes. La devise de la Maison Poulard est devenue sienne : »omelette tu mangeras président tu seras ».
Le caractère maritime du mont St Michel lui permet de retrouver sa beauté naturelle et sauvage et sa grâce insulaire. Un joyau unique dans son écrin de sable et d’eau dans toute sa majesté. Le drapeau normand : de gueules à 2 léopards d’or, monte la garde à l’entrée de la baie. De nombreux sites à visiter dont l’Archéoscope raconte l’histoire de l’abbaye – le musée de la mer et de l’écologie – le logis Tiphaine, demeure du chevalier Bertrand du Guesclin connétable de France et de son épouse Tiphaine de Raguenel, célèbre astrologue du Moyen Age. Une anecdote du passé vaut bien le détour : le 8 mai 1532, Jean le Veneur, abbé du mont St Michel, présente Jacques Cartier, navigateur malouin à François 1er. A cette occasion, le roi le charge de reconnaître les rives du Canada. Un signe historique. Faire briller de nos jours le mont St Michel partout dans le monde est un autre enjeu. L’ouverture de restaurants à Séoul, Tokyo, Yokohama ou Nagoya y participent. « Au sommet les plus hauts par les chemins les plus étroits ».
Comment s’y rendre :
TGV Paris gare Montparnasse jusqu’à Rennes (2 h 5) puis 1 h de voiture
Réservations :
Tél : 02 33 89 68 68 ou par mail : reception@merepoulard.com
Par Lili QUINT